Pour un « technosolutionnisme » tempéré
Sur Staten Island, au sud de l’île de Manhattan, s’étend un parc en cours d’aménagement dont la construction, débutée en 2008, devrait se poursuivre jusqu’à la fin des années 2030. À côté d’espaces destinés au public, le parc de Fresh Kills comprend des zones vouées à la préservation de la flore et de la faune. Il abrite déjà des colonies importantes d’oiseaux, dont certaines appartiennent à des espèces menacées.

La création de ce parc a été abondamment commentée. Il est en effet situé à l’emplacement, ou plutôt au-dessus de la décharge à ciel ouvert dans laquelle la ville de New York avait accumulé ses déchets pendant une cinquantaine d’années sans se soucier des dégâts infligés à l’environnement. Fresh Kills est emblématique du monde dans lequel nous vivons. Les ordures n’ont pas disparu. Elles ont été recouvertes par une série de couches techniques destinées à les isoler de la terre et, au-dessus, par des plantations. À cela s’ajoute une gestion des liquides résiduels et des gaz produits par la décharge au moyen d’équipements tels que des systèmes de drainage, bassins d’épuration et torchères.
À Fresh Kills, on est loin d’un retour à un état originel du site. Les 890 hectares du parc se caractérisent par l’association entre le legs encombrant de décennies de production et de consommation de masse et des séquences diversifiées destinées à la fois aux humains et aux non-humains, prairies ouvertes, voies navigables ou encore structures artificielles[1].
Les enseignements de cet aménagement ne sont pas difficiles à tirer. Que nous l’acceptions ou non, nous allons vivre sur une planète irrémédiablement polluée. Un retour en arrière, une régénération pleine et entière n’est plus possible. À Fresh Kills, la renaturation possède un caractère hautement technique. Le parc newyorkais n’est pas la seule réalisation contemporaine fondée sur cette association entre des termes longtemps opposés dans l’imaginaire collectif. Que l’on s’en félicite ou qu’on le déplore, l