Écologie

« Au feu les pompiers ! » ou la société du spectacle écologique

Juriste

« Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs » : c’est par ces mots qu’il y a juste vingt ans le président Jacques Chirac ouvrait son discours au Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg. Des mots qui résonnent beaucoup plus fort aujourd’hui, au sortir d’un été caniculaire marqué par nombre de mégafeux. Une relecture minutieuse du message de 2002 fait sauter à la face comme une impuissance globale d’ordres juridiques et politiques qui ne parviennent visiblement pas à éteindre l’incendie en cours d’emballement.

« Au feu, les pompiers
V’là la maison qui brûle
Au feu, les pompiers
V’là la maison brûlée.
C’est pas moi, qui l’ai brûlée
C’est la cantinière
C’est pas moi, qui l’ai brûlée
C’est le cantinier… »
Comptine… pour adultes (extrait)

 

« Le soleil, ni la mort, ne se peuvent regarder fixement »
La Rochefoucault, Maximes, 1665

 

Comment pouvons-nous encore dormir tandis que nos lits brûlent ? C’est visiblement la chanson Beds are burning, du groupe de rock australien Midnight Oil[1], qui inspira Jean-Paul Deléage, à qui l’on doit la très marquante phrase sur laquelle s’ouvrit, il y a précisément vingt ans aujourd’hui, le discours prononcé par le président Jacques Chirac lors du Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg[2]. Réélu de fraîche date, le président français semblait avoir alors été convaincu de l’urgence et de la gravité de la situation écologique. Ses discours de campagne, teintés de vert, l’avaient conduit à mettre en place la « Commission Coppens ». Elle accouchera d’une Charte de l’environnement qui rejoindra, après bien des atermoiements, le bloc de constitutionnalité français le 1er mars 2005.

publicité

La lecture (ou l’écoute) du discours, vingt ans après, est édifiante. Il n’est pas seulement question d’écologie (et plus restrictivement encore de climat) dans une acception étroite, comme pourrait le laisser entendre une interprétation trop rapide de son titre. Le texte évoque de manière inclusive les « ressources naturelles », la diversité dans ses dimensions biologique et culturelle. La responsabilité collective de l’humanité, pays riches en tête, est mise en exergue, en lien étroit avec la nécessité d’éradiquer la pauvreté. Bien conscient, du fait de sa position institutionnelle notamment, des limites du droit international, Jacques Chirac se prend à rêver d’une Alliance mondiale pour le développement durable, dont le but serait d’être engagé simultanément sur cinq grands chantiers : le changement climatique, l’éradication de la pauvreté, la diversité au sens large, les modes de production et de consommation, ainsi qu’une « gouvernance mondiale pour humaniser et maîtriser la mondialisation ».

Or, 20 ans après, au risque de s’abandonner à quelques généralisations hâtives et sans assommer les lectrices et lecteurs par des données chiffrées, que peut-on constater en ce qui concerne le climat, la biodiversité et les ressources naturelles ? Pour ce qui est du réchauffement climatique, les données sont biaisées car nous subissons encore aujourd’hui les conséquences d’émissions qui datent en partie d’avant 2002 et parce qu’une certaine inertie de la présence des gaz à effet de serre dans l’atmosphère invite à la nuance. Pour autant, la trajectoire est, depuis Johannesburg, très inquiétante, ce qu’attestent les rapports successifs du GIEC. Le premier volet de son 6e rapport, intitulé « Climate change 2021 » (9 août 2021), est à cet égard éloquent[3].

En ce qui concerne la biodiversité, il n’est qu’à lire le Rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques de 2019 pour comprendre qu’en dépit des nuances et des variations régionales et locales, et bien que les auteurs du rapport ne semblent pas « baisser les bras », les évolutions perceptibles et qui, pour certaines, s’accélèrent laissent penser que l’aggravation des facteurs anthropiques pesant sur la biodiversité conduisent pour l’heure à un bilan peu encourageant[4]. S’agissant des ressources naturelles enfin et, pour le formuler autrement, du « jour du dépassement » au niveau global, celui-ci était calculé au 19 septembre en 2002 et au… 28 juillet en cette année 2022.

