International

Madagascar : deux hommes pour la présidence, et quelques questions

Économiste et politiste

Ce mercredi 19 décembre les électeurs malgaches étaient appelés aux urnes pour départager deux hommes aux conceptions très différentes du pouvoir : Marc Ravalomanana, qui fut président jusqu’en 2009, et Andry Rajoelina, dit le DJ, qui le renversa. Dans un pays marqué par la pauvreté et l’insécurité, il faudra attendre le 11 janvier pour connaître le nom du vainqueur. Tour d’horizon de la situation politique de Madagascar dans l’attente des résultats officiels.

Dans ce pays très chrétien qu’est Madagascar, Noël est devenue une fête universelle, moment familial et, pour beaucoup, de rupture avec une pauvreté quotidienne. L’élection de mercredi 19 décembre, qui doit déterminer qui d’Andry Rajoelina ou de Marc Ravalomanana sera le prochain président, apparaît donc déjà estompée par d’autres attentes ou d’autres soucis. Néanmoins, il est impossible d’échapper à la confrontation entre Marc Ravalomanana, un ancien magnat laitier qui fut président à partir de 2002 et Andry Rajoelina, surnommé le DJ, qui le renversa en 2009. Les résultats du scrutin du 19 décembre 2018 ne seront officialisés que le 11 janvier 2019. Le suspense et la tension vont donc prolonger l’opposition entre deux conceptions du pouvoir dans un pays marqué par la misère et l’insécurité.

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A Madagascar, la défaite en novembre 2018 du président sortant Hery Rajaonarimampianina n’était pas inéluctable. L’année précédente, nombre de milieux d’affaires et de diplomates envisageaient encore son succès. Mais à partir d’avril 2018, son ancien patron, Andry Rajoelina, lui a mené une guerre politique et sociale sans répit, réussissant ainsi à occulter ses propres failles durant la Haute Autorité de Transition (2009-2013) : accroissement de la défiance vis-à-vis de l’État et complaisance avec les lobbies les plus puissants, dont l’armée. Ainsi, la phase préélectorale a été parsemée de coups de force dont des menaces contre le président en exercice et l’imposition d’un gouvernement d’union nationale reflétant la mainmise du candidat Rajoelina sur le parlement et une bonne partie de la classe politique. Mais s’arrêter à ces distorsions ne suffit pas.

Il faut considérer le substrat du processus électoral caractérisé par l’insertion de nouvelles factions criminelles dans les configurations partisanes subsistantes, héritières mal en point d’une troisième république malgache déchirée par des guerres civiles de faible intensité. Ce serait aussi sous-estimer le regard de


[1] « Hery Rajaonarimampianina est le candidat officieux de Andry Rajoelina. Il dispose du soutien d’une majorité de ministre et conseiller de ce dernier. Il est soutenu par une large plateforme de Partis et d’Associations dont le “Groupe avec le Président Rajoelina” ». Manuel pour la Mission d’Observation électorale du SADC-ECF

[2] La sécurité alimentaire est définie par la FAO comme « l’accès des populations, en tout temps et en tout lieux, à une alimentation saine, équilibrée et adaptée aux préférences alimentaires ». La première condition d’accès est donc que la nourriture soit disponible, soit par la production familiale, soit sur les marchés, y compris dans les zones très enclavées. Mais, même si l’offre existe, il faut que les ménages puissent se la procurer à un prix compatible avec leurs revenus monétaires.

[3] David Rajaona, IEP de Tananarive : « Les îles éparses semblent être occultées du lexique électoral alors qu’il n’y a pas longtemps, ce sujet se trouvait sous les feux de l’actualité et faisait jaser plus d’un. Les candidats qui osent aborder le sujet se comptent sur les doigts de la main… l’affirmer davantage ou une mise à l’écart de l’international tendant à être relégué à la marge ? »

[4] Andry Nirina Rajoelina a été maire d’Antananarivo (2007-2009). En 2009, il est devenu le leader des opposants du régime de Ravalomanana, président de la République de février 2002 à mars 2009. Son arrivée à la tête de l’État, le 17 mars 2009, suscite des débats passionnés et partisans. Pour ses opposants, il s’agit d’un coup d’État, tandis que ses partisans affirment le contraire.

Olivier Vallée

Économiste et politiste, Chercheur indépendant

Notes

[1] « Hery Rajaonarimampianina est le candidat officieux de Andry Rajoelina. Il dispose du soutien d’une majorité de ministre et conseiller de ce dernier. Il est soutenu par une large plateforme de Partis et d’Associations dont le “Groupe avec le Président Rajoelina” ». Manuel pour la Mission d’Observation électorale du SADC-ECF

[2] La sécurité alimentaire est définie par la FAO comme « l’accès des populations, en tout temps et en tout lieux, à une alimentation saine, équilibrée et adaptée aux préférences alimentaires ». La première condition d’accès est donc que la nourriture soit disponible, soit par la production familiale, soit sur les marchés, y compris dans les zones très enclavées. Mais, même si l’offre existe, il faut que les ménages puissent se la procurer à un prix compatible avec leurs revenus monétaires.

[3] David Rajaona, IEP de Tananarive : « Les îles éparses semblent être occultées du lexique électoral alors qu’il n’y a pas longtemps, ce sujet se trouvait sous les feux de l’actualité et faisait jaser plus d’un. Les candidats qui osent aborder le sujet se comptent sur les doigts de la main… l’affirmer davantage ou une mise à l’écart de l’international tendant à être relégué à la marge ? »

[4] Andry Nirina Rajoelina a été maire d’Antananarivo (2007-2009). En 2009, il est devenu le leader des opposants du régime de Ravalomanana, président de la République de février 2002 à mars 2009. Son arrivée à la tête de l’État, le 17 mars 2009, suscite des débats passionnés et partisans. Pour ses opposants, il s’agit d’un coup d’État, tandis que ses partisans affirment le contraire.