CD : « L’administration Trump considère que la science actuelle est destructrice pour sa version du corps politique »
Historien et philosophe des sciences, spécialisé dans l’étude de la génomique et plus généralement de la biologie, CD était chercheur au National Human Genome Research Institute, un institut de la NIH à Bethesda (Maryland), en banlieue de Washington DC. Cet organisme fédéral a joué depuis quelques décennies un rôle de premier plan dans la recherche en biologie, puisque c’est là qu’une équipe de généticiens a conçu et mené en partie le Programme Génome Humain, entreprise de séquençage du génome de l’humain (et du nématode, de la souris, de la drosophile et du cresson), bouclée en 2003. Les conséquences de ce projet emblématique de ce que les sociologues appellent Big Science furent vastes, puisque la recherche en génétique humaine en est encore aujourd’hui tributaire. Mené par Francis Collins, qui prit ensuite la tête de l’institut, il a donné lieu par la suite à d’autres programmes collaboratifs d’envergure concernant l’étude de la diversité génomique. L’Institut inclut aussi des départements de sciences humaines, afin de prendre en compte les conséquences sociales, politiques et éthiques des connaissances produites sur le génome (par exemple, en regard de ce que les sociologues appellent la question raciale). À ce titre, il abritait donc de l’histoire et philosophie des sciences, organisée autour d’une masse conséquente d’archives (digitales).

L’histoire de CD, licencié par le gouvernement après une mise à l’écart de quelques mois , est emblématique des agissements de l’administration Trump pour ce qui concerne la science et l’université en général. L’offensive trumpiste contre le monde académique est bien connue ici, puisqu’on nous conte les déboires des universités Harvard ou Columbia, ou bien les ridicules listes de mots interdits dans la rédaction de demandes de financements de recherche (« race », « gender », « latinx », etc.), et qu’on souligne avec raison la vitesse inouïe de son déploiement. Mais au-delà de ce qui peut apparaître comme une cauchem