S’il importe, dans une approche scientifique encore parfois tâtonnante, de prendre en considération diverses variations naturelles (en matière de climat et de biodiversité notamment), la place des activités humaines dans ces évolutions ne fait désormais, et bien que différemment selon les thèmes, aucun doute. L’été qui s’achève fut bien trop chaud, en particulier en Europe, pour qu’on ne soit pas tenté de rebondir sur la dimension écologique du discours du président (même si, en réalité, toutes à certains égards le sont). Contentons-nous, plus précisément encore, d’un bref commentaire, à la lumière du texte intégral, de la phrase inaugurale demeurée célèbre et qui sonne étrangement à nos oreilles alors que vient l’automne : « Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs ».

Notre maison…

Ce qui apparaît de plus en plus clairement, c’est que la Terre est une maison et sans doute la seule maison possible. L’étymologie nous renseigne d’ailleurs : elle est une demeure, ce lieu où l’on reste (comme semble l’indiquer le latin manere). Ce qui signifie que toute alternative est chimérique – adorateurs de l’outre-atmosphère, passez votre chemin ! – et que c’est bien « ici », maintenant (et après ?) et entre nous que cela se passe[5]. Nous y sommes à certains égards… confinés[6]. Cependant, les différentes pièces qui composent la maison communiquent entre elles et font à certains égards système.

Si la thématique de la maison n’est pas vraiment neuve, les réflexions récentes sur le droit à une « planète habitable » et sur les « limites planétaires » attestent la montée en puissance d’une forme de « conscience planétaire »[7], riche de nombreuses suppositions et implications notamment scientifiques et éthiques. Ce lieu unique est de surcroît « notre » maison. On remarquera que Jacques Chirac, dont le style est évidemment empreint d’une certaine emphase et d’une forme de moralisation collective caractéristique des relations internationales lorsqu’il est question d’écologie, nous interpellent aujourd’hui plus encore qu’hier.

À pas moins de seize reprises dans le texte, les sujets et responsables visés sont indiqués par le pronom « nous ». Qu’il puisse exister une disjonction entre la totalité des habitants et les fauteurs de trouble n’aura échappé à personne. La responsabilité est certes collective, mais les mises en garde, à l’époque, visaient par anticipation les pays « en voie de développement », bien que le président français ne soit pas tendre avec le mode de développement des pays « riches »[8]. Il reste que cette maison est la « nôtre », dans une approche qui, de plus en plus clairement, inclut, au-delà de l’humanité toute entière (les peuples d’à-côté et les générations futures étaient en effet centraux dans la définition originelle du développement durable), le vivant non humain.

La thématique de la personnification de la nature et du vivant et du substrat du vivant en tant que sujet de droit a en effet agité de façon croissante les milieux juridiques dans les vingt dernières années. Cette idée d’une maison commune, qu’on retrouve par exemple dans l’encyclique Laudato Si du pape François[9], fait d’une importante manière vaciller les certitudes structurant les horizons politiques traditionnels. Par-delà les clivages bien connus sur l’échiquier allant des libéraux aux marxistes, il existerait donc une communauté objective, une appartenance commune. Ce qui semble « vaporeux » et manquer de rigueur dans cette inclusion « pâteuse » d’un « nous » abstrait laisse cependant entrevoir qu’une réflexion sur la responsabilité ne pourra que très difficilement s’extraire d’une articulation indispensable entre les modes d’action individuel et collectif, entre les manières d’agir nationale, régionale et internationale. Le renvoi « dos-à-dos » et les stratégies d’évitement seront de moins en moins tenables, même s’il est fondamental de penser en profondeur les « échelles de responsabilité » en vue de réactions et de réalisations concrètes.

La maison qui brûle…

Et il ne semble pas inutile de rappeler aux juristes que le droit comme écosystème reflète à certains égards cette donnée « objective » d’un seul monde pour tous. Une maison unique, donc, qui comme un navire (en viendra-t-on quelque jour à parler d’une galère ?) emporte ses passagers. Un lieu qu’une démographie galopante et des technologies de l’expansion font désormais ressembler à une cour d’école, peut-être un bac à sable où les chamailleries se termineraient en guerres. Dans cet espace limité, fini, fragile, en commun partage, les dégradations qualitatives et les amenuisements quantitatifs se conjuguent et contribuent à rendre le monde à certains égards moins disponible.

