Éducation

Prendre la diversité au sérieux : éducation et justice sociale dans une école publique américaine

Politiste

Fin 2018, une étude de l’OCDE fondée sur le rapport PISA révélait que l’école est plus inégalitaire en France que dans la plupart des pays développés : le système d’éducation français ne donne pas les mêmes chances aux élèves issus de milieux défavorisés. Petite plongée en contrepoint dans une école publique américaine qui donne à voir une toute autre réalité…

Dans les nations démocratiques, l’éducation du citoyen, ce dialogue idéal entre le maître et l’élève célébré par Rousseau, a cédé le pas aux systèmes « exo-éducatifs » de masse (Ernest Gellner). L’éducation publique d’une multitude, inégalement dotée en talents et ressources, y devient un arbitrage entre excellence et équité, où les droits de l’individu le disputent au groupe, dont la diversité, qu’elle soit culturelle, socio-économique ou neurologique, défie en permanence l’égalité postulée entre les citoyens en devenir.

Qu’on la confonde avec la justice sociale et l’égalité à l’école, l’éducation publique devient, pour les élitistes (républicains ou pas), une source de pesanteur et de médiocrité évoquant le spectre du nivellement par le bas, qui a hanté, par exemple, les débats sur l’enseignement du latin suscités par la réforme du collège introduite en 2016 par Najat Vallaud-Belkacem.

Mais, réduite à une norme élusive qui cache mal une domination sociale de fait, elle n’est plus alors qu’un mythe cynique. Le rapport PISA [1] confirme cette réalité déplaisante, dévoilée en son temps par Pierre Bourdieu, et observée depuis par d’autres sociologues de l’éducation, d’un système scolaire français fortement inégalitaire : « la relation entre performance et milieu socio-économique des élèves est l’une des plus fortes parmi les pays et économies participant à l’enquête ». En d’autres termes, plus on vient d’un milieu défavorisé en France, moins on a de chances de réussir à l’école… Cette perspective internationale vient questionner nos certitudes et inflige un cuisant démenti à notre devise républicaine.

Certes, résoudre ce dilemme n’a rien d’une sinécure, et voir Singapour en tête du classement PISA laisse songeur quant à la place qu’y occupe l’individu. Mais, loin derrière le Japon, la Finlande, le Canada ou l’Estonie, la France se traîne, médiocrement, au 26ème rang du classement, juste derrière les États-Unis (25ème).  Cette proximité est intéressante, et donne à vo


[1] L’étude PISA (Progam for International Student Assessment) est une enquête comparative internationale menée par les experts de l’OCDE sur la base de tests administrés aux enfants de 15 ans dans les nations participantes. Je l’utilise ici comme indicateur rétrospectif de performance du système scolaire incluant l’acquis du cycle élémentaire. Il est fait référence ici aux les résultats les plus récents datant de 2015.

[2] Dans laquelle, intriguée j’ai effectué des observations participantes pendant 5 ans, entre 2013 et 2019 en tant que parente d’élève.

[3] La somme varie selon les écoles entre 52000 et 75 000 dollars par école et par an. Pour Baldwin cette somme s’élève, en gros, à 60 000 dollars.

[4] Individuals With Disabilities Education Act (IDEA) de 1975, révisé en 1990, 1997 et 2004

[5] Interview avec l’intéressée, 22 mars 2019

Muriel Rouyer

Politiste, Professeure à l'Université de Nantes

Notes

[1] L’étude PISA (Progam for International Student Assessment) est une enquête comparative internationale menée par les experts de l’OCDE sur la base de tests administrés aux enfants de 15 ans dans les nations participantes. Je l’utilise ici comme indicateur rétrospectif de performance du système scolaire incluant l’acquis du cycle élémentaire. Il est fait référence ici aux les résultats les plus récents datant de 2015.

[2] Dans laquelle, intriguée j’ai effectué des observations participantes pendant 5 ans, entre 2013 et 2019 en tant que parente d’élève.

[3] La somme varie selon les écoles entre 52000 et 75 000 dollars par école et par an. Pour Baldwin cette somme s’élève, en gros, à 60 000 dollars.

[4] Individuals With Disabilities Education Act (IDEA) de 1975, révisé en 1990, 1997 et 2004

[5] Interview avec l’intéressée, 22 mars 2019