Mobilités des uns, confinements des autres

« Le confinement. » Il a fallu moins d’un an pour que ce mot, auparavant plutôt allégorique et peu employé dans le langage courant, s’impose dans notre quotidien, au point d’être discuté chaque jour, sur toutes les chaines d’information, en suivant le mode de raisonnement qu’elles affectionnent tant et qui réduit chaque évènement à un petit plébiscite : pour ou contre.
Depuis, « le confinement » nous apparaît comme un outil de régulation des flux afin de soulager un hôpital en incapacité de faire face à ce que la pandémie lui impose. Les privations de liberté et l’obligation à l’immobilité relèvent du management du soin et c’est au politique de fixer le curseur quand la raison médicale plaiderait plutôt « pour » (le confinement qui sauve des vies) et la realpolitik « contre » (le confinement qui tue l’économie).
Mais derrière l’évidence d’une situation qui s’étire, le mot se vide de son sens. Son omniprésence participe au brouillage des réalités sociales les plus triviales tant « le confinement » renvoie à des processus moins homogènes, moins nouveaux et moins figés que ce que son martèlement laisse croire. C’est notamment le cas avec deux grandes questions remis sous le feux des projecteurs par la pandémie et le confinement : la question sociale et la question écologique.
La question sociale au prisme du confinement : promiscuité et mobilités contraintes
On voit bien que, derrière « le » confinement, se décline toute une gamme de situations sociales. La vraie question est sans doute plutôt celle de la promiscuité – un terme absent des débats quotidiens qui paraît pourtant plus pertinent que celui de « confinement ».
D’un point de vue sanitaire, le confinement efficace est en effet un confinement sans promiscuité, un confinement où chacun dispose d’un espace à soi et où les contacts physiques sont minimisés et minimisables. On pourrait dire la même chose du point de vue de son acceptabilité mentale : il est plus facile de « faire avec » la privation de mo