Comme un flux accéléré, la « physique des droits », dans un milieu fermé où les cellules toujours plus nombreuses se dilatent, se traduit par la multiplication mathématique des situations conflictuelles, des frictions et frottements, les droits entre individus et des individus produisant, ce qui est assez typique d’un grand moment hobbesien, un certain échauffement avec grands risques d’étincelles. Telle est l’une des lectures possibles de l’ère anthropocène, où l’anthropisation finit par engendrer l’entropie : la croyance (c’en est visiblement une) en la disponibilité absolue et permanente des choses du monde finit par rendre celui-ci indisponible, par le rétrécir et l’involuer, à le refermer sur lui et sur nous-mêmes[10].

L’empreinte, qui devait tracer un chemin, obscurcit la route, contribuant ainsi à rendre les lieux impraticables. Moins les besoins sont collectivement définis, plus l’extraction est grande et la ponction des ressources massive. Notre espace habitable se contracte, le soleil, allié fondamental du vivant, se meut presque en ennemi, et les pièces où il pouvait faire bon vivre menacent d’être toujours moins nombreuses… Il convient donc ici de comprendre « brûler » dans une acception large : voyants au rouge, multiplication et intensification de catastrophes de moins en moins… naturelles. Il s’agit d’un état de surchauffe qui a quelque chose à voir avec l’extraction, l’exploitation, la modification, du fait d’activités humaines toujours plus nombreuses et rapides (légitimées par des habilitations parfois implicites) et pourtant très inégalement menées, des conditions physico-chimiques caractérisant un état d’équilibre et de stabilité.

La réflexion conduite par les juristes (spécialistes présumés d’un pan des normes éthiques) ne peut ainsi plus faire l’économie d’un message sur le « devoir être » et sur ce qui serait nécessaire pour une maison vivable, vivante et pacifiée, rendue possible par le droit et rendant ce dernier pensable. Ce qui peut inquiéter aujourd’hui, c’est que la relecture du message de 2002 vingt ans après fait sauter à la face comme une impuissance globale d’ordres juridiques et politiques qui ne parviennent visiblement pas à éteindre l’incendie en cours d’emballement. On ne saurait pourtant dire que le diagnostic est mal posé. Les scientifiques font visiblement leur part et alertent toujours plus précisément. 

De l’art de regarder ailleurs

Pourtant, lorsque les données scientifiques pénètrent dans les champs politique et médiatique, on ressent comme un effet d’évaporation, comme si le message s’affadissait, s’édulcorait[11]. On perçoit pour commencer une confusion quasi permanente entre différentes problématiques certes intimement liées (puisque tout fait système) mais qu’on évite de nommer rigoureusement. La campagne présidentielle, si faible en matière d’écologie, fut ainsi, au printemps dernier, le théâtre de simplifications et de réductions récurrentes, la plupart des candidates et candidats confondant allègrement (ou ne prenant pas la peine de distinguer pour mieux les relier) pollution, climat, énergie, biodiversité, écologie… sècheresse et canicule…

Certes, la question climatique est centrale à sa façon, tant ses manifestations peuvent être spectaculaires. Les variations régionales des modélisations du GIEC aidant, l’Europe apparaît d’ailleurs, spectaculairement cette année, comme de moins en moins épargnée[12]. La question de la « neutralité carbone » ne règle cependant rien, ou peu de choses… Mettre en avant l’adaptation au et même la lutte contre le réchauffement climatique, dans le cadre de politiques essentiellement nationales, c’est oublier un peu vite que l’espace-temps des problèmes liés au climat ne peut être appréhendé que collectivement et internationalement. La France pourrait bien respecter ses engagements dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015, les émissions françaises de GES, y compris indirectes, pèsent peu dans l’ensemble mondial[13], et voilà donc qui changerait peu de choses à la situation climatique dans l’hexagone et même outre-mer.

Le climat, cet arbre qui cache la forêt[14] et occupe tant les sphères politique et médiatique, doit ainsi être remis à sa juste place et être avant tout considéré comme un symptôme. Il est d’une très considérable importance certes, mais il n’embrasse qu’un aspect de ce qu’un questionnement authentiquement écologique devrait inclure. S’alarmer comme le fit Jacques Chirac du fait que notre maison « brûle », c’était d’ailleurs pointer un état d’esprit particulier aux effets généraux ; c’était préparer le terrain d’une réflexion très approfondie et lucide sur la manière d’occuper le monde et de vivre collectivement dans une seule et même maison. En cela, la mise en exergue des enjeux climatiques est trompeuse et permet trop souvent de faire d’une transition bien davantage énergétique qu’écologique une façon de ne pas analyser le problème dans son ensemble.

