« Pentagon Papers » vs Donald Trump ?
Entre la lecture du scénario de Pentagon Papers par Steven Spielberg en février 2017 et sa sortie en salles aux Etats-Unis fin décembre de la même année, à peine onze mois se sont écoulés. Cette vitesse inédite dans la fabrication d’une production hollywoodienne est le signe d’une urgence politique que le cinéaste américain a éprouvée tout au long de sa réalisation. La nécessité de porter à l’écran un tournant politico-médiatique de la guerre du Vietnam – la révélation en 1971, par le New York Times puis par le Washington Post, de canaux explosifs signalant les mensonges successifs de la Maison Blanche avant et pendant la guerre – peut certes expliquer cette volonté d’achever un film dans un délai aussi court. Il existe toutefois une raison plus profonde que tout spectateur de Pentagon Papers a aujourd’hui à l’esprit, à savoir que cet empressement est indissociable de l’exercice du pouvoir par Donald Trump, nouvel occupant de la Maison Blanche depuis janvier 2017.
Même si l’issue insoupçonnée des élections américaines de 2016 n’est pas le sujet du dernier Spielberg, il hante assurément le public de The Post, le titre en anglais du film (diminutif du Washington Post). Plusieurs éléments de son récit permettent de tisser des liens entre le passé qu’il met en scène et le présent de sa réception : la défense du premier amendement de la constitution sur la liberté de la presse ; la volonté délibérée de masquer la vérité par les gouvernants américains ; la domination masculine dans les environnements de travail – autant de situations qui façonnent le déroulé narratif de Pentagon Papers, branchant le film sur les péripéties sidérantes du pouvoir actuel. De fait, les déclarations de Trump témoignent d’attaques constantes contre la presse écrite et les médias émettant des critiques à son égard ; elles répandent quotidiennement des informations erronées pour contrer les « fake news » dont il serait la victime présumée ; elles persévèrent dans une misogynie qui n&rs