Valenciennes ou le sabordage d’une école d’art
C’est là – vu de loin, en première approche – un fait d’actualité minuscule émanant d’une lointaine province, soit l’asphyxie progressive d’un établissement de formation de qualité, l’École supérieure d’art et de design (Esad) de Valenciennes en l’occurrence, placée depuis quelques années sous l’éteignoir financier de la Collectivité locale l’ayant en charge, dans le contexte critique réservé aux Établissements publics de coopération culturelle (Epcc).

Il faut y voir l’effet d’un choix politique : entre 2011 et 2022, la réduction de la contribution municipale aura été drastique[1]. Un choix qui est doublé d’un argument présenté comme objectif : l’accroissement hélas continu de charges de fonctionnement énergétiques, ici comme ailleurs. Un choix et une « fatalité », désignée comme telle, avec cette conséquence : la sortie de l’établissement en question du dispositif Parcoursup à la rentrée 2023, au motif d’économies temporaires. Cette décision lui interdisant de recruter des étudiants en licence, le conduit tout doucement, année après année, à la fermeture définitive.
Ont été déjà nombreuses les manifestations de désarroi, de dépit et de colère au sujet du sort réservé à l’Esad valenciennoise, à commencer par la mobilisation de l’ensemble de ses équipes, étudiantes et étudiants, corps enseignant, administration. Elles ont, un peu, été relayées par les organisations auxquelles ces équipes sont affiliés, par la presse et les réseaux sociaux, au local comme au national.
La contribution présente aurait peu de sens si elle ne faisait que s’ajouter au chœur, estimable et nécessaire, de ces indignations. Il lui revient à s’efforcer de replacer – de l’extérieur où elle se situe – cette affaire dramatique – pesons les mots – dans une perspective plus générale.
Mais disons-le d’abord tout net, ma position ne saurait être neutre. Si je ne saurais être tenu pour un local, je suis un Valenciennois de naissance et de cœur, qui aura été bercé aux collège et lycée Watteau