L’État d’Israël, 70e anniversaire
Une fête nationale est une célébration de la naissance d’un État-nation. Comme les drapeaux ou les hymnes, parfois aussi les défilés militaires, elle mobilise cet art du décorum qui se répandit uniformément à l’ère des nationalités en Europe avant de devenir un standard mondial. Il est à peine exagéré d’affirmer que ces objets, figés dans leur majesté surannée, ne séduisent plus aujourd’hui, sous nos latitudes, que les amateurs de kitsch.

Pourtant, il est des cas où ces festivités manifestent une seconde face, réservée aux États-nation qui furent aussi des projets articulés à une certaine idée de l’universel, tels la France républicaine, la Russie soviétique, les États-Unis d’Amérique, le Reich allemand, même s’il en est d’autres quoique moins nets. La célébration s’y accompagne d’une activité particulière que l’on appelle retour sur soi ou bilan. Pour qu’il y ait bilan il faut qu’il y eut projet, projet à réaliser. L’activité y est alors une sorte de métrologie collective consistant à évaluer le parcours qui sépare un moment inaugural du présent. S’y explore et se jauge un état présent à l’aune d’une promesse.
Dès lors qu’un projet comporte une dimension universelle, cette activité métrologique déborde le collectif au sein duquel il était appelé à se réaliser. L’enquête est alors menée par un public dilaté à la mesure des attentes que le projet suscite et du périmètre de concernement qu’il impose ou qui s’impose. La France post-révolutionnaire pensa son acte de naissance comme un moment politique universel et cet événement captiva effectivement les imaginations politiques du long XIXe siècle en Europe. Cette fête concerne l’humanité dans ses aspirations à l’émancipation, se figure-t-elle depuis ; c’est pourquoi le défilé militaire du 14 juillet est ouvert à la participation de toute armée de libération. Le cas de l’Union soviétique en offre un autre exemple puisque le projet domina les espoirs, puis les déceptions, à l’échelle du monde, au point de satu