Le neurocapitalisme et la nouvelle servitude volontaire
Le neurocapitalisme est la phase biocognitive de la valorisation:
la connexion entre esprit, corps, appareils et réseaux semble inextricable
et détermine l’omniprésence envahissante de la médiation technologique.
Le sujet, ses désirs, son potentiel, sont entièrement « mis en valeur »
dans la dimension d’hyperconnexion mondiale où toute l’humanité, des savanes
à la métropole, est maintenant, à des degrés divers, complètement immergée.
Giovanni Iozzoli
De nombreux textes, études et analyses sur le rôle des réseaux informatiques et des médias numériques soutiennent que le développement du capitalisme contemporain serait le résultat d’une ou plusieurs découvertes technoscientifiques plutôt que celui des conditions matérielles et politiques déjà formées au sein du capitalisme industriel. Cette hypothèse pose ainsi une discontinuité entre les différentes formes du capitalisme.
La Ford T et Linux, deux objets techniques universellement connus, peuvent ainsi être présentés comme les symboles des deux ères du capitalisme contemporain : l’ère industrielle et l’actuelle, que certains économistes appellent cognitive [1] car elle met au centre de la production l’exploitation de la connaissance. Partir de ces deux objets représentatifs permet de rendre plus clairs, même pour les non-initiés, les chemins et passages qui ont guidé la naissance de réalités comme le logiciel libre, ou qui ont facilité la diffusion si rapide de la téléphonie mobile, une des technologies qui a le plus influencé les changements de subjectivité.
Le biohypermédia : ce que le numérique fait au cerveau humain et vice-versa
Le pas suivant dans cette approche nous conduit au concept de « biohypermédia » comme dimension actuelle de la médiation technologique qui nous enveloppe. Les réseaux et les technologies connectées et portables, incluant l’internet des objets, nous soumettent à une perception multi-sensorielle dans laquelle espaces réel et virtuel se confondent, étendant et amplifiant les st