Enseignants : ne leur manque-t-il que des tracteurs ?
Aussi divers et segmenté que le monde agricole, le monde de l’enseignement public manifeste régulièrement son mécontentement par des mouvements de grève ponctuelle ou des journées d’action, comme le 1er ou le 6 février, dont l’impact sur le gouvernement, il faut bien le constater, est jusqu’à présent limité.

On peut toutefois mettre au crédit de ces oppositions le départ précipité d’Amélie Oudéa-Castéra, remplaçante d’un Gabriel Attal météorique à la tête du ministère de l’Éducation nationale.
L’avenir dira si Nicole Belloubet qui vient d’être nommée (la troisième en moins de douze mois à occuper le maroquin en charge du premier budget de l’État, celui en outre dont on répète à l’envi qu’il lui faut du temps pour agir !) maintient ses anciennes positions critiques à l’égard du conservatisme scolaire endossé par Macron (ce qui paraît peu réaliste) ou bien illustre une fois de plus le « girouettisme[1] » caractéristique d’un personnel politique obnubilé par les ors du pouvoir présidentiel.
Le constat est sans appel : les ministres successifs sont sourds aux revendications qui s’expriment continûment, qu’elles concernent les moyens et les allocations budgétaires ou l’organisation des enseignements et des évaluations, sauf exceptions marginales. Leur agenda est imperturbable, sous la houlette du président de la République qui justifie son emprise avec l’argument non-constitutionnel, s’agissant de l’éducation, du « domaine réservé ».
Leurs stratégies de communication sont prioritairement tournées vers les parents électeurs puisque les dirigeants politiques au pouvoir et leurs alliés objectifs dans l’opposition cherchent systématiquement à exploiter les récriminations des familles contre l’École publique et leurs enseignants en dissimulant leurs lourdes responsabilités dans le reformatage en cours de ce service public.
On peut donc se demander pourquoi le « ras-le-bol » des enseignants, pourtant bien réel, ne se fait pas entendre de façon plus pressante, à l’ins