Justice terroriste, l’exception du quotidien
« Procès Jawad », « Procès Abdelslam », depuis deux semaines les agendas judiciaires ont ouvert les premières étapes du long chemin d’audiences qui mènera aux jugements des attentats du 13 novembre 2015. Les logiques judiciaires, médiatiques et politiques qui ont accompagné ces deux procès, l’un à Paris et l’autre à Bruxelles, exposent aux yeux des opinions publiques des scènes judiciaires terroristes singulières. Plus de trois cents journalistes accrédités pour le « procès Abdelslam », autour d’une centaine pour le « procès Jawad ». Des accusations juridiques qui interrogent : « violence contre policiers » ou « terrorisme » pour Abdelslam, « recel » ou « participation » à un groupe terroriste pour les « logeurs » du 13 novembre. Dans ce dernier dossier, dont le verdict sera prononcé le 14 février, plus de six cents personnes se sont constituées parties civiles en tant que victimes directes ou indirectes des attentats et de l’arrestation quelques jours plus tard à Saint-Denis de deux des auteurs, Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh. Si la plupart des magistrats et certains avocats, y compris des victimes, ont répété durant dix jours que ces procès n’étaient pas ceux du 13 novembre, force est de constater que dans l’espace public ces audiences sont bien considérées comme celles des événements du « 13/11/15 » qui ont conduit la France dans l’état d’urgence permanent.
Venant à la suite d’un autre procès fortement exposé, celui d’Abdelkader Merah (octobre 2017), ces audiences judiciaires montrent une justice terroriste dans laquelle les pressions politiques, sociales et médiatiques s’affichent quotidiennement, entre silence des accusés (« procès Abdelslam ») et prises de parole intempestives voire considérées comme provocantes (« procès Jawad », « procès Merah »). Dans cet environnement, la compréhension du droit pénal et de ses spécificités en matière terroriste donne lieu le plus souvent à des commentaires loin des considérations et vérités juridiques. Comm