La dramaturgie « populiste » et ses impasses
Le « populisme » continue de hanter les commentaires politiques, la plupart du temps comme un terme péjoratif disqualifiant celui à qui on l’impute. Des travaux récents[1] engagent à distinguer le populisme, concept de la théorie politique, du « populisme », catégorie de la médiarchie[2].
Le premier est un concept de la politique de la seconde modernité, formé à partir des expériences historiques reconnues par la communauté scientifique ou auto-qualifiées de populistes : il désigne des mouvements démocratiques, interclassistes, proches du courant socialiste, qui imputent la crise sociale, dans laquelle ils voient le jour, à un déficit de démocratie, et prônent l’avènement d’une démocratie effective, contre la dépossession du pouvoir du peuple par ceux qui sont censés le représenter. Historiquement, le populisme ne peut être que de gauche, inutile de le préciser.

La seconde acception procède de la médiarchie qui met en scène des manières de la politique, contribuant ainsi non pas à la compréhension d’une situation concrète, mais à sa configuration : à la différence d’une analyse théorique qui cherche à rendre compte objectivement d’un état des choses, elle vise à orienter les esprits, donc les affects, dans une direction déterminée.
Il y a solution de continuité de l’un à l’autre, mais certains thèmes du premier peuvent, malgré tout, passer dans la seconde. Les hypothèses que je formule ici ne concernent que le « populisme » dans sa version de gauche : dans la sphère médiarchique le « populisme » peut être capté par un ethno-nationalisme qui prétend parler « au nom du peuple ».
Populisme et nationalisme
Comment rendre raison de cette catégorie dans la conjoncture qui peut expliquer son usage pour nommer une stratégie politique ?
Le « populisme », mais c’est vrai aussi du nationalisme, se déploie sur fond de deux éléments qui se conjuguent.
D’une part, le sentiment d’un affaiblissement de la puissance nationale qui peut être éprouvé sur le mode d’une blessur