Les États-Unis face aux grèves de la faim dans les centres de rétention de migrants
On sait désormais le tollé de la politique américaine de « tolérance zéro » sur l’immigration : séparation des familles, détention indéfinie en attendant l’examen judiciaire des demandes d’asile, conditions de vie indignes dans des cellules insalubres et surpeuplées. Il s’agit là du résultat prévisible de la logique de « crimmigration », qui consiste à traiter l’immigration sous les espèces du droit criminel, en particulier en mobilisant les ressources des forces de l’ordre (témoins les raids récents sur les communautés latino‑américaines), et en traitant les demandeurs d’asile comme des criminels, tout cela en violation du droit international. Plus de 40 000 migrant·es sont actuellement détenu·es dans les centres de rétention du Service de l’Immigration et des Douanes (Immigration and Customs Enforcement ou ICE).
Mais on est généralement moins au fait des nombreuses grèves de la faim qui ont été organisées dans ces centres depuis que Donald Trump est Président. En 2018, 60 migrant·es étaient en grève de la faim à Tacoma, dans l’Etat de Washington, pour demander l’accès aux soins et le regroupement des familles. En mars 2019, 24 migrant·es (150 selon les activistes locaux) ont effectué une grève de la faim en Louisiane pour contester leur détention prolongée.
Neuf autres entamèrent une grève de la faim à El Paso, dans l’état du Texas, le même mois. Plus d’une centaine de migrant·es en détention organisèrent des grèves de la faim ces derniers mois en Louisiane, au Texas, en Californie, dans l’Etat de Washington et en Floride, pour protester contre les conditions de leur détention et demander d’être relâchés en attendant que leur cas soit examiné.
Comment le gouvernement américain gère-t-il ces grèves de la faim ? Fidèle à sa logique de crimmigration, l’ICE place les grévistes en détention solitaire, les déporte vers leur pays d’origine (où ils craignent pour leur vie), les attaque au gaz lacrymogène, les hydrate et alimente de force et les menace de tout c