Enseignants, l’identité introuvable
C’est quoi être enseignante ou enseignant aujourd’hui ? Si l’identité enseignante semble par bien des aspects introuvable, les politiques éducatives en France et ailleurs sont sous-tendues par des modèles du « bon » professeur qui montrent combien la définition de ce qu’est le métier enseignant est une question centrale pour penser la qualité de l’éducation.
L’identité du monde enseignant a longtemps été associée à des récits institutionnels, politiques ou syndicaux. L’image des « Hussards noirs » [1] participe de ce récit qui associe les enseignants de l’école à la construction de la République. Plus tard, au lendemain de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République en 1981, le monde enseignant semble encore constituer l’une des forces sociales majeures qui a porté la nouvelle majorité au pouvoir. Outre la proportion significative et parfois caricaturée d’anciens enseignants parmi les nouveaux députés, on pouvait alors évoquer aussi la place de la Fédération de l’Éducation nationale, la « forteresse enseignante » [2] qui incarnait une certaine unité syndicale et autour d’elle une galaxie d’institutions d’économie sociale à base professionnelle.
Peut-on raisonnablement parler d’une « identité » enseignante ?
Depuis, l’idée d’un monde enseignant homogène et rassemblé autour de références politiques communes a été contestée : son histoire syndicale comme l’examen des préférences politiques de ses membres montre qu’il est traversé par une diversité politique comparable aux autres groupes professionnels. Les études sociologiques [3] montrent également que non seulement des anciens clivages subsistent, à l’image de celui entre professeurs du premier et du second degré, mais que les enseignants constituent en fait des mondes divers tant du point de vue des conditions de travail, des trajectoires scolaires et sociales ou encore des pratiques culturelles. Peut-on alors raisonnablement parler d’une « identité » enseignante au regard de cette