Déconstruire en architecture
Au sens conceptuel le plus strict, l’économie circulaire assure un cycle sans fin de ressources réutilisables. Dans le secteur de la construction, ce concept s’articule souvent autour de la métaphore de la mine urbaine, qui envisage la ville comme une accumulation de matériaux précieux et d’éléments réutilisables, exploitable à la manière d’un gisement ou d’une ressource géologique.

Au sein de notre activité à Rotor et Rotor DC, nous sommes quotidiennement impliqués avec de multiples acteurs de la filière du réemploi. Ce texte vise à démystifier la métaphore de l’urban mining, la mine urbaine, en examinant un ensemble de situations concrètes et en décrivant le cadre dans lequel le réemploi est actuellement pratiqué, puisque les deux principaux éléments de ce concept quelque peu romancé – la ville et la mine – doivent être envisagés de façon plus nuancée, de façon à pouvoir offrir une compréhension claire de l’économie circulaire.
Une brève histoire du réemploi dans la construction
Tout d’abord, les caractéristiques d’une mine urbaine diffèrent considérablement de celles des mines dans l’acception plus conventionnelle du terme. Contrairement aux réserves de matières premières géologiques, qui se trouvent concentrées par type de matériaux dans des zones circonscrites, la mine urbaine est par nature hétérogène et, jusqu’à présent, imprévisible, étant constituée d’une grande variété de matériaux différents présents en petites quantités à différents endroits. Les différentes catégories de matériaux de construction sont souvent très dispersées et, dans de nombreux cas, sont même possédées par différents types d’acteurs privés, ce qui rend l’exploitation d’une mine urbaine très différente de l’exploitation d’une mine géologique[1].
Il s’agit là d’une différence notable. En effet, le contexte économique actuel favorise largement l’exploitation minière ordinaire, avec de forts investissements permettant des rendements encore plus importants. L’exploitation minière