Politique

Les primaires sont-elles compatibles avec la culture sociale et écologique ?

Ingénieur agronome

Alors que la primaire populaire vient de se conclure par le choix d’une candidate de plus, il convient d’interroger la cohérence de cette démarche avec les valeurs sociales et écologiques, ouvertement plébiscitées par les porteurs de cette initiative. En continuant de se focaliser sur la sélection d’une personnalité et d’affaiblir in fine les partis, ce format apparaît comme une impasse. Pourquoi ne pas, plutôt, renouer avec la gauche plurielle en s’inspirant des shadow cabinets britanniques ?

Primaire chez les écologistes, appel à la primaire commune par Anne Hidalgo, primaire populaire qui introduit une nouvelle candidate aux allures de femme providentielle, qui va réussir par son nom à résoudre des clivages bien réels par un en-même-tempisme de bon aloi… En plein désarroi face à un morcellement politiquement létal dans le cadre des institutions de la Ve République, une partie de la mouvance sociale et écologique se tourne vers la primaire pour tenter de créer l’union politique indispensable pour exister lors des élections présidentielles et des législatives qui vont suivre.

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À l’appui de ce tropisme pour les primaires sont souvent évoqués les succès transatlantiques des campagnes de Barack Obama, Joe Biden ou la percée de Bernie Sanders, presque jamais la réussite de François Hollande en 2011-2012. Ce silence même devrait d’ailleurs faire réfléchir. On peut s’interroger sur la pertinence de telles comparaisons compte tenu de la grande différence de systèmes politiques entre les États-Unis et la France, mais ce débat aussi important soit-il est avant tout un débat technique qui ne doit pas masquer une interrogation plus fondamentale : l’aporie politique et morale d’une démarche qui consiste à abonder dans ce que l’on pourrait appeler un bonapartisme de gauche, dont je pense qu’il ne peut amener que trahison et désillusion. Et si le principe même d’une primaire n’était pas antinomique par construction avec les valeurs nécessaires à l’émergence d’une société plus sociale et plus écologique fondée sur la cohabitation ?

Une culture politique sociale et écologique ?

Il n’est pas très original de faire référence au concept d’hégémonie culturelle développé par le penseur italien Antonio Gramsci (1891-1937). Selon cette perspective, il est impossible de faire triompher politiquement une cause tant que l’on n’est pas parvenu à imposer ses valeurs dans la société. Dans la pensée de Gramsci, le communisme authentique ne pouvait advenir tant que la classe


[1] Votation du 09 juin 2013 « Élection du Conseil fédéral par le peuple »

[2] Tocqueville A., De la démocratie en Amérique, Flammarion, 1981, tome I, p. 159

Matthieu Calame

Ingénieur agronome, Directeur de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme.

Mots-clés

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Notes

[1] Votation du 09 juin 2013 « Élection du Conseil fédéral par le peuple »

[2] Tocqueville A., De la démocratie en Amérique, Flammarion, 1981, tome I, p. 159