Politique

D’un Front populaire à l’autre : le rôle de la Ligue des Droits de l’Homme

Historien

Le 30 juin, la Ligue des droits de l’Homme a renouvelé son appel à assurer la défaite du RN. Cosigné par plusieurs dizaines d’associations et de syndicats, cet appel résonne avec l’action unitaire menée par la LDH à l’époque du premier Front populaire, dépassant les structures partisanes et mobilisant la société civile.

Le 9 juin, au soir d’élections européennes marquées par une forte progression de l’extrême droite en France et par la décision inattendue du président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale, le député la France insoumise François Ruffin lance un appel solennel à la reconstitution d’un Front populaire.

Les acteurs et observateurs évoquent rapidement un « Nouveau Front populaire ». Simple rejeu symbolique mémoriel, en l’occurrence conjoncturel, ou réanimation voire ressourcement en profondeur d’un schéma révérenciel populaire, celui de gauches (de nouveau) (ré)unies pour « faire barrage au fascisme », comme en 1936 ? S’agit-il du simple culte d’un momentum voire d’une mythologisation d’un temps de l’histoire dont les échos se font encore entendre, un temps marqué par des convergences, en particulier partidaires, aboutissant toutefois à un gouvernement éphémère et au bilan mitigé, pour de multiples raisons ? Assiste-t-on plutôt à l’instrumentalisation par des forces politiques à la fois d’une expérience réifiée et même glorifiée – et dans quelle mesure ? –, et de l’homme qui en a été l’incarnation, Léon Blum[1] ?

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D’un côté, dans un confusionnisme assumé, le président de la République Emmanuel Macron affirme en effet que, « s’il y en a un qui doit se retourner dans sa tombe, c’est Léon Blum, en pensant qu’on a appelé Front populaire une alliance électorale qui permettra de donner 300 circonscriptions à LFI, donc à des gens qui ont assumé très clairement de ne pas condamner l’antisémitisme. C’est pas [sic] ça le Front populaire, ça a un sens dans notre histoire, ça a un rôle, ça a une dignité. C’est pas ça [sic] » ; de l’autre, Jean-Luc Mélenchon déclare que « quand Léon Blum devient chef du gouvernement, il n’est pas au niveau de Manuel Bompard ni de Mathilde Panot ou de Clémence Guetté, il était critique d’art et militant marxiste du Parti socialiste » …

Loin de minimiser l’héritage du gouvernement du Front populaire, au contraire, il nous apparaît utile de plonger dans la métabolisation qui, en amont, dépassant les seules structures partidaires, l’a porté au pouvoir. Qu’en est-il réellement de ce mouvement et de ce moment ? Les faits, d’abord et avant tout[2].

Le 6 février 1934, une manifestation de ligues « factieuses » place de la Concorde, est perçue par les gauches comme une tentative de coup d’État contre la République. Au-delà de l’événement déclencheur que fut la récupération médiatique par les « ligues factieuses » de diverses affaires politico-financières, dont le scandale Stavisky, au demeurant tout à fait révélatrices de la corruption de quelques hommes étiquetés à gauche, l’interprétation de cette manifestation vécue comme tentative de putsch par les gauches s’explique par le danger que porte la montée des droites radicales en France.

Celle-ci est observable non seulement dans l’Hexagone, depuis la fin du XIXe siècle, mais encore en Europe, avec l’arrivée au pouvoir du fascisme en Italie puis du nazisme en Allemagne, dans un contexte plus large d’émergence de régimes autoritaires dans d’autres pays européens.

La perception d’une menace de plus en plus imminente pousse des citoyens à reconfigurer la vie politique en France. Il s’agit non seulement de s’engager dans des structures partidaires, mais encore de s’inscrire dans ces corps intermédiaires que sont les associations. Cette participation n’est pas nouvelle, mais elle s’organise principalement autour de la Ligue des droits de l’homme (LDH). Ce passé n’est pas assez connu, même si la mémoire de cette organisation en cultive le souvenir dans un ressourcement identitaire qui, loin d’être un repli, s’entend comme la mise en partage d’une expérience.

En effet, le Rassemblement populaire, acté par le serment du 14 juillet 1935, correspond bien à une dynamique qui se déploie dans une authentique démocratie de débats, et non dans une courte campagne électorale de trois semaines, comme l’a voulu Emmanuel Macron aujourd’hui. Cette vraie revitalisation politique donne naissance à la victoire électorale de partis qui forment, en 1936, le Front populaire. Elle est le résultat, avant tout, de formation dans toute la France de fronts antifascistes avant même le 6 février, à l’initiative notamment de sections de la LDH. Mais ce processus d’unité se réalise aussi au sommet d’associations dès la contre-manifestation du 12 février 1934, poussée notamment par Victor Basch, leader de la LDH, et Léon Jouhaux, dirigeant de la CGT.

Mieux : le Rassemblement populaire se réunit au siège de la Ligue des droits de l’homme et le président de son comité national n’est autre que Victor Basch. C’est rue Jean-Dolent, à Paris, que sont réalisés le programme et la stratégie qui mènent au Front populaire.

