International

Accueil et intégration des réfugiés : l’ambivalence polonaise

Politiste et historien

La Pologne accueille des millions de réfugiés ukrainiens. On les remarque aussitôt, on les entend dans les rues. On leur sourit. L’atmosphère est différente. En moins de deux mois, les grandes villes ont vu leurs populations gonflées, de 19 % à Cracovie à 25 % à Gdansk. Une migration rapide, traumatisante pour ceux qui doivent partir. Elle se présente comme un défi majeur sur le flanc Est de l’Europe, alors que la guerre se poursuit.

Le premier accueil a été chaleureux, l’œuvre d’une population polonaise sensibilisée par les dangers de cette guerre. Elle s’est précipitée à la rencontre des foules qui s’entassaient aux postes-frontières ; des associations et beaucoup de collectivités locales ont organisé un système efficace et bénévole de prise en charge. Le gouvernement s’est montré solidaire de l’Ukraine face à la Russie, il a mis en place la directive européenne de protection temporaire débloquée le 3 mars par la Commission européenne. Une loi a été adoptée.

Chaque réfugié venant d’Ukraine a pu bénéficier rapidement, parfois en quelques heures, d’un statut protecteur pour dix-huit mois renouvelables, comprenant des aides financières, un hébergement provisoire, le droit au travail, l’accès aux services de santé, à l’école pour les enfants, un numéro de sécurité sociale et le bénéfice de nombreux services sociaux. Fin avril, plus d’un million de personnes ont déjà leur numéro. Certains bénéficient d’un accueil particulier comme par exemple les Roms ukrainiens à Bialystok, dans un centre dédié.

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Deux frontières

Deux groupes font exception. Les non ukrainiens venant d’Ukraine, 258 000 selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), des étudiants ou travailleurs étrangers, des conjoints ou conjointes d’Ukrainiens (25 nationalités représentées). Ils n’obtiennent pas une protection aussi longue, seulement quinze jours renouvelables, et sont invités à rentrer dans leur pays d’origine.

Cette population a fait parfois l’objet de préjugés et de discriminations racistes à la frontière. Des associations comme celle des jeunes du Club des intellectuels catholiques (KIK) ou des mouvements de jeunes Juifs, se sont rendus à la frontière pour s’adresser particulièrement à eux. Des auberges, à Varsovie et Cracovie, ont été spécialement aménagées.

L’autre exception est héritée de la crise avec la Biélorussie cet hiver, et évolue dans une toute autre direction. On se souvient qu’Alexandre Loukac


[1] Haut de 5,5 mètres, en acier (50 000 tonnes !), doté de barbelés et de 2500 caméras, il devrait être terminé en septembre. Son coût : autour de 400 millions d’euros. Gazeta Wyborcza, 15 avril 2022.

[2] Communiqué signé Myroslava  Keryk, présidente de la Fondation « Nasz Wybór » et  Mirosław Skórka, président de l’Union des Ukrainiens de Pologne, in Gazeta Wyborcza, 7 avril 2022.

[3] Le Monde, 29 avril 2022.

[4] Piotr Pacewicz , directeur d’OKO press, qui publie  « Lettre au Premier ministre et aux chefs de partis » le 13 avril 2022.

Jean-Yves Potel

Politiste et historien, Professeur associé à l’Institut d’études européennes de l’université de Paris 8.

Notes

[1] Haut de 5,5 mètres, en acier (50 000 tonnes !), doté de barbelés et de 2500 caméras, il devrait être terminé en septembre. Son coût : autour de 400 millions d’euros. Gazeta Wyborcza, 15 avril 2022.

[2] Communiqué signé Myroslava  Keryk, présidente de la Fondation « Nasz Wybór » et  Mirosław Skórka, président de l’Union des Ukrainiens de Pologne, in Gazeta Wyborcza, 7 avril 2022.

[3] Le Monde, 29 avril 2022.

[4] Piotr Pacewicz , directeur d’OKO press, qui publie  « Lettre au Premier ministre et aux chefs de partis » le 13 avril 2022.