Car la « neutralité carbone », planter un milliard d’arbres, ou la transition énergétique, en soi, ne règlent rien. Ou plus précisément ne solutionnent pas tout, sur le terrain de l’équité, d’une transition juste au sud comme au nord, entre les catégories sociales, dans le cadre d’un modèle humainement universalisable : et certainement pas cette question naïve et pourtant substantielle, toujours mise sur la touche : dans une maison commune, de quoi a-t-on besoin au juste pour vivre bien et ensemble, séparés, individués mais juxtaposés ? Un nombre incalculable d’occurrences révélatrices d’un système nous invite à penser que pour l’essentiel, la discursivité politique, telle qu’elle est appropriée et articulée par les acteurs traditionnels, nous plonge profondément dans la société du spectacle écologique, pour plagier le fameux titre du livre de Guy Debord[15].

La construction psychique d’une partie de l’humanité (mais le phénomène semble aspirer à la généralisation et vouloir se répandre) met véritablement celle-ci en dehors de la maison ou, pour le dire autrement, place cette dernière « à part » de l’humanité, à travers la tentation démiurgique de fabrique du monde. Les tentatives scientifiques, philosophiques, anthropologiques, visant à réinscrire l’espèce humaine à l’intérieur de cette maison, comme un élément parmi d’autres, sont profondément contrariées par les technologies de la séparation. Alors, l’œil de Musk ou l’œil de Moscou ? Les technologies sous emprise capitalistique nous précipitent du côté de cette fausse extériorité : en réalité, nous regardons non seulement ailleurs, mais depuis un ailleurs qui déjà n’est plus nous, depuis un surplomb qui justifie des formules diverses et (a)variées, qui prouvent si besoin était comme une impossibilité à penser notre inclusion.

Il ne s’agit pas seulement de ces annonces météo sur des chaînes de télévision ou de radio publiques, qui privilégient les stations balnéaires ou les stations de ski, à grand renfort d’un vocabulaire qui fait encore, au cœur d’une sècheresse très profonde, d’un épisode pluvieux une « perturbation » dans l’attente de « belles éclaircies » ou d’un épisode neigeux. Ce phénomène est également à l’œuvre à travers les slogans d’une économie de la charité qui s’étend désormais jusqu’à la planète elle-même, alors que nous en dépendons totalement : « un geste pour la planète », « un effort pour l’environnement ». Cette formidable incompréhension, qui devrait être aujourd’hui une préoccupation majeure des politiques publiques, est alimentée par elles, qui n’hésitent pas à faire leurs, quand elles ne les promeuvent pas, des oxymores comme « énergies propres » ou « carburant vert ».

Comme si les transitions technologiques nous permettaient de raser gratis et de faire l’économie de la limite d’un monde dans lequel notre propre finitude et la conscience que nous en aurions devraient être considérées comme des signes humbles et profonds de notre humanité. Combien de siècles ont été nécessaires pour que, de divertissement[16] en distraction, et de distraction en diversion, nous soyons aujourd’hui façonnés au point de ne plus sentir que de la Terre, nous inter-dépendons comme l’ensemble des êtres vivants ? Homo transformator n’a-t-il pas tendu la main à homo ludens[17] et fait en sorte qu’à l’intérieur même de cette maison en manque de règlement et de hiérarchie, les buts et autres passes décisives de l’être vivant (et rapide !) Kylian Mbappé occupent davantage l’espace médiatique que la sous-nutrition d’une partie de l’humanité ou l’extinction des espèces ?[18]

Les récents propos d’Emmanuel Macron, à son tour chef de l’État français, tenus à l’ouverture du Conseil des ministres du 24 août dernier, sur « la fin de l’abondance », démontrent à leur tour, si besoin était et au-delà de la polémique qu’ils ont pu alimenter, à quel point la parole des représentants politiques est enlisée dans des effets de conjoncture et peine à prendre en charge et à rendre compte avec lucidité de ce qui fondamentalement nous arrive. Certes, le discours de Jacques Chirac, en 2002, fut prononcé dans le contexte d’un sommet qui, on le sait, a ses règles diplomatiques et stylistiques propres. Il évoque en effet tour à tour ce que « nous refusons d’admettre », notre « indifférence », comme une incapacité à interpréter ou même à voir les pourtant nombreux « signaux d’alerte ». Mais que s’est-il donc passé, ces vingt dernières années, depuis qu’à Johannesburg cet autre président nous implorait « d’ouvrir les yeux » ?