Cette cartellisation de gauches prétendument irréconciliables depuis 1920, pour reprendre une formule récente de l’ancien Premier ministre de François Hollande, Manuel Valls, se retrouve-t-elle à l’occasion du processus en cours, dans le cadre des législatives des 30 juin et 7 juillet 2024 ? Les contextes nationaux, européens voire mondiaux sont-ils les mêmes ? Les protagonistes aussi ? Comparaison n’est pas raison, on le sait, mais l’historien peut retrouver à la fois des concordances des temps intéressantes – ne serait-ce que parce que la LDH est de nouveau au cœur des mobilisations citoyennes –, et des dissonances structurelles et conjoncturelles qui sont autant de clés de compréhension d’hier, mais aussi de demain et d’après-demain.

Une union de dreyfusistes

À la suite du « J’accuse… ! » d’Émile Zola, dénonciateur des turpitudes notamment de l’État-major et du ministère de la Guerre dans le cadre de l’affaire Dreyfus, La Ligue des droits de l’homme est conçue aux alentours du 20 février 1898, en plein procès Zola. Elle est fondée publiquement le 4 juin 1898, lors de sa première assemblée générale, avant même le vote de la loi de 1901 sur les associations. Non-autorisée au regard de régimes qui, depuis la Révolution française, se méfient des associations, elle est au départ tolérée, comme bien d’autres. Cependant, avec la polarisation de l’Affaire, quand les questions posées ne sont plus seulement éthiques et juridiques mais politiques, la LDH est poursuivie par le pouvoir d’alors qui pratique un en même temps politicien, qui n’est pas sans rappeler la période récente[3].

Au reste, la LDH ne se déclare qu’en 1906, après l’acmé de cette dépression hexagonale qu’est l’affaire Dreyfus. Le champ des sociétés civiles n’est alors ni celui de l’entre-deux-guerres, ni celui que nous connaissons aujourd’hui[4]. En ce début du XX siècle, les groupes sont nombreux, plus ou moins lâches (comme les amicales), plus ou moins pérennes (des comités électoraux à l’ONG avant l’heure qu’est la Croix-Rouge), peuvent être philanthropiques ou mutualistes, sportifs ou culturels, coopératifs ou corporatistes, religieux ou laïques, scientifiques ou éducatifs – pensons à la Ligue de l’enseignement, particulière parce qu’elle forme une fédération[5].

Cette rapide typologie n’est, du reste, ni exhaustive, ni exclusive, car les origines, trajectoires, formes, durées de vie de ces cercles, amicales et autres structures sont quasiment infinies. Reste que les inscriptions en politique ne sont pas si nombreuses et surtout résilientes, au regard de la plus que centenaire LDH, voire de la LICA (Ligue internationale contre l’antisémitisme), créée en 1929, et devenue en 1979 la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme).

Cela dit, au-delà d’une action au quotidien avec la constitution d’un service juridique et d’une réflexion de longue haleine qui va des dossiers instruits à destination des ministères aux rapports produits pour le Parlement, les hésitations autour de son nom sont révélatrices. Non pas que le terme de ligue soit alors interrogé, car il est courant, singulièrement à droite et pas seulement aux droites des droites. La dénomination de « ligue » préexiste, en effet, à l’affaire Dreyfus, et perdure après le décret de dissolution des ligues à la suite de l’attentat contre Léon Blum en 1936[6], comme l’illustre la Ligue communiste révolutionnaire d’Alain Krivine.

À l’exception de la Ligue des droits de l’homme, rares sont néanmoins les associations à gauche qui, de nos jours, portent ce nom. Le substantif interroge aujourd’hui, y compris des « ligueurs » qui n’ont comme référence que les ligues d’extrême droite, nationalistes et/ou xénophobes voire racistes, de la Ligue des Patriotes de Paul Déroulède à la Ligue antisémitique d’Édouard Drumont. Pourtant, il y a eu, avant 1898, une Ligue pour la défense de la République contre Jules Ferry (1887), une Ligue d’action révolutionnaire pour la conquête de la République sociale (1891), une Ligue pour la révision par le peuple (1893). Et il y a eu la modérée Ligue de la République, véritable sas entre les partis, fondée par le républicain-socialiste Paul Painlevé en 1921 contre la droite conservatrice représentée par le Bloc national, mais aussi la Ligue d’action universitaire républicaine et socialiste (LAURS), créée en 1924 contre les Jeunesses Patriotes, et dont l’étudiant Pierre Mendès France avait la carte n° 9.

Complexifions une taxinomie difficile : il est même des mouvements extrêmes droitiers qui ne portent pas la raison sociale « Ligue » dans leur intitulé, comme le Parti francisque de Marcel Bucard, pourtant fasciste, ou le Parti populaire français de Jacques Doriot… On l’aura compris, le mot et la chose renvoient à la volonté de rassembler en s’inscrivant dans ces interstices d’une démocratie largement d’élection.

Au vrai, quand bien même le suffrage n’est pas universel car masculin jusqu’à la Libération, une démocratisation des pratiques civiques et politiques s’ajoute au vote des électeurs. L’appropriation d’un nouveau champ d’intercession par ces corps intermédiaires qui vont du civique au politique prolonge ainsi le scrutin. Les progrès de l’instruction et de la socialisation par l’École et la presse, comme les mobilités et les sociabilités permises par le service militaire et le chemin de fer, élargissent cet espace public cher à Jürgen Habermas et renouvellent les formes d’engagement individuel et/ou collectif.

