La « bombe démographique » en Afrique : pas si simple !
Malgré la grande diversité des politiques de développement, des stratégies des agences d’aide, des considérations géopolitiques, et des analyses de chercheurs, il y a parfois quelques rares consensus qui émergent et se stabilisent dans le monde du développement et des relations à l’Afrique. La nécessité de réduire la natalité en Afrique, et en particulier au Sahel, en est un.
Experts comme responsables politiques s’accordent tous sur la menace que représentent les taux actuels de fécondité : 7,2 enfants par femme au Niger, 6,2 au Mali. Dans ces pays dont les dirigeants sont souvent contestés, que la menace terroriste affaiblit chaque jour un peu plus, où des centaines de milliers de jeunes arrivent chaque année sur un marché de l’emploi exsangue, et qui connaissent de plus en plus une immigration incontrôlable vers l’Europe, la poursuite de l’actuelle natalité fait figure de cauchemar absolu ; près de 80 millions de Nigériens en 2050 pour 20 millions aujourd’hui, alors que les terres cultivables sont déjà saturées et épuisées, que l’industrialisation est presque nulle, et que le secteur tertiaire est à dominante informelle.
La nécessité impérieuse de promouvoir une baisse de la natalité n’est pas seulement exprimée par les spécialistes (démographes en particulier) mais aussi par les gouvernants européens (on se rappellera ainsi le discours de Macron lors du G20 à Hambourg en 2017). Bien évidemment les intérêts des pays européens eux-mêmes ont beaucoup à voir avec cette sollicitude, qui ne procède pas seulement de considérations humanitaires : des dizaines de millions de jeunes Sahéliens sans emploi demain ou après-demain, cela ferait exploser les flux migratoires et serait du pain béni pour les jihadistes.
Les priorités des pays européens, en matière d’aide aux pays africains, sont aujourd’hui convergentes et clairement définies : lutte contre l’insécurité, lutte contre les migrations, lutte contre la surnatalité. Toutes trois vont de pair, et drainent d