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Dans la bibliothèque de Dominique Gonzalez Foerster
Évadée de la littérature, comme l’écrit joliment à son propos l’écrivain Enrique Vila Matas qui en fait l’une de ses héroïnes dans trois de ses romans (Dublinesca, Impressions de Kassel et Marienbad électrique), Dominique Gonzalez Foerster, alias DGF, a toujours peuplé son œuvre de personnages – qu’elle appelle « Apparitions » -, de fictions et de bibliothèques qui se conçoivent comme des espaces ouverts aux quatre vents, miroirs inversés des cabinets de lecture feutrés et confinés. En novembre dernier, à la Fondation Pernod Ricard, la plus littéraire des plasticiennes françaises s’est à son tour prêtée au jeu du choix des dix livres qu’elle emporterait sur une île déserte.
Le jeune homme, la mort et le temps
Richard Matheson
À trente-six ans, richard collier se sait condamné à brève échéance.Pour tromper son désespoir, il voyage, au hasard, jusqu'à échouer dans un vieil hôtel au bord du pacifique. envoûté par cette demeure surannée, il tombe bientôt sous le charme d'un portrait ornant les murs de l'hôtel : celui d'Elise McKenna, une célèbre actrice ayant vécu à la fin du XIXe siècle. la bibliothèque, les archives de l'hôtel lui livrent des bribes de son histoire, et peu à peu la curiosité cède le pas à l'admiration, puis à l'amour.
Un amour au-delà de toute logique, si puissant qu'il lui fera traverser le temps pour rejoindre sa bien-aimée. mais si l'on peut tromper le temps, peut-on tromper la mort ?
Folio, 2000 – 8,20€
Neige
Anna Kavan
Chef-d’œuvre de science-fiction littéraire, mise en garde contre le changement climatique et le totalitarisme, exploration féministe de la violence, Neige est le livre culte et justement sauvé de l'oubli de la grande écrivaine britannique du XXe siècle Anna Kavan, admirée par Anaïs Nin, Doris Lessing, Patti Smith…Cambourakis, 2021(2013) – 10€
LTI, la langue du IIIe Reich
Victor Klemperer
Le philosophe allemand Victor Klemperer s’attacha dès 1933 à l’étude de la langue et des mots employés par les nazis. En puisant à une multitude de sources (discours radiodiffusés d'Adolf Hitler ou de Joseph Paul Goebbels, faire-part de naissance et de décès, journaux, livres et brochures, conversations, etc.), il a pu examiner la destruction de l’esprit et de la culture allemands par la novlangue nazie. En tenant ainsi son journal, il accomplissait aussi un acte de résistance et de survie.En 1947, il tirera de son travail ce livre : LTI, Lingua Tertii Imperii, la langue du IIIe Reich, devenu la référence de toute réflexion sur le langage totalitaire. Sa lecture, à près de soixante-dix ans de distance, montre combien le monde contemporain a du mal à se guérir de cette langue contaminée, et qu'aucune langue n’est à l’abri de nouvelles manipulations.
Pocket, 2003 – 10€
Swastika Night
Katharine Burdekin
Sept cents ans après la victoire d'Hitler, le Saint Empire germanique a soumis la moitié du monde à l'idéologie nazie. La nouvelle société, empreinte de mythologie et d'ignorance, repose sur une stricte hiérarchie : les chevaliers et les nazis en occupent le sommet, tandis que les étrangers servent de main d’œuvre servile et les femmes, uniquement des tinées à la perpétuation de la race, sont réduites à l'état animal. Lorsque Alfred, mécanicien anglais en pèlerinage en Allemagne, est impliqué dans une rixe, il est conduit devant le chevalier von Hess, gouverneur du comté. Séduit par sa personnalité, von Hess ne tarde pas à lui révéler un secret qui le bouleverse. Mais la connaissance a un prix : celui du sang.Inconnue du public français, Katharine Burdekin (1896-1963) est l'une des rares écrivains britanniques à dénoncer, aux travers de romans d'anticipation, l'idéologie phallocrate de l'Angleterre des années 1930. Swastika Night, dont c'est ici la première traduction en français, fut publié en 1937 sous le pseudonyme de Murray Constantine. Peu après Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley et bien avant le célèbre 1984 de George Orwell, cette dystopie sur l'anéantissement de l'individu, aux accents féministes, demeure étrangement prémonitoire.Éditions Piranha, 2016 – 12,99€
Histoire de la littérature américaine (1939-1989)
Pierre-Yves Pétillon
La littérature américaine nous est, paradoxalement, à la fois proche et lointaine. Proche, à cause de tel écrivain qu'on a un jour tant aimé. Proche, par des titres qui rôdent dans la mémoire comme une rumeur familière et par des images qu'on a vues à l'écran. Lointaine, parce que la notoriété de quelques noms de premier plan masque tout un arrière-pays, peu balisé, plus secret. Lointaine aussi, parce que pour nous, gens d'Europe, elle garde toujours une certaine étrangeté, qu'elle doit à l'empreinte laissée par une « préhistoire » plus ancienne qu'on ne l'imagine parfois.Le présent panorama envisage la littérature américaine sur fond de cinquante ans d'actualités - inscrite dans un contexte partout lisible en filigrane, scandée par des décennies qui, des années quarante aux années quatre-vingt, ont eu chacune sa couleur, sa tonalité, son climat.