La sécularisation de la société, la propagation de l’idée républicaine et l’émergence d’une démocratie mature modifient les rapports des citoyens à des pouvoirs désacralisés. Les citoyens s’avèrent de moins en moins inexistants ou distants. Incontestablement, les associations reflètent cette démocratie participative et la massification de la Ligue des droits de l’homme, avec quelque 180 000 membres à son acmé en 1932, en est l’illustration topique.

La convergence des humanistes autour des droits

Cette inscription dans la Cité s’explique doublement. À côté de l’adhésion à un parti ou à un syndicat, pour des raisons idéologiques ou professionnelles, il y a la possibilité d’investissements plus larges que l’affaire Dreyfus a catalysés. En effet, au-delà des idéologies véhiculées par des formations partisanes et des intérêts défendus par des structures de travail, la LDH revêt une originalité certaine, qui explique son importance et sa résilience.

Porteuse de la défense des droits humains, aux horizons indéfinis et donc sans cesse repoussés[7], cette composante se place sur le terrain du militantisme juridique[8]. Appuyé sur le recours auprès des administrations ou de la justice, mais aussi sur la prise à témoin des opinions publiques, son positionnement dépasse le champ de la morale pour labourer celui de l’émancipation dans et par la « chose publique ».

À cet égard, les droits de l’homme parlent à tout le spectre républicain, même si les conceptions que s’en font les forces civiques sont différentes voire antagonistes, les unes privilégiant la liberté, les autres l’égalité – alors que la seconde détermine la première –, d’autres encore mettant en avant la fraternité – non séparable de l’égalité –, et son corollaire contemporain qu’est la solidarité.

Mieux : cette association généraliste produit un discours sur le droit positif issu de la légalité démocratique et sur les droits à conquérir. Elle multiplie également les pratiques d’intercession qui vont de la justice fiscale aux droits des militaires, de la représentation électorale à la circulation des étrangers, de la libre information à la rénovation de l’État, de l’accueil des réfugiés fuyant les dictatures à la sécurité sociale.

Le consensus apparent est incarné par la conjonction d’hommes de bonne volonté qu’a constituée, au temps de sa puissance, la LDH. Sa force numérique parle pour elle, tout autant son maillage – environ 2 500 sections –, ses relais en dehors de l’Hexagone par ses sections coloniales ou « ses » ligues sœurs. Sa sociologie aussi : les ouvriers sont peu nombreux en son sein, qui militent largement au PCF ou à la CGT, entre autres, mais les classes intermédiaires font foule, des instituteurs aux employés, des artisans aux commerçants, que l’on retrouve, au demeurant, dans la constellation centriste, au cœur de l’Alliance démocratique de centre droit, mais aussi dans le très modéré Parti radical voire au Parti socialiste.

Ainsi, la composition comme la rhétorique et l’activité de la LDH la placent en situation de carrefour de la nébuleuse républicaine. Ayant extrapolé le cas du capitaine Alfred Dreyfus à tous les hommes – pas encore à toutes les femmes – et singulièrement aux Européens – l’exigence d’égalité des droits viendra plus tard –, elle est la mieux placée pour réanimer des grilles de lecture dans les décennies post-affaire Dreyfus. Il faut dire qu’immédiatement ses directions conçoivent l’association comme un lieu de convergence. Son fondateur et premier président, Ludovic Trarieux, avait plaidé lors du procès intenté à la LDH en 1899 le dialogue avec les anarchistes qui avaient permis la tenue des réunions de l’association.

Aux municipales de l’année suivante, alors qu’elle n’a pas deux ans, la LDH est associée aux victoires républicaines, l’ancien ministre et sénateur modéré Ludovic Trarieux jugeant que son domaine de la lutte s’étend jusqu’aux « confins de la politique pure », même si les « contingences de la politique ne trouvent pas toujours leurs solutions dans la Déclaration des droits » ; il s’agit de constituer « un terrain d’entente largement ouvert […] sur lequel, après les batailles électorales, on doit venir signer les traités de paix ». Et aux législatives suivantes, en 1902, l’appel à un front républicain est clair : « En face du candidat nationaliste, quelque nom qu’il porte, le candidat réellement républicain doit réunir toutes les voix républicaines ».

La réussite revendiquée n’est pas qu’électorale, mais se situe sur le plan des idées : le successeur de Ludovic Trarieux à la présidence de la Ligue des droits de l’homme, le jauressien Francis de Pressensé, affirme que « quiconque s’est placé sur le terrain de la justice, quiconque prétend être dans la tradition de la Révolution, ne peut se contenter d’en recueillir le patrimoine pour le transmettre intact à ses enfants ». Cette vision éclairée pousse la LDH à chercher l’application et l’accomplissement des droits, y compris politiques[9]. Et déjà et toujours à penser la crise de la démocratie représentative.

