Société

Digitalisation versus droits humains et éthique ?

Sociologue

Dans le discours officiel des bureaucraties ou des promoteurs des nouvelles technologies, la digitalisation est présentée comme une innovation technique destinée à transformer la vie professionnelle et quotidienne de milliers d’individus. Ainsi, depuis 2012, le gouvernement camerounais a adopté des technologies biométriques pour produire un registre de vote sécurisé. Cependant, cette digitalisation, se faisant au moyen de procédures standardisées, ne prend pas toujours en compte la diversité des situations, refoulant par là même de nombreuses personnes des registres de vote.

La digitalisation des processus institutionnels, avec l’ambition du devenir agile, peut parfois aller à l’encontre des bénéficiaires et même entraîner des violations flagrantes des droits humains et de l’éthique[1].

publicité

Dans le discours officiel des bureaucraties ou des promoteurs des nouvelles technologies, la digitalisation est présentée comme une innovation technique destinée à transformer la vie professionnelle et quotidienne de milliers d’individus. La digitalisation, par l’automatisation et l’accélération des procédures, vise à accroître la capacité des institutions à résoudre des problèmes et à fournir des solutions efficaces, bien loin des pratiques de travail traditionnelles. Les expériences de digitalisation sont souvent présentées au public comme une avancée significative vers l’universalisation de l’accès aux droits et aux services sociaux. La digitalisation apparaît ainsi comme un moyen de fournir un meilleur service, de faciliter la formulation de demandes auprès de l’administration (inputs) et de mieux répondre aux demandes des citoyens (outputs).

Ainsi, la digitalisation devient une nouvelle forme de mécanisation du travail bureaucratique, visant à transformer le gouvernement en une véritable machine utilisant la technologie pour renforcer son pouvoir et l’efficacité de son action. La virtualisation et la digitalisation des processus autrefois matériels, ainsi que l’intégration de la transmission d’informations digitales dans des chaînes de traitement analogique, conduisent par conséquent à une accélération simultanée de la production, de la circulation et de la consommation. Mais la digitalisation favorise-t-elle systématiquement le bonheur et un meilleur traitement des besoins des usagers des services publics ?

Pour répondre à cette question, cette réflexion met en perspective une image de ce que la digitalisation des services publics fait aux usagers, en s’appuyant sur le film I, Daniel Blake récemment analysé sous le prisme de la sociologie


[1] Cette réflexion s’inscrit dans le cadre du programme « Population, Ethics, and Human Rights Fellowship », porté par l’International Union for the Scientific Study of Population (IUSSP) et ses partenaires, l’Institute on Inequalities in Global Health (USC IIGH), University of Southern California (United States), Wits Institute for Social and Economic Research (WiSER), University of Witwatersrand (South Africa), and Initiative for Social and Economic Rights (ISER, Uganda).

Georges Macaire Eyenga

Sociologue, Chercheur au Wits Institute for Social and Economic Research de l'Université de Wits en Afrique du Sud

Notes

[1] Cette réflexion s’inscrit dans le cadre du programme « Population, Ethics, and Human Rights Fellowship », porté par l’International Union for the Scientific Study of Population (IUSSP) et ses partenaires, l’Institute on Inequalities in Global Health (USC IIGH), University of Southern California (United States), Wits Institute for Social and Economic Research (WiSER), University of Witwatersrand (South Africa), and Initiative for Social and Economic Rights (ISER, Uganda).