L’écocratie ou rien : la tentation d’une maison froide

Politiser, à travers l’outil juridique, l’écologie, revient en quelque sorte à se demander collectivement non pas seulement comment vivre mais avant tout dans quel genre de demeure, copropriété ou colocation, nous voulons habiter. La tentation d’une maison plus froide encore que tous les monstres froids est à nos portes. En réalité, nous y avons déjà cédé, si nous considérons, dans une fuite en avant aveugle, que les technologies (qu’on parle de bio- ; agro- ; géo-, etc. ingénierie) sont l’unique, tout au moins le principal et peut-être l’ultime remède à ce à quoi nous devons faire face[19].

Voudrait-on, comme antidote au réchauffement en cours, l’absolue froideur d’une maison intégralement « managée », mécaniste et causale, sous drones, satellites et vidéo-surveillance ? N’aurait-on plus le choix qu’entre l’œil de Musk ou l’œil de Moscou ? S’adapter à ce qui est déjà abîmé est indispensable, mais lutter contre ce qui pourrait advenir ne l’est pas moins. Car il faut bien un règlement intérieur, dans la Maison commune. Il faudra bien finir par se la poser, la question de ce qu’on a le droit d’y faire, dans le respect de celles et ceux de la pièce d’à côté, et de ce qui est commun, du sous-sol au grenier.

Maintenant que nous savons qu’il faut agir, reste à déterminer qui sera légitime pour autoriser et interdire, comment, à travers quels arbitrages si l’on veut éviter du sang sur les murs. Sait-on jamais, l’interdit comme geste civilisationnel pourrait bien nous faire découvrir, dans la maison, l’existence de lucarnes ouvrant sur une nouvelle magie du dehors. L’écocratie serait alors un cadre juridique et social, un substrat métapolitique où l’on conserverait et rendrait encore possible comme une part de rêverie, d’imprévu sans précautions, de subreptice, de poésie[20]. Un monde dans lequel l’illusoire souveraine puissance et domination de quelques-uns céderait la place à l’égal accès au mystère de la vie, à la possibilité même d’une résidence heureuse et juste.


[1] Groupe dont le leader et chanteur, Peter Garrett, deviendra d’ailleurs ministre de l’environnement du Gouvernement Kevin Rudd en 2007.

[2] Pour une vidéo intégrale de ce discours, voir par exemple : . Le texte de ce discours est disponible sur https://www.lejdd.fr/Politique/notre-maison-brule-et-nous-regardons-ailleurs-lintegralite-du-discours-de-jacques-chirac-en-2002-3921858

[3] https://eco-act.com/fr/accord-de-paris/alerte-rouge-du-giec-decryptage/

[4] Rapport de l’Ipbes 2019 (7e session), , notamment pp. 27-32.

[5] Ph. Moreau Defarges, La mondialisation, Puf, coll. « Que sais-je ? », 2012, pp. 3-8.

[6] Sur ce thème, voir L. Fonbaustier, « (Invisible and) Silent Spring », Revue juridique de l’environnement, 2020/2, volume n° 45, pp. 223-229.

[7] Voir par exemple et déjà : D. Rudhyar, Vers une conscience planétaire, trad. par J.-P. Laugt, Éditions du Rocher, coll. « Gnose », 1996.

[8] La possibilité, à terme, d’un « crime contre l’humanité » leur est largement imputable, et historiquement, leur part est décisive, leur défaillance incontestable.

[9] Encyclique dont le texte est disponible ici : https://www.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html

[10] On lira le remarquable livre de H. Rosa, Rendre le monde indisponible, trad. par F. L. de Carvalho, La découverte, coll. « Théorie critique », 2020.

[11] L. Fonbaustier, Environnement, Anamosa, coll. « Le mot est faible », 2021, notamment pp. 37-38.

[12] Un esprit cynique ou consolateur se plairait à dire : et si cela pouvait, à terme, nous aider ?

