Non, l’Europe n’est pas seule !
Ce que j’annonçais dans mes précédents articles publiés dans AOC est arrivé : l’élection de Trump aux USA s’est traduite, en un mois d’exercice, par la fin de l’aide américaine à l’Ukraine et la rupture entre les USA et ses alliés traditionnels. C’en est fini d’un schéma simpliste, hérité des années 1960, opposant « l’Occident » aux puissances communistes ou « ex », et à un « Sud global » penchant pour les secondes.

Il n’y a qu’un camp constitué, politiquement, militairement, idéologiquement dans cette guerre : celui que, dans un petit livre prémonitoire Ahmet Insel et Pierre-Yves Hénin, ont appelé Le National-Capitalisme Autoritaire [NaCA], une menace pour les démocraties. Ce camp idéologico-politique dirige aujourd’hui les plus grandes puissances mondiales, USA, Russie et Chine, il a de nombreux alliés parmi les puissances moyennes telles que l’Iran, et ronge les démocraties de l’intérieur.
À la conférence de Londres, la Grande-Bretagne a invité tous ceux qui, dans « l’OTAN moins les USA », disposent de quelques éléments d’armées et d’arsenaux encore susceptibles d’aider l’Ukraine à résister à l’invasion russe. Ce résidu de « monde libre », à supposer qu’il parvienne à s’unir sur une stratégie politico-militaire (et d’abord industrialo-militaire), comme il tente de le faire en catastrophe ces derniers jours avec une série de conférences, va devoir affronter le problème majeur : il est totalement encerclé par le « camp NaCA ». La situation est donc pire qu’en 1939, après le pacte Molotov-Ribbentrop scellant l’alliance provisoire entre l’Allemagne nazie et l’URSS stalinienne : il restait alors, en dehors du jeu, l’immense puissance des États-Unis restés isolationnistes. Et comme en 1939, cette situation résulte de décennies de libéralisme économique, auquel se sont ralliés cette fois les forces de la gauche institutionnelle.
Il est sans doute trop tard pour corriger cette faute monumentale, qui reste cependant l’enjeu d‘une troisième guerre mondiale larvée