Macron, tragique premier de cordée
« On a connu un pays libre, on a bien vécu,
et tout ce qu’on a fait, on dirait qu’on l’a fait contre nous-mêmes,
et que même si on l’avait su, on n’aurait pas pu faire autrement. »
A. B. Guthrie, The Big Sky, 1947
Rien n’adviendra qui résoudra les problèmes les plus sérieux de l’humanité, à moins d’une critique majeure du système qui, précisément, préside à leur aggravation. Ce système se définit par un culte de la performance individuelle et clanique, pressurant les populations, qui se révèle d’une incapacité notoire à commencer à traiter de manière collective les problèmes collectifs les plus cuisants.

Les pressions maximalistes à la réussite, tout comme les processus qui permettraient d’en sortir, sont de nature relationnelle. La course à la performance saccage les relations ; elle pousse le système à l’échec, impuissant à traiter les problèmes ; tandis que toute alternative, tout échappatoire reposeraient sur une révolution des relations.
Les problèmes sont connus, et rien en réponse !
Jonathan Coe, romancier anglais, écrit dans Journal d’une obsession : « 1972. Un garçon de onze ans, en vacances avec sa famille sur la côte des Cornouailles, s’arrête devant une boutique du front de mer pour regarder les livres de poche. »
Le titre qui accroche son regard met en scène Sherlock Holmes. Une énième version du héros bien câblé, intelligent, spécialiste compétent qui résout des énigmes à tonalité individualiste pour des clients individuels : Mme Untel vient le voir car elle a perdu son mari dans des circonstances troubles, et à la fin, les circonstances s’éclairent. Le problème individuel est résolu par un individu surdoué et son adjoint dévoué.
Mais les garçons et les filles de dix ou quinze ans dans la décennie 1970 ont pu s’arrêter devant d’autres livres de poche, qui traitaient d’autres problèmes :
déjà, de la nécessité d’économiser l’énergie face au choc pétrolier ;
déjà, des déforestations ;
déjà, de la pollution de la nature entraînant la disparition