Grandeur et vicissitudes de la pandémie
Difficile de ne pas observer par ces temps incertains que quelque chose a changé dans l’atmosphère politique dans laquelle nous évoluons. Pour certains, en pire ; pour d’autres, en mieux. Pour les premiers, elle est devenue nauséabonde, infestée par la défiance vis-à-vis des gouvernants, le mépris de la science ou l’individualisme de ceux et celles qui refusent d’appliquer les règles collectives dictées par l’évidence sanitaire.
Et il est vrai qu’il y a tout lieu d’être écœuré par les images de ces milices armées et haineuses occupant les marches du Parlement du Michigan puis en y pénétrant pour quelques instants ; ou de ce rassemblement de protestataires alignés à distance réglementaire pour réclamer le retour à la liberté à Stuttgart ; ou de ces foules qui se pressent sans masques et en s’embrassant pour soutenir la dénonciation, par Bolsonaro, des mesures de confinement décidées dans des régions et des villes dévastées par la Covid-19 ; ou de ces poses délibérément provocatrices de Trump pour contrevenir aux recommandations qu’il a lui-même ordonnées. Ou par l’ostracisme et la malveillance que des personnes d’origine chinoise ou certains personnels soignants ont dû endurer.
Mais ces rodomontades et ces vilénies ne sont qu’une infime partie des réactions que la situation de pandémie a suscitées. Car, pour l’essentiel, l’attitude que les populations des pays pris dans la contamination ont adoptée a été d’une tout autre nature.
Dans leur énorme majorité, et parfois à la surprise des observateurs, ces populations ont immédiatement admis la nécessité de se mettre à distance des voies de la propagation du virus ; se sont obligeamment pliées à la dure loi de la réclusion volontaire et aux « gestes barrière » ; et ont assez spontanément manifesté leur sens de la solidarité en apportant un soutien joyeux à ceux et celles qui ont travaillé sans relâche (et souvent sans protections) pour soigner et veiller les malades, approvisionner et entretenir leurs semblabl