Au fil du voyage, de la moiteur somnolente des bayous aux bourrasques du lac Michigan, des nuits de Harlem aux fjords pluvieux du Nord-Ouest, du cimetière marin de Nantucket aux vastes ciels de Paris, Texas, c'est aussi l'Amérique qui, à travers sa littérature, se raconte.
Fayard, 2003 – 36€
Moumine le troll
Tove Jansson
Nathan, 2005 – 5,90€
Les détectives sauvages
Roberto Bolaño
En 1975, Juan García Madero abandonne ses études pour se consacrer à la poésie. Il plonge dans les bas-fonds de Mexico et fait la rencontre d’Ulises Lima et Arturo Belano,chefs de file des réal-viscéralistes, un groupe de poètes avant-gardistes. Accompagnés d’une prostituée nommée Lupe, les trois hommes se lancent à la recherche de la poétesse mythique Cesárea Tinajero, dont la trace se perd dans le désert… Parviendront-ils à la retrouver ?
De Barcelone à Paris, d’Israël à la Californie, Roberto Bolaño nous offre l’épopée lyrique d’hommes en quête de la vraie vie, « le voyage infini de gens qui furent jeunes et désespérés mais ne s’ennuyèrent jamais », selon Enrique Vila-Matas.
Éditions de l'Olivier, 2021 – 26€
Le Mal de Montano
Enrique Vila-Matas
Christian Bourgois Éditeur, 2003 – 25€
Un appartement sur Uranus
Paul B. Preciado
Paul B. Preciado est philosophe, commissaire d'exposition et auteur. Dans la lignée des travaux de Kathy Acker, Judith Butler, Monique Wittig et Michel Foucault, ses ouvrages, traduits dans une dizaine de langues, sont des références internationales des études queer, trans et non-binaires.Points, 2021 – 7,70€
Les guérillères
Monique Wittig
Publié cinq ans après L'Opoponax, Les Guérillères, second livre de Monique Wittig, vient à son heure pour souligner et fortifier notre conviction. Le talent de cet écrivain le porte, j'allais écrire, pour notre plaisir et notre profonde satisfaction, à faire du récit le lieu naturel de la contestation du langage, non pas contestation abrupte et maladroite, mais contestation habile par le biais d'une opération beaucoup plus subtile et toujours séduisante. Il semble, en effet, que mots et phrases soient deux fois présents dans le texte : d'abord comme les mots et les phrases de l'usage traditionnel, ensuite comme éléments actifs de l'autodestruction. La métamorphose est très frappante dans ce nouveau livre. Convaincante aussi, tant est sensible le renouveau des images, et leur force.Notons pour commencer, que les Guérillères (ce curieux féminin de « guérilleros ») ne sont ni les cousines, ni les lointaines descendantes des Amazones auxquelles Hérodote prêta le nom scythe d'Oiorpata, ou tueuses d'hommes. La destruction de l'homme n'est pas l'enjeu du combat que les guérillères ont décidé de mener jusqu'à son therme. Ce qu'elles combattent, c'est l'oppression, ou plutôt sa cause, le langage, celui qu'elles ont reçu des hommes, lesquels les ont, par ce moyen, d'abord nommées, puis soumises et réduites à la merci des mots. Ce qu'elles veulent promouvoir, c'est un monde nouveau où elles retrouveront l'expression de l'indépendance originelle.
Minuit, 2019 – 9€
Chroniques martiennes
Ray Bradbury
Pour les vingt ans de la collection « Lunes d'encre », parution en édition « collector » du chef-d’œuvre de Bradbury, qui fut le premier titre SF publié par Denoël.Ce roman, composé de 28 nouvelles empreintes de poésie et de merveilleux, narre la colonisation de Mars par l'humanité. Avec son style et son talent inimitables, Ray Bradbury nous convie à une aventure hors du commun : du départ des premières fusées, en 2030, à la naissance des premiers enfants de Mars, en 2057, de l'extinction d'une antique civilisation extraterrestre à la naissance d'une nouvelle.