Les rapports et les résolutions de la LDH sur sa modernisation, par son élargissement et sa transparence, sont nombreux et réguliers, de la liberté d’information par des médias indépendants à l’instauration du scrutin à la proportionnel. La LDH peut aussi soutenir, d’une manière générale, le droit de syndicalisation des fonctionnaires, avant même le statut de 1946 – et même le droit de grève dans certains cas –, et défendre les militants de la CGT poursuivis par le pouvoir.

Face aux extrêmes droites, que faire ?

L’assombrissement des cieux européens avec l’avènement, dans les années 1920, du bolchevisme puis du fascisme, non seulement rebat les cartes mais en accélère le jeu. Le soviétisme a fait l’objet d’une analyse de la direction de la LDH, que les errements de celle-ci lors des procès de Moscou en 1936-1938 ne doivent pas effacer. Les effets sur la LDH et les gauches sont notables : interdiction de toute adhésion à une structure bourgeoise pour les militants de l’Internationale communiste fondée en 1919, – certains resteront à la LDH comme la dreyfusiste et féministe Séverine.

Les conséquences du congrès de Tours, tenu l’année suivante, sont fortes et durables, les membres de la SFIC (Section française de l’Internationale communiste) – premier nom du PCF – n’hésitant pas à gêner les meetings du parti socialiste SFIO ou de la LDH ; son vice-président d’alors, le sociologue Célestin Bouglé, juge que le bolchévisme a défiguré le marxisme[10].

Alors que jusqu’en 1924, les ligues se contentaient de battre violemment le pavé des métropoles, la Marche sur Rome de Mussolini et la revendication du tournant totalitaire des années 1922-1924 par le Duce entraînent une prise de conscience, mais aussi une analyse fine du phénomène par la direction de la LDH. Mais pas que. À la base de l’association, les sections s’intègrent à des cartels antifascistes, et cela dès 1926, malgré les statuts qui, s’ils leur reconnaissent l’autonomie, interdisent toute coalition permanente avec adhésion. On est assurément dans une mobilisation démocratique, avant même le 6 février. La déception à l’encontre du Néo-cartel (1932-1934), au regard de l’attente des forces de gauche, renforce l’impératif de rassemblement des sociétés civiles en action. Elles le font aussi l’urgence de la situation humanitaire, face aux flots de réfugiés fuyant le nazisme en Allemagne. Ce sont ainsi tout un monde de comités divers et variés qui œuvrent pour accueillir ces damnés de l’Europe.

Pourtant, les gauches en France sont encore fortement divisées, le PCF s’inscrivant dans le Komintern, avec des lignes de fracture multiples, par exemple sur les politiques économiques ou sur la question coloniale. Ce sont aussi les pratiques de brutalisation politique des militants du PCF qui sont stigmatisées par les gauches non-communistes. Mais elles connaissent, avec le mouvement qui va jusqu’au gouvernement de Front populaire, des efforts d’unification, et d’abord dans ces interstices partidaires que sont les syndicats – sauf les CGT, socialisante, et CGTU (Confédération générale du travail unitaire, proche du PCF) qui demeurent jusqu’en 1936 deux entités séparées et même rivales entre 1921 et 1936.

Au-delà d’un PCF encore lié au Grand Frère moscovite, il y a en effet toute une déclinaison des gauches, chrétiennes avec les catholiques sociaux regroupés dans la Jeune République de Marc Sangnier ; radicales avec une mouvance qui dépasse le parti de la rue de Valois ; socialistes, avec des familles nombreuses, des guesdistes suivant Jean Zyromsky aux néosocialistes dont Marcel Déat, en passant évidemment par les courants représentés par Léon Blum ou Marceau Pivert. Et cela sans parler des effets de génération avec des Jeunesses socialistes actives, aux côtés des Jeunesses laïques et républicaines, proches du Parti radical, qui comptent aussi.

Pourtant, c’est sous la bannière de la Ligue des droits de l’homme que ces gauches, y compris communistes pour les raisons que l’on connaît[11], se retrouvent. Sont ainsi réinvestis, non seulement des temps comme celui du gouvernement de Défense républicaine dirigé par Pierre Waldeck-Rousseau, marqué par un bloc des gauches, mais encore des modes de mobilisations communes.

La presse permet aussi des ponts, en l’occurrence intellectuels, comme l’hebdomadaire Vendredi créé en 1932 par André Chamson, Jean Guéhenno et Andrée Viollis, où signent Paul Nizan, André Gide, Julien Benda, Jean Cassou. D’autres structures aussi sont des carrefours comme Front commun, créé en 1933 par l’ancien radical Gaston Bergery ou le CVIA (Comité de vigilance des intellectuels antifascistes) où se retrouvent d’ailleurs des ligueurs tels Victor Basch ou Albert Bayet[12]. Certaines apparaissent au contraire comme des relais de partis, en l’occurrence du PCF pour le Comité Amsterdam-Pleyel, fondé en 1932 à l’initiative des écrivains Romain Rolland et Henri Barbusse pour la paix et contre l’impérialisme[13].

Mais c’est assurément la LDH qui, par son implantation territoriale, sa masse numérique, son histoire longue, son discours fédérateur à gauche à partir et vers les droits, constitue un pôle particulièrement attractif. Ses membres peuvent figurer une adhésion de conviction en faveur d’un patrimoine humaniste, à côté d’autres adhésions possibles – les réfugiés antifascistes peuvent se retrouver à la Ligue italienne des droits de l’homme (LIDU) malgré la répression de l’OVRA (Organizzazione di Vigilanza e Repressione de l’Antifascismo) et du CSAR (l’organisation secrète fasciste plus connue sous son surnom de la Cagoule).