[13] Bien que les modes de calcul soient complexes, on considère que les émissions directes de la France s’élèvent à environ 0,9% des émissions mondiales, et 1,4% selon le mode de rapatriement des émissions indirectes.

[14] G. Sainteny, Le climat qui cache la forêt. Comment la question climatique occulte les problèmes d’environnement, Éditions Rue de l’échiquier, coll. « Diagonales », 2015.

[15] G. Debord, La société du spectacle, Buchet-Chastel, 1967.

[16] Pascal, Pensées, chapitre XXVII, « Misère de l’Homme », 1669.

[17] J. Huizinga, Homo ludens. Essai sur la fonction sociale du jeu, trad. par C. Seresia, Gallimard, coll. « Tel », 1988 [1951].

[18] Ces deux derniers éléments sont à leur façon présents dans le discours de Jacques Chirac de 2002.

[19] Pour une mise en garde déjà ancienne, voir J. Dorst, La nature dé-naturée, Delachaux et Niestlé, 1965, avant-propos, pp. 11-14.

[20] A. Barrau, Il faut une révolution poétique, politique et philosophique, entretien avec C. Guilbaud, Éditions Zulma, 2022.

Laurent Fonbaustier

Juriste, Professeur de droit public à l'Université Paris-Saclay

Notes

[1] Groupe dont le leader et chanteur, Peter Garrett, deviendra d’ailleurs ministre de l’environnement du Gouvernement Kevin Rudd en 2007.

[2] Pour une vidéo intégrale de ce discours, voir par exemple : . Le texte de ce discours est disponible sur https://www.lejdd.fr/Politique/notre-maison-brule-et-nous-regardons-ailleurs-lintegralite-du-discours-de-jacques-chirac-en-2002-3921858

[3] https://eco-act.com/fr/accord-de-paris/alerte-rouge-du-giec-decryptage/

[4] Rapport de l’Ipbes 2019 (7e session), , notamment pp. 27-32.

[5] Ph. Moreau Defarges, La mondialisation, Puf, coll. « Que sais-je ? », 2012, pp. 3-8.

[6] Sur ce thème, voir L. Fonbaustier, « (Invisible and) Silent Spring », Revue juridique de l’environnement, 2020/2, volume n° 45, pp. 223-229.

[7] Voir par exemple et déjà : D. Rudhyar, Vers une conscience planétaire, trad. par J.-P. Laugt, Éditions du Rocher, coll. « Gnose », 1996.

[8] La possibilité, à terme, d’un « crime contre l’humanité » leur est largement imputable, et historiquement, leur part est décisive, leur défaillance incontestable.

[9] Encyclique dont le texte est disponible ici : https://www.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html

[10] On lira le remarquable livre de H. Rosa, Rendre le monde indisponible, trad. par F. L. de Carvalho, La découverte, coll. « Théorie critique », 2020.

[11] L. Fonbaustier, Environnement, Anamosa, coll. « Le mot est faible », 2021, notamment pp. 37-38.

[12] Un esprit cynique ou consolateur se plairait à dire : et si cela pouvait, à terme, nous aider ?

[13] Bien que les modes de calcul soient complexes, on considère que les émissions directes de la France s’élèvent à environ 0,9% des émissions mondiales, et 1,4% selon le mode de rapatriement des émissions indirectes.

[14] G. Sainteny, Le climat qui cache la forêt. Comment la question climatique occulte les problèmes d’environnement, Éditions Rue de l’échiquier, coll. « Diagonales », 2015.

[15] G. Debord, La société du spectacle, Buchet-Chastel, 1967.

[16] Pascal, Pensées, chapitre XXVII, « Misère de l’Homme », 1669.

[17] J. Huizinga, Homo ludens. Essai sur la fonction sociale du jeu, trad. par C. Seresia, Gallimard, coll. « Tel », 1988 [1951].

[18] Ces deux derniers éléments sont à leur façon présents dans le discours de Jacques Chirac de 2002.

[19] Pour une mise en garde déjà ancienne, voir J. Dorst, La nature dé-naturée, Delachaux et Niestlé, 1965, avant-propos, pp. 11-14.

[20] A. Barrau, Il faut une révolution poétique, politique et philosophique, entretien avec C. Guilbaud, Éditions Zulma, 2022.