Menaces sur le pluralisme scientifique à l’Université : réponse à Thomas Perroud
Thomas Perroud a récemment livré dans les colonnes d’AOC une critique en règle du Conseil national des Université (CNU) au nom du nécessaire pluralisme de la recherche. Cette intervention a lieu dans un contexte politique particulier : un amendement parlementaire (finalement non adopté) a récemment mis en cause les missions de cette instance ; une déclaration de la CPU (Conférence des Présidents d’Université) a emboîté le pas de députés, s’alignant sur la volonté déclarée du candidat Emmanuel Macron de libérer les établissements de toute entrave dans la gestion de leurs personnels.

La première des missions du CNU (mais non l’unique) est de délivrer la « qualification » aux titulaires d’un doctorat qui en font la demande, c’est-à-dire de donner (ou non) une certification professionnelle les autorisant à candidater aux concours de maître·sse de conférences ou de professeur·e·s des Universités (les deux principaux corps statutaires de l’Université en France).
J’ai moi-même siégé comme membre élu de la Section 04 (Science Politique) du CNU entre 2015 et 2019. Cela ne fait nullement de moi un porte-parole de l’institution – qui ne m’a pas mandaté – ni son défenseur convaincu, tant un vrai débat apparaît indispensable sur son rôle, sa représentativité, et au-delà, sur les modalités de recrutement dans les établissements universitaires. Toutefois, loin de s’attacher à ses règles de désignation ou à son mode de fonctionnement, mon collègue vise « le principe même d’une instance nationale », accusée d’être la cause principale de l’éradication du pluralisme intellectuel dans trois disciplines (correspondant à cinq sections du CNU sur… 87, ce qui limite d’emblée la portée de la critique) : le droit, l’économie et la science politique. Je me concentrerai sur ces deux dernières, pour montrer que le lien de causalité entre centralisation et uniformisation intellectuelle n’y est pas clairement établi.
Commençons par le passage le plus étrange, qui donne comme preuve de l’uniformi