En guise de conclusion : faire histoire

On l’a vu, la polarisation jusqu’à la victoire électorale du Front populaire en 1936 puise ses racines dans le post-dreyfusisme. La coalition qui gagne les élections réunit des partis de tout le spectre de gauche. Mais elle déborde les structures partidaires, s’inscrit non dans une fusion mais dans un continuum des gauches[14]. Une fois Léon Blum au pouvoir, le Front populaire, bien qu’il reste nommé ainsi, y compris après 1937 alors que la configuration a changé, est davantage qu’un arc républicain. Il ne s’agit plus seulement de faire barrage par « le pain, la paix, la liberté », pour reprendre le slogan de 36, mais de réunir pour faire d’un aboutissement – l’alternance politique après le gouvernement Laval notamment – un moment fondateur[15].

Certes, le Front populaire n’a pas résisté aux conflits internes largement liés à la Guerre d’Espagne et à l’hypothèse de l’intervention des démocraties, à la question des minorités et des frontières à l’issue de la Grande Guerre, de l’Anschluss à Munich ; bref, les problématiques de pacifisme et d’antifascisme s’entremêlent. Et cela sans oublier les différences d’analyses et de politiques économiques et sociales de ces acteurs de la Républiques fort différentes.

La leçon pour des gauches en résistance face à des droites radicales aux portes du pouvoir est là. Ces droites extrêmes sont-elles les mêmes ? Même si elles étaient fondamentalement protestataires et tribunitiennes et ne cherchaient pas à prendre démocratiquement le pouvoir, il y a des filiations évidentes, entre nationalisme et réaction, des années trente à l’OAS en passant par Vichy, sur lesquelles il serait judicieux, à une autre occasion, de revenir, d’autant plus que le RN n’a jamais vraiment condamné l’héritage dont il est issu et cultive de nos jours des proximités, avec Vox ou Fratelli d’Italia, entre autres. Il y a aussi des sommations convergentes – du slogan de rue « À bas les métèques » des années trente au programme de « préférence nationale » aujourd’hui, qui se veut protecteur des « natifs » en discriminant les binationaux et en rétablissant le droit du sol, au détriment de toute inclusion.

Avec cette diffusion et cette infusion des idées stigmatisantes et violentes des extrêmes droites, avec cette remise en cause du triptyque républicain, les possibles ouverts par des lois votées récemment qui, dans les mains de partis identitaires et autoritaires, peuvent devenir de redoutables instruments de mise au pas vers la dictature. Incontestablement, les mouvances d’hier sont différentes de celles d’aujourd’hui. La manifestation de rue – les ligues n’entendaient pas prendre le pouvoir – a été remplacée par le vote dans l’isoloir et la monarchiste Action française est loin des partis populistes, illibéraux, xénophobes voire racistes – qui, quant à eux, sont aux portes du pouvoir.

Mais si les démarches sont différentes, les risques sont les mêmes, a fortiori avec des risques d’une justice sous contrôle, d’un conseil constitutionnel contourné, de médias privatisés (ou assujettis) au profit d’intérêts partisans, d’un enseignement au service d’une idéologie réactionnaire.

Et les cadres socio-politiques, sont-ils différents ? Les travaux de Gérard Noiriel sur « les origines républicaines Vichy » ont montré l’affaiblissement des valeurs et principes de la République avant 1940[16]. On connaît les fortes critiques portées contre des lois récentes jugées par certaines ONG comme liberticides, les nettes condamnations de différentes instances européennes (Cour européenne des droits de l’homme) ou internationales (ONU). Les états d’urgence et le passage en force de certains textes portant des réformes majeures sur l’âge de la retraite ou l’indemnisation des chômeurs par le 49.3 montrent que les décrets-lois de la fin de la IIIe République ne sont pas loin.

La démocratie représentative est en difficulté, et la démocratie participative est elle-même largement empêchée, par la décision d’une courte campagne de trois semaines par celui qui, en 2017 et en 2022, s’était présenté comme un rempart contre l’extrême droite. Cette dévitalisation s’avère dangereuse au regard du patrimoine légué par les Lumières, la Révolution de 1789 et le garantisme d’un État de droit contesté par des extrêmes droites, ici et maintenant en position de conquérir les pouvoirs législatif et/ou exécutif.

Et la société civile, et LDH dans tout cela ? Renforcée par les menaces dont elle a fait l’objet au printemps 2023, cette association, en politique mais non partisane, a travaillé à la recomposition des gauches citoyennes en lançant un front commun contre les extrêmes droites. Son 92ème congrès, tenu à Bordeaux du 18 au 20 mai 2024, a porté une vigoureuse résolution intitulée « Pour une alternative, démocratique, sociale et écologique ». Loin de tout évitement politique à rebours d’autres organisations, la progression des droites radicales aux européennes l’a poussée à constituer un collectif « Ensemble contre l’extrême droite » avec nombre d’organisations syndicales, sociales ou de défense des droits. Elle est ainsi partie prenante d’autres collectifs comme Coalition 2024, le Pacte du pouvoir de vivre ou l’Alliance écologique et sociale. Au demeurant, depuis sa fondation, ses membres ont toujours été multicartes[17] et ses dirigeants ont pu être membres du PS, responsables d’ATTAC ou leaders de la FSU, suivant un modèle d’engagement[18].

