Santé

Covid et vaccination : au-delà des sciences et croyances, la réalité des faits

Neurochirurgien

Le nombre de patients vaccinés en réanimation ne relève ni d’un savoir scientifique, ni d’une conviction : il est, simplement, un fait. Et à partir des faits, toute personne peut tenter d’approcher au plus près cette réalité et de prendre une décision éclairée.

Lors de ma contre-visite vendredi dernier, je m’arrêtais un instant pour discuter avec les infirmières de la salle d’hospitalisation. Je m’enquérais de leur position quant à la vaccination contre le coronavirus. Je fus tout de même un peu surpris de découvrir qu’aucune des quatre présentes n’avait souhaité être vaccinée.

Pourtant, trois d’entre elles approchaient de l’âge de la retraite, si bien que le bénéfice individuel ne faisait aucun doute, et à plus forte raison pour l’une d’elles, qui présentait des facteurs de risques prédisposant aux formes graves de Covid.

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Pourtant, lors de la première vague, la plus jeune avait contracté la maladie au cours de sa mobilisation dans le service des urgences. Elle n’avait pas récupéré de son anosmie-agueusie, et elle témoignait à quel point il était pénible de vivre avec cette séquelle.

J’engageais la discussion plus avant, afin d’essayer de comprendre. Elles avançaient l’argumentaire habituel des milieux complotistes, argumentaire que je connaissais d’autant mieux que j’avais eu un débat similaire la semaine précédente avec le père d’une jeune patiente vue en consultation. Bien plus que sur des raisonnements, le discours s’articulait essentiellement sur des questions :
« Pourquoi le vaccin a-t-il pu être développé en quelques mois seulement ? »
« Pourquoi n’a-t-on pas accès à sa composition ? »
« Pourquoi voit-on des gens qui tombent malade juste après avoir été vaccinés ? »

Je m’appliquai alors à faire preuve de pédagogie pour leur transmettre ce que j’avais pu comprendre de mon côté, à partir de mes connaissances acquises lors de mes lointaines études de médecine et de mes lectures récentes de la littérature scientifique et journalistique.

On me répondit que ces données étaient peut-être fausses, que certaines choses auraient pu être cachées.

J’expliquai que le vaccin avait été mis au point très vite car le « logiciel » du virus était très simple et que les chercheurs avaient, au cours des vingt dernières années,


Emmanuel Mandonnet

Neurochirurgien, Professeur de neurochirurgie et praticien hospitalier