L’Hécatombe Capitaliste de l’Excellisation dans la Recherche et l’Enseignement Supérieur
Voilà bien longtemps que les débats autour des multiples protocoles d’« évaluation » mis en place par la gouvernance néolibérale de nos sociétés font rage – souvent en faisant long feu[1].

À chaque nouveau round, une commission inquisitionne (plus ou moins hâtivement) un secteur de la société, proclame des résultats et des classements qui attaquent, irritent ou révoltent celles et ceux qui en sont la cible. Une fièvre de protestations échauffe temporairement le milieu évalué. Un recul officiel diffère quelque peu les sanctions, pour y injecter une petite dose de modération (deuxième temps, rassurant et conciliant, de la stratégie du choc). Et la machine évaluatrice suit inlassablement son cours, jusqu’au prochain assaut de nos vieilles institutions, jusqu’à la prochaine crise de fièvre, et jusqu’à la prochaine sédimentation de la culture de l’amélioration permanente.
En cette fin d’hiver 2025, c’est l’HCÉRES – Le Haut Conseil de l’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur – qui a envoyé ses pré-rapports concernant la « vague E » de licences et de masters d’universités de l’Île-de-France hors Paris, des Hauts-de-France, de Mayotte et de la Réunion. Rien de nouveau sous le soleil… Sauf peut-être que le cas spécifique de cette évaluation d’universités assez particulières peut faire figure de cas d’école d’un déphasage de plus en plus évident – et ici singulièrement grossier – entre une procédure d’évaluation, ses résultats, et les valeurs que nos sociétés peuvent reconnaître comme les leurs [2].
Une hécatombe dans la promotion sociale
Ces universités situées dans les régions et les départements les plus défavorisés du pays sont soumises aux mêmes critères objectifs que celles de Paris Centre, critères portant sur a) le taux de réussite, b) les dispositifs de professionnalisation, c) le suivi du devenir des étudiants, d) l’analyse de données d’insertion professionnelle, e) l’efficience des dispositifs d’amélioration continue, f) l’international