Mais l’enjeu est de taille, car il lui faut en l’occurrence interpeller, rassembler, s’opposer. Si sa puissance n’est plus celle des années 1934-1936, ne serait-ce qu’en raison d’ancrages plus faibles et d’un vivier rétracté, la force de propositions que ce moteur d’unité exprime lui permet de dépasser le seul front républicain pour faire barrage à un Rassemblement national qui a organisé puis profité d’une dédiabolisation et même d’une normalisation de ses discours.

Dans le cadre d’une mondialisation marchande et financière qui accentue l’individualisation et la précarisation, les questions que la LDH ne cesse de poser sont celles de l’indivisibilité des droits – le droit au logement peut-il être satisfait sans droit au travail ? –, et de leur effectivité – le droit à la santé est-il assuré pour tous ? –, et cela alors que les insécurités et les vulnérabilités se développent. S’il y a une mystique d’une république ouverte et perfectible et s’il y a une religion des droits de l’homme avec ses rites et ses héros – les mythes sont faits d’ailleurs pour être mobilisés[19] –, le constat d’un quotidien de la discrimination, de la paupérisation, de la destruction d’une humanité commune, est patent et autorise la réactivation d’imaginaires.

La riposte est urgente quand le nationalisme d’exclusion, sous couvert de patriotisme, remet en cause l’universalisme d’un progressisme par tous les droits. Car si les ligues des années trente entendaient renverser la République, les droites extrêmes d’aujourd’hui peuvent transformer une démocratie exécutive en dictature, en recourant aux instruments liberticides et inégalitaires offerts par les pouvoirs antérieurs. C’est bien ce qu’une grande partie de la société civile, au-delà de la LDH, dénonce ; ce que rappelle Patrick Boucheron qui évoque « celles et tous ceux qui, contre vents et marées, font tenir cette société, nous y maintiennent debout, vivants et libres ».

Sûrement, comme pour les formations partisanes, il y a des divergences au sein de cette nébuleuse associative. Au temps du Front populaire et de la montée des tensions internationales, il y avait un grand écart entre le PCF du stalinien Maurice Thorez en pointe dans l’antifascisme et le Parti « radical » d’Édouard Daladier cultivant un désarmement moral face aux revendications nationalistes et aux extensions territoriales d’Hitler. On le verra à l’occasion de la Guerre d’Espagne. Mais permise par l’Internationale communiste, une « alliance négative » s’était opérée entre le PCF et la SFIO[20].

Aujourd’hui, l’agression néo-impériale russe contre l’Ukraine, ses implications internationales – positionnement ambigu de la Chine comme de l’Inde et plus encore d’un « Sud global » à la recherche d’une diplomatie transactionnelle dans un monde de moins en moins occidentalo-centré, et les réponses à apporter divisent incontestablement les gauches, entre anti-atlantisme des unes et défense d’un « monde libre » 2.0 des autres… On peut également remarquer des discours différents des unes et des autres à la suite du pogrom terroriste du Hamas et du Jihad islamiste palestinien en Israël, et la contre-attaque du pouvoir israélien. Ses conséquences humanitaires dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est sont connues, de même que la démultiplication d’actes antisémites décomplexés, sur fond, du reste, à la fois d’islamophobie assumée et d’antisionisme instrumentalisé.

Tout cela est condamnable. Mais disons-le tout net : hier, au temps du Front populaire, il y a eu des discours et des pratiques antisémites à gauche, mais qui n’étaient le fait que de quelques dérives individuelles ; aujourd’hui aussi, et si, hier, l’antisémitisme reflétait un racisme revendiqué par l’extrême droite, son système de rejet de l’autre aujourd’hui, demeure, caché derrière un pseudo sionisme[21].

« Parmi d’autres exercices de l’esprit, le plus utile est l’histoire », disait l’écrivain latin Salluste dans La Conjuration de Catilina. Faire de l’histoire, c’est écrire un message clair, sans brutalisation ni exclusion, pour faire mémoire et construire un futur en partage. Que ce message soit entendu de toutes et de tous, dans un réflexe unitaire et à l’heure de choix civilisationnels pour une société solidaire, apaisée, progressiste, des choix qui doivent nous rassembler plutôt que nous diviser, comme l’exprime, au lendemain de ce premier tour des législatives, l’appel de la LDH à assurer la défaite de l’extrême droite le 7 juillet, cosigné par plusieurs dizaines d’associations et de syndicats, …


[1]Voir l’entretien en ce sens du chercheur en philosophie politique Milo Lévy-Bruhl au Nouvel Obs, 22 juin 2024.

[2]Voir Frédéric Munier, « Le Front populaire », in Jean-Jacques Becker et Gilles Candar, Histoire des gauches en France, La Découverte, 1ère éd. 2004, et Jean Vigreux, Le Front populaire, PUF, 1ère éd. 2011.

