Ecologie

Anthropocène : mais qu’est-ce que c’est ?

Philosophe

Le terme est devenu presque banal, sans qu’on s’en rende vraiment compte : l’Anthropocène est cette nouvelle ère géologique qui voit l’Homme imprimer sa marque sur l’évolution géologique de la planète. Pourtant, derrière l’apparente simplicité du message, qui en a assuré l’efficacité, persiste une ambiguïté importante. De quoi parle-t-on vraiment ?

Cela ressort de l’ensemble des données scientifiques collectées sur l’ensemble de la planète : les impacts des activités humaines ont fait de l’humanité, dans son ensemble, une force géologique capable de transformer le Système Terre, au point d’engager la planète dans une nouvelle période de son histoire géologique. D’où la proposition de nommer Anthropocène cette nouvelle période, soumise dès 2000 (dans la Newsletter de l’International Geosphere-Biosphere Program) ; puis en 2002, dans un article de Nature, par Eugene Stoermer (géologue et biologiste américain) et Paul Crutzen (géochimiste néerlandais – prix Nobel de chimie). L’anthropocène s’ajouterait aux autres périodes jusque là distinguées au sein du quaternaire : le pléistocène (marqué par des cycles glaciaires) et l’holocène (où le recul des glaciations, s’est accompagné, pour les humains, du développement de l’agriculture et de l’élevage).

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Sans doute, cette proposition n’est-elle pas officiellement adoptée, cela dépend d’un vote de l’Union Internationale des Sciences Géologiques, lors de l’un de ses prochains congrès, après examen de rapports faits par une sous-commission désignée pour cela. Si bien que, pour les scientifiques, l’anthropocène demeure une hypothèse.  Mais celle-ci a d’ores et déjà rencontré un grand succès, bien au-delà des milieux scientifiques appelés à l’adopter ou à la rejeter : le nom d’anthropocène fait recette, des colloques se réunissent, des livres sont publiés. Ce succès tient sans doute à son nom : il nous plaît qu’une époque géologique (rien de moins !) porte le nom des humains. Voyage dans l’anthropocène, cette nouvelle ère dont nous sommes les héros, annonçait l’un des premiers livres en français sur la question. Leurs auteurs, Claude Lorius et Laurent Carpentier, se montraient cependant moins fanfarons dans le cœur du livre : « L’Anthropocène n’est pas « l’ère des humains », c’est une ère de crise », déclaraient-ils. Mais le terme de « crise » ne convient guère. Il


Catherine Larrère

Philosophe, Professeur émérite à l'université de Paris I-Panthéon-Sorbonne, Spécialiste de philosophie morale et politique.

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