Société

L’inquisition préfectorale – l’affaire du lycée musulman Averroès (3/5)

Politiste

Le 27 novembre 2023, les responsables de l’association Averroès sont conviés à la commission de consultation – qui n’a de consultatif que le nom – présidée par le préfet. Pas une seule fois le rapport de l’inspection générale de l’Éducation nationale n’y sera mentionné. Il est tout bonnement enterré car il ne va pas dans le sens des opposants au lycée musulman… Mais que dit-il exactement ? Troisième de cinq volets d’un article sur l’affaire du lycée Averroès.

Que dit donc le rapport de l’inspection générale, dont je rappelle qu’il n’a été accessible pour l’association que cinq jours seulement avant la réunion de la commission ? Il indique d’abord explicitement que le non-versement par la Région du forfait d’externat dû au lycée est illégal et qu’il est de la responsabilité du préfet de le relever et de le sanctionner au principe que cette décision « met ainsi illégalement en danger le bon fonctionnement de l’établissement et engage sa responsabilité ».

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L’association Averroès agira par cinq fois devant le tribunal administratif de Lille entre 2021 et 2022 et obtiendra deux jugements de fond en sa faveur en 2022 et 2023 ainsi qu’un arrêt du Conseil d’État. La préfecture, de son côté, n’agira jamais ni directement contre le Conseil régional, ni devant le tribunal administratif, alors qu’il est notoire que la Région ne respecte pas la loi.

Les inspecteurs généraux reviennent également dans leur texte sur le dossier du financement qatari, financement dont on se souvient qu’il constitue en réalité le motif principal de l’évolution de l’attitude des pouvoirs publics à l’endroit d’Averroès.

Nous les citons assez longuement car l’analyse complète qu’ils proposent n’a jamais été mise en avant par les représentants de l’État ou de la Région, ce jusqu’au moment où j’écris ce texte : « Un chapitre de [l’ouvrage de Messieurs Chesnot et Malbrunot] traite du lycée Averroès dont il soutient qu’il aurait reçu en 2014 une somme de 4 M€ et évoque une tentative avortée de rachat en 2016.

« Les besoins financiers évoqués par l’ouvrage précité répondent à la volonté des responsables de l’établissement de quitter l’édifice religieux dans lequel ils étaient accueillis. Dès l’origine, les responsables du lycée et les dirigeants de l’association gestionnaire ont pensé que le lycée ne pouvait demeurer dans les locaux de la mosquée Al‐Imane qui les avaient accueillis à la création de l’établissement, d’abord par manque de place, car ils ne


Pierre Mathiot

Politiste, Professeur Sciences Po Lille