[3]Pour son histoire au premier XXe siècle, voir outre notre thèse publiée sous le titre Pour l’humanité. La Ligue des droits de l’homme, de l’affaire Dreyfus à la défaite de 1940, PUR, 2014, nos différentes contributions dont « La Ligue des droits de l’homme : us et coutumes d’un “monument constitutif de la République” (Léon Blum) jusqu’à la Seconde Guerre mondiale », in Olivier Dard et Nathalie Sévilla (dir.), Le phénomène ligueur sous la IIIe République, Centre régional universitaire lorrain d’Histoire, 2008. Pour une vision sur plus d’un siècle de son histoire, se reporter à l’exposition en ligne montée avec Gilles Candar.

[4]Claire Andrieu, Gilles Le Béguec, Danielle Tartakowsky (dir.), Associations et champ politique. La loi de 1901 à l’épreuve du siècle, Publications de la Sorbonne, 2001.

[5]Nathalie Sévilla et Emmanuel Naquet, « La Ligue de l’enseignement et la Ligue des droits de l’homme au temps du Front populaire : deux associations parapolitiques face aux enjeux politiques posés à la gauche citoyenne » in Gilles Morin et Gilles Richard (dir.), Les deux France du Front populaire, L’Harmattan, 2008.

[6]Emmanuel Naquet, « Les Ligues », in Vincent Duclert et Christophe Prochasson, Dictionnaire critique de la République, Flammarion, 2002 et « Ligues et associations », in Jean-Jacques Becker et Gilles Candar, op. cit.

[7]Emmanuel Naquet, « Droits de l’homme et politique en France : quelques réflexions sur des liaisons dangereuses », Histoire@Politique, n° 51, 2023.

[8]Brigitte Gaïti et Liora Israël, « Sur l’engagement du droit dans la construction des causes », Politix, n° 62, 2ème trimestre 2003 ; Liora Israël, L’arme du droit, Presses de Sciences Po, 2009 ; Danièle Lochak, « Les usages militants du droit », La Revue des droits de l’homme, n° 10, 2016.

[9]Emmanuel Naquet, « De quoi la Ligue des droits de l’homme est-elle le nom ? », AOC, 2 mai 2023.

[10]Emmanuel Naquet, « Un républicain en droits de l’homme : le cas du philosophe-sociologue Célestin Bouglé », Les Études Sociales, 2017/1, n° 165.

[11]Jean-Paul Brunet, Histoire du Parti Communiste français, PUF, rééd. 2021et Stéphane Courtois et Marc Lazar, Histoire du Parti communiste français, PUF, 2000.

[12]Nicole Racine, « Le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (1934-1939). Antifascisme et pacifisme », Le Mouvement social, n° 101, oct.-déc. 1977.

[13]Jocelyne Prézeau, « Le Mouvement de lutte contre la guerre et le fascisme : Amsterdam-Pleyel (1934-1939) », in Claire Andrieu, Gilles Le Béguec, Danielle Tartakowsky (dir.), Associations et champ politique. La loi de 1901 à l’épreuve du siècle, Publications de la Sorbonne, 2001.

[14]Ce ne fut pas le cas de la NUPES, convergence partisane sous la forme d’un accord électoral conjoncturel, signé en 2022 et qui a montré, au moment de l’exercice de la démocratie représentative, ses limites.

[15]La preuve en est, a contrario, la récupération de la « marque » Front populaire par Michel Onfray, une revue que Jean-Yves Camus qualifie d’« antilibérale, populiste et souverainiste », et à la forte audience dans les milieux d’extrême droite…

[16] Gérard Noiriel, Les origines républicaines de Vichy, Hachette, 1999 à relier à la tribune de l’historien Patrick Weil.

[17]Emmanuel Naquet, « Les ligueurs des droits de l’homme dans le Maitron, de l’affaire Dreyfus à la Seconde Guerre mondiale », Les Cahiers de l’Institut d’Histoire du Temps présent, n° 26, in « Intellectuels engagés d’une guerre à l’autre », mars 1994.

[18]Gilles Manceron et Emmanuel Naquet (dir.), Être dreyfusard, hier et aujourd’hui, PUR, 2009.

[19]Selon l’historien Antoine Prost, cité par Nicolas Truong dans Le Monde du 27 juin 2024. Un autre historien, Jean Vigreux, ajoute que la référence est « amplement justifiée », assurant que « le NFP n’est ni antisémite ni à l’extrême gauche, comme l’atteste son programme ».

[20] Jean-Jacques Becker, Le Parti communiste veut-il prendre le pouvoir ?, Belin, 1981.

[21]Voir la tribune des historiens Laurent Jolly et Marie-Anne Matard-Bonucci, « Minimiser le danger que représenterait pour les juifs l’arrivée d’une extrême droite au pouvoir est naïf et dangereux », Le Monde, 20 juin 2024.

Emmanuel Naquet

Historien, Chercheur au Centre d'histoire de Sciences Po Paris et membre des comités de rédaction d'Histoire@Politique

Mots-clés

Gauche

Notes

[1]Voir l’entretien en ce sens du chercheur en philosophie politique Milo Lévy-Bruhl au Nouvel Obs, 22 juin 2024.

