Les libertés démocratiques en état de nature
La révolution industrielle et l’extraordinaire développement de l’économie capitaliste de ces derniers siècles n’auraient jamais pu avoir lieu sans l’utilisation d’un dispositif naturel de recherche de la récompense qui existe chez les humains, comme chez tous les vertébrés.

On en connaît aujourd’hui assez précisément le fonctionnement neurochimique, autour notamment du circuit dopaminergique de la récompense dans le cerveau, impliqué dans toutes les activités indispensables à la survie des individus et de leur descendance telles que l’attachement parental et la recherche de nourriture, de partenaires sexuels ou d’abris protecteurs. Ce dispositif est également activé en cas de réception de bonnes nouvelles ou de satisfaction esthétique et morale et il est impliqué, quoique de façon détournée, dans toutes les conduites addictives.
L’industrie de la désinformation
L’économie capitaliste a su tirer parti de l’existence de ce dispositif de la récompense comme jamais aucun régime économique ne l’avait fait avant elle, offrant sans cesse de nouveaux produits susceptibles de combler et de renouveler le désir des agents économiques : ceux d’innovation et d’enrichissement des entrepreneurs d’un côté et celui de satisfaction matérielle et symbolique des consommateurs de l’autre, qui ont été les ingrédients les plus sûrs et les plus constants de l’expansion industrielle. Les développements actuels de l’informatique de communication et de l’intelligence artificielle ne sont que les formes les plus récentes de cette expansion dont chaque palier apporte avec lui son lot de nouveautés dans l’utilisation des capacités humaines les plus naturelles.
Les réseaux sociaux, avec leur cortège de désinformation et d’addictions individuelles, en offrent un exemple particulièrement significatif en mobilisant une faculté d’engagement qui va bien au-delà des satisfactions matérielles et symboliques apportées par l’ainsi nommée « société de consommation ». Informé par son réseau préfé