Ouvrons l’hôpital ! Pour une analyse renouvelée de la situation de l’hôpital public
La grève engagée le 18 mars dernier par un collectif de soignant.e.s de cinq services d’urgences des hôpitaux parisiens à la suite d’une série d’agressions a connu une croissance quasi continue depuis huit mois, pour compter aujourd’hui près de 270 services mobilisés partout en France. Nombreux sont les acteurs – soignant.e.s, syndicaux, politiques, universitaires –, qui la considèrent déjà comme l’une des plus importantes mobilisations de l’histoire de l’hôpital public.
Alors que l’été constitue généralement une épreuve pour tout mouvement social, la grève des urgences ne s’est pas estompée. Bien au contraire, elle s’est même étendue depuis septembre à d’autres services hospitaliers. Après un « Plan de refondation des urgences » début septembre qui n’a pas convaincu les soignant.e.s mobilisé.e.s, le vote du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) la semaine dernière, entérine à nouveau la baisse des moyens alloués à l’hôpital public.
Le décalage reste béant entre les revendications des soignant.e.s (inchangées depuis le début du mouvement qui consistent à demander plus de lits, plus de personnel et une revalorisation salariale) et les mesures prises par les pouvoirs publics. Le 14 novembre doit à cet égard constituer le nouveau temps fort d’une mobilisation nationale dont l’extension de la grève à tous les services hospitaliers demeure l’enjeu principal.
On constate une sur-représentation des violences extraordinaires dont les médecins seraient la principale cible et une invisibilisation de la violence dont les personnels paramédicaux font l’objet.
Mais reprenons au début. La grève a été présentée par les médias et la ministre de la Santé comme partant à l’origine d’une « agression de trop », rejetant la responsabilité sur les patients « incivilisés », « impatients », et reléguant au second plan, voire balayant d’un revers de manche, la question de fond des conditions de travail. Cette grille de lecture appelle deux remarques.
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