Manifestations au Sénégal : une désobéissance créatrice ?
Longue est la liste des femmes et des hommes qui se dressèrent naguère pour défendre la dignité des peuples d’Afrique piétinés par un mépris séculaire et ce depuis les traites esclavagistes, arabes et européennes, au prix souvent de leur vie. Si la postérité a certes retenu certains noms, maints ont sombré toutefois dans l’abîme de l’anonymat. C’est à cette légion mixte bardée de courage, voire même de témérité, que je pense au seuil de ce texte, car c’est sur leur mémoire insigne que mes mots vont prendre appui. Il en faut de la témérité pour refuser de courber l’échine plus longtemps et cesser un beau jour d’obtempérer aux injonctions pressantes de l’iniquité.
De fait, ramper n’est guère le propre du Bipède à cerveau volumineux. Puisque, selon une charte africaine du réel, il est la véritable fin de la création marchant dorénavant sur ses propres jambes. Dans cette perspective, c’est un être libre dont le premier devoir est de s’élever de l’état brut où il est procréé à une véritable condition d’homme/de femme ayant part à l’intellect du monde d’en haut, lequel est une totalité lumineuse. Et ce grâce au sacrifice qui lui permet de rompre l’enchaînement déterminé des causes et des effets.
La clique des Remplaçants
Nous avons octroyé l’Indépendance à ceux qui n’en voulaient pas : ainsi s’exprime sans détour et au crépuscule de ses jours alors rendu Pierre Messmer [1], homme-lige des visées en Afrique du général de Gaulle. S’agissant en l’occurrence des PAZF [Pays africains de la zone franc, ndlr], cet édifiant aveu vaut à postériori son pesant de conséquences sur la suite de l’imposture historique ainsi orchestrée. Il jette sur six décennies une lumière aveuglante. Comme quoi, le gaullisme tenait aux confettis de l’Empire et ne voulait pas du tout lâcher prise, après le retentissant « Non ! » de la Guinée au référendum du 28 septembre 1958.
Le grand Charles du 18 juin 1940 et les siens n’entendaient pas souffrir un camouflet supplémentaire et torpillèrent