Mobilisations en Corse : avancée ou régression ?
L’éternel retour de la violence ?
On aurait pu croire que la présence au pouvoir des nationalistes depuis plus de six ans fournissait la preuve que l’on avait atteint la fin d’un cycle de violence ayant commencé lors de l’affaire d’Aléria à l’été 1975 : l’occupation de la cave Depeille par un groupe de militants qui n’étaient pas encore des nationalistes mais qui protestaient contre la mainmise des rapatriés d’Algérie sur les terres agricoles et leurs activités frauduleuses (chaptalisation du vin notamment) avait contribué à transformer ce qui était alors une forme de régionalisme ou d’autonomisme modéré en nationalisme clandestin fondé sur une dramaturgie de la violence qui s’inspirait quant à son imagerie des luttes de libération nationale des peuples colonisés mais qui s’en éloignait par le manque d’intérêt pour un projet économique et politique à visée émancipatrice.

Les violences consécutives à l’assassinat d’Yvan Colonna dans des conditions barbares prouvent qu’il n’en est rien et que ce qu’on a pris l’habitude d’appeler la « question corse » reste en suspens. Tout ça pour ça, a-t-on envie de dire. Les remarques qui suivent éviteront les conclusions hâtives et les prédictions sur la résurgence d’un programme indépendantiste qui rejouerait la séquence qui va de 1975 à 1995, non pas sous forme de farce, mais de tragédie amplifiée. Commençons par un paradoxe : c’est en grande partie l’État qui a contribué à faire naître le nationalisme en opposant à ce qui n’était qu’une révolte paysanne une riposte disproportionnée dans laquelle certains virent, sans doute de manière outrancière, un modèle réduit de la répression en Algérie.
L’histoire de la Corse au cours du dernier demi-siècle a été rythmée par l’alternance d’action et d’inaction de la part de l’État, correspondant à une constante du rapport du centre à la périphérie corse, entrelacs de bouffées répressives et de moments de laisser-faire, en particulier en matière de grande délinquance. En opposant a