Un texte est un texte est un texte
Le 7 février dernier, Grégory Chatonsky publiait dans AOC un texte intitulé « Chiralités : après la vérité ». Ce texte foisonne de réflexions intéressantes sur la post-vérité, sur l’intelligence artificielle, sur la réalité, sur le discours, sur la technique, sur le vivant, et en particulier sur la chiralité (un terme mathématique que j’ai découvert à cette occasion), ainsi que sur le simulacre et la simulation. Mon attention de lecteur a toutefois été encore plus marquée par la fin du texte, un épilogue mais non une conclusion, écrit l’auteur.

Grégory Chatonsky s’accorde alors un moment d’autoréférentialité pour révéler qu’il n’est peut-être pas vraiment l’auteur du texte, ou en tout cas que son texte est peut-être le résultat d’une collaboration entre lui-même et son double machinique, son double technique (chiral) ayant servi peut-être à prolonger des phrases laissées en suspens.
De même que les enseignants ont désormais du mal à distinguer la contribution de l’IA dans les travaux de leurs élèves, le lecteur du texte de Grégory Chatonsky est bien incapable de mesurer jusqu’à quel point ce qu’il vient de lire est produit par la machine ou par un auteur conventionnel. L’effet d’abyme et de trompe-l’œil vient confirmer, par le doute dont il affecte le texte, les idées que celui-ci exprime.
Naturellement, mon commentaire de ce texte pourrait en poursuivre l’esprit et exploiter les mêmes possibilités de désorientation. Je pourrais demander à une IA de lire le texte de Grégory Chatonsky, de le commenter pour moi, entièrement ou en partie. Comme j’avoue n’avoir pas cherché à googliser Grégory Chatonsky, je pourrais même amplifier le jeu jusqu’à prétendre que cet auteur n’existe pas, que le texte a été produit par un collectif hybride de machines et d’humains, sollicité derechef par mes soins pour ajouter une suite possible, envisageable, sinon logique, à un épilogue qui n’était pas une conclusion. Je vais tout de même annoncer la couleur en assurant au lecteur