Éducation

Le management pédagogique et la transformation du système éducatif

Professeur de SES

Jean-Michel Blanquer a annoncé le 16 novembre que le salaire des professeurs débutants allait augmenter de 100 euros nets par mois, versés sous forme de prime. Cette annonce intervient alors que le Grenelle de l’éducation a été lancé le 22 octobre, sur ce sujet de la revalorisation salariale mais aussi sur la formation, les parcours professionnels, les « ressources humaines de proximité »… Autant d’axes qui rappellent que nous avons bien basculé, au nom de l’efficacité et de la justice, dans l’ère du management pédagogique.

Depuis les années 80, la plupart des pays de l’OCDE ont entrepris de nombreuses réformes afin de moderniser la gestion de leurs services publics. Ces réformes ont pour objectif de diminuer le nombre de fonctionnaires afin de réduire les déficits publics engendrés par le ralentissement de la croissance économique mais aussi par la baisse des taux d’imposition sur les entreprises et les ménages les plus aisés.

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La plupart de ces réformes reposent sur un ensemble de principes hétérogènes que l’on désigne sous le terme générique de New Public Management Public (NPM) qui s’inspirent de la théorie économique standard, de la littérature managériale et qui sont surtout conformes au dogme du néolibéralisme selon lequel la régulation concurrentielle est plus efficace que la régulation étatique. Selon le NPM, pour améliorer l’efficacité de l’État, il faut importer dans la fonction publique des principes issus du management du secteur privé, donner plus de responsabilité aux acteurs, les évaluer et les obliger à rendre des comptes.

De la réforme de l’état à la réforme de l’école

En tant que service public, la plupart des systèmes éducatifs des différents pays de l’OCDE ont été concernés par des réformes inspirées du NPM, réformes rendues nécessaires en raison de l’importance que les États de l’OCDE accordent aux enjeux éducatifs : « Les acteurs politiques nationaux perçoivent donc beaucoup plus directement le jeu et les enjeux de la compétitivité économique au plan international et confrontent les collectivités publiques à deux exigences contradictoires. Pour devenir ou rester compétitives dans la mondialisation des marchés des capitaux et du travail, elles doivent tout à la fois élever le niveau de formation de la main-d’œuvre et réduire la charge ​fiscale qui pèse sur les entreprises et les personnes. Cette double contrainte explique que l’éducation et la ​formation aient conservé partout une très haute priorité politique, mais qu’il soit aussi beaucoup plus s


[1] Walo Hutmacher, « Des enjeux nationaux pour acteurs locaux », Dossier « Gouvernance, performances », Education & Management, n°37, novembre 2009, p.29.

[2] À ce propos, voir l’article de Bernard Toulemonde « Éducation nationale : le tonneau des Danaïdes ? », 6 décembre 2016, Telos ; et l’article « Inégalités dans le système d’éducation : les causes d’un désastre », 21 avril 2016, IFRAP.

[3] Parmi ces auteurs, nous pensons à Alain Boissinot, Bernard Toulemonde et Soazig Le Névé, A. Alain Bouvier, Christian Forestier et Claude Thélot, ou encore Jean-Michel Blanquer.

[4] Voir l’interview d’Alain Bouvier publiée sur le site internet Le café pédagogique en septembre 2019.

[5] Max Weber, La domination, Éditions La Découverte, p. 118. Sur la bureaucratie professionnelle, voir également Thomas le Biannic

[6] La réforme du baccalauréat introduit toutefois une dose de contrôle continu dans l’évaluation du bac. Une partie des sujets de bac dépend donc des équipes disciplinaires des lycées.

[7] Alain Bouvier, Pour le management pédagogique : un socle indispensable, « Les Indispensables« , éditions Berger Levrault, p.193.

[8] Jean-Michel Blanquer, L’école de demain, Odile Jacob, 2016, p.120.

[9] À ce propos, voir le dossier de veille de l’IFÉ n° 118 « À la recherche de l’autonomie des établissements », mai 2018, p. 17.

[10] Cette approche n’a rien d’original ni de nouveau puisqu’elle a été théorisée par un ex-idéologue nazi avant la guerre, comme l’a montré Johann Chapoutot dans son ouvrage Libre d’obéir, Gallimard, 2020.

[11] Alain BouvierPour le management pédagogique : un socle indispensable, « Les Indispensables« , éditions Berger Levrault, p.126.

[12] Sur ce sujet, voir les articles scientifiques de Sandrine Fournier « Les pratiques managériales dans les EPLP et l’implication des enseignants » ; Mourad Attarça et Hervé Chomienne « Les chefs d’établissements publics scolaires français face aux enjeux de la nouvelle gestion du système éducatif » ; Monica Gather Thurler,

Jean-Yves Mas

Professeur de SES, Enseignant du secondaire

Notes

[1] Walo Hutmacher, « Des enjeux nationaux pour acteurs locaux », Dossier « Gouvernance, performances », Education & Management, n°37, novembre 2009, p.29.

[2] À ce propos, voir l’article de Bernard Toulemonde « Éducation nationale : le tonneau des Danaïdes ? », 6 décembre 2016, Telos ; et l’article « Inégalités dans le système d’éducation : les causes d’un désastre », 21 avril 2016, IFRAP.

[3] Parmi ces auteurs, nous pensons à Alain Boissinot, Bernard Toulemonde et Soazig Le Névé, A. Alain Bouvier, Christian Forestier et Claude Thélot, ou encore Jean-Michel Blanquer.

[4] Voir l’interview d’Alain Bouvier publiée sur le site internet Le café pédagogique en septembre 2019.

[5] Max Weber, La domination, Éditions La Découverte, p. 118. Sur la bureaucratie professionnelle, voir également Thomas le Biannic

[6] La réforme du baccalauréat introduit toutefois une dose de contrôle continu dans l’évaluation du bac. Une partie des sujets de bac dépend donc des équipes disciplinaires des lycées.

[7] Alain Bouvier, Pour le management pédagogique : un socle indispensable, « Les Indispensables« , éditions Berger Levrault, p.193.

[8] Jean-Michel Blanquer, L’école de demain, Odile Jacob, 2016, p.120.

[9] À ce propos, voir le dossier de veille de l’IFÉ n° 118 « À la recherche de l’autonomie des établissements », mai 2018, p. 17.

[10] Cette approche n’a rien d’original ni de nouveau puisqu’elle a été théorisée par un ex-idéologue nazi avant la guerre, comme l’a montré Johann Chapoutot dans son ouvrage Libre d’obéir, Gallimard, 2020.

[11] Alain BouvierPour le management pédagogique : un socle indispensable, « Les Indispensables« , éditions Berger Levrault, p.126.

[12] Sur ce sujet, voir les articles scientifiques de Sandrine Fournier « Les pratiques managériales dans les EPLP et l’implication des enseignants » ; Mourad Attarça et Hervé Chomienne « Les chefs d’établissements publics scolaires français face aux enjeux de la nouvelle gestion du système éducatif » ; Monica Gather Thurler,