Qui nous protège de la police ?
L’homicide policier à l’origine de la mort de Nahel, 17 ans, à Nanterre, le 27 juin dernier, a reposé deux questions centrales. La première est la suivante : pourquoi n’avons-nous rien appris des émeutes de la mort précédentes, sans en tirer les leçons ? Les effets conjugués de la vague de colère populaire qui a suivi la diffusion de vidéo devenue virale, non seulement en France mais dans de nombreux pays, montrant sans ambiguïté le policier tuer à bout portant le jeune homme de nationalité algérienne et française, a soulevé bien l’indignation et bien des questions.

Afin de tenter d’y répondre « à chaud » et de comprendre, alors que l’émeute ne cessait de se propager de jour en jour, la comparaison avec les émeutes de 2005 s’est imposée comme une évidence. Comme ce fut le cas il y a presque vingt ans, de nombreux chercheur·e·s en sciences sociales ont été sollicité·e·s par les médias pour décrypter et qualifier l’événement. Or des questions posées à partir des éléments du cadrage policier du problème, on a pu constater – à nouveau – une totale méconnaissance de la situation sociale dans les quartiers populaires dont on parle et de la dimension politique de l’émeute. En outre, cette comparaison avec 2005 a laissé pensé et croire que l’histoire récente de ces révoltes populaires des « sans voix » commençait là et s’y réduisait. En fait, il s’agit d’une vision de l’esprit, une croyance, une pure construction sociale, comme on le rappellera.
La seconde question qui n’a pas été posée est celle-ci : qui nous protège de la police, qu’elle soit nationale ou municipale, de sa vision de l’ordre public, de son racisme institutionnel débridé ? Nous c’est-à-dire la population, les citoyens ordinaires. Soigneusement évitée, on ne peut pas ne pas la poser au regard de l’impressionnante série d’homicides policiers, de l’accumulation des propos racistes et des pratiques discriminatoires envers les jeunes et les familles des quartiers populaires à partir d’une typologie des