L’entreprise comme objet politique
L’épuisement des ressources de la planète, la montée des inégalités, les crises financières mettent le capitalisme à l’épreuve de façon inédite. Nul ne paraît y échapper. La campagne électorale démocrate aux États-Unis qui, en ce moment même, place l’égalité et le green deal en son cœur ; les 8000 salariés d’Amazon qui en appellent à leurs actionnaires et enjoignent l’entreprise de Jeff Bezos à se conformer aux impératifs climatiques ; les impressionnantes marches pour le climat d’une jeunesse qui demande à ce qu’on n’hypothèque plus son avenir ; et même le très libéral Financial Times titrant le 16 septembre 2019 « Capitalism. Time for a Reset » (« capitalisme, l’heure d’une remise à zéro ») : le sentiment d’une contestation inédite du capitalisme est saisissant.
Un risque existe qu’elle soit instrumentalisée. Des notes de Larry Fink, le patron du plus grand fonds de gestion d’actifs financiers mondial, affirmant que « Pour prospérer au fil du temps, toute entreprise doit non seulement produire des résultats financiers, mais aussi montrer comment elle apporte une contribution positive à la société ». Aux critiques du Président Macron sur le « capitalisme fou », nombreux sont ceux qui, surfant sur cette grande vague, s’emploient de fait à la transformer en écume.
Que le faux nez de l’indignation écologique et sociale ne fasse plus illusion est une chose, que la critique inspire un renouveau de l’action politique en est une autre. Nous sommes tous appelés à transformer l’alerte en perspective nouvelle pour notre économie. Autrement dit, reprendre le projet qui fut historiquement depuis Sismondi et Saint-Simon, celui du socialisme. À coup sûr les problèmes ne sont plus les mêmes – tant la question sociale est désormais intriquée dans les enjeux de l’écologie et de la globalisation – mais la méthode demeure : la grande fatigue du capitalisme nous appelle au double mouvement d’une recherche exigeante et d’actions authentiquement réformatrices.
Cette perspective nous inv