[2]Voir Frédéric Munier, « Le Front populaire », in Jean-Jacques Becker et Gilles Candar, Histoire des gauches en France, La Découverte, 1ère éd. 2004, et Jean Vigreux, Le Front populaire, PUF, 1ère éd. 2011.

[3]Pour son histoire au premier XXe siècle, voir outre notre thèse publiée sous le titre Pour l’humanité. La Ligue des droits de l’homme, de l’affaire Dreyfus à la défaite de 1940, PUR, 2014, nos différentes contributions dont « La Ligue des droits de l’homme : us et coutumes d’un “monument constitutif de la République” (Léon Blum) jusqu’à la Seconde Guerre mondiale », in Olivier Dard et Nathalie Sévilla (dir.), Le phénomène ligueur sous la IIIe République, Centre régional universitaire lorrain d’Histoire, 2008. Pour une vision sur plus d’un siècle de son histoire, se reporter à l’exposition en ligne montée avec Gilles Candar.

[4]Claire Andrieu, Gilles Le Béguec, Danielle Tartakowsky (dir.), Associations et champ politique. La loi de 1901 à l’épreuve du siècle, Publications de la Sorbonne, 2001.

[5]Nathalie Sévilla et Emmanuel Naquet, « La Ligue de l’enseignement et la Ligue des droits de l’homme au temps du Front populaire : deux associations parapolitiques face aux enjeux politiques posés à la gauche citoyenne » in Gilles Morin et Gilles Richard (dir.), Les deux France du Front populaire, L’Harmattan, 2008.

[6]Emmanuel Naquet, « Les Ligues », in Vincent Duclert et Christophe Prochasson, Dictionnaire critique de la République, Flammarion, 2002 et « Ligues et associations », in Jean-Jacques Becker et Gilles Candar, op. cit.

[7]Emmanuel Naquet, « Droits de l’homme et politique en France : quelques réflexions sur des liaisons dangereuses », Histoire@Politique, n° 51, 2023.

[8]Brigitte Gaïti et Liora Israël, « Sur l’engagement du droit dans la construction des causes », Politix, n° 62, 2ème trimestre 2003 ; Liora Israël, L’arme du droit, Presses de Sciences Po, 2009 ; Danièle Lochak, « Les usages militants du droit », La Revue des droits de l’homme, n° 10, 2016.

[9]Emmanuel Naquet, « De quoi la Ligue des droits de l’homme est-elle le nom ? », AOC, 2 mai 2023.

[10]Emmanuel Naquet, « Un républicain en droits de l’homme : le cas du philosophe-sociologue Célestin Bouglé », Les Études Sociales, 2017/1, n° 165.

[11]Jean-Paul Brunet, Histoire du Parti Communiste français, PUF, rééd. 2021et Stéphane Courtois et Marc Lazar, Histoire du Parti communiste français, PUF, 2000.

[12]Nicole Racine, « Le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (1934-1939). Antifascisme et pacifisme », Le Mouvement social, n° 101, oct.-déc. 1977.

[13]Jocelyne Prézeau, « Le Mouvement de lutte contre la guerre et le fascisme : Amsterdam-Pleyel (1934-1939) », in Claire Andrieu, Gilles Le Béguec, Danielle Tartakowsky (dir.), Associations et champ politique. La loi de 1901 à l’épreuve du siècle, Publications de la Sorbonne, 2001.

[14]Ce ne fut pas le cas de la NUPES, convergence partisane sous la forme d’un accord électoral conjoncturel, signé en 2022 et qui a montré, au moment de l’exercice de la démocratie représentative, ses limites.

[15]La preuve en est, a contrario, la récupération de la « marque » Front populaire par Michel Onfray, une revue que Jean-Yves Camus qualifie d’« antilibérale, populiste et souverainiste », et à la forte audience dans les milieux d’extrême droite…

[16] Gérard Noiriel, Les origines républicaines de Vichy, Hachette, 1999 à relier à la tribune de l’historien Patrick Weil.

[17]Emmanuel Naquet, « Les ligueurs des droits de l’homme dans le Maitron, de l’affaire Dreyfus à la Seconde Guerre mondiale », Les Cahiers de l’Institut d’Histoire du Temps présent, n° 26, in « Intellectuels engagés d’une guerre à l’autre », mars 1994.

[18]Gilles Manceron et Emmanuel Naquet (dir.), Être dreyfusard, hier et aujourd’hui, PUR, 2009.

[19]Selon l’historien Antoine Prost, cité par Nicolas Truong dans Le Monde du 27 juin 2024. Un autre historien, Jean Vigreux, ajoute que la référence est « amplement justifiée », assurant que « le NFP n’est ni antisémite ni à l’extrême gauche, comme l’atteste son programme ».

[20] Jean-Jacques Becker, Le Parti communiste veut-il prendre le pouvoir ?, Belin, 1981.

[21]Voir la tribune des historiens Laurent Jolly et Marie-Anne Matard-Bonucci, « Minimiser le danger que représenterait pour les juifs l’arrivée d’une extrême droite au pouvoir est naïf et dangereux », Le Monde, 20 juin 2024.