Digitalisation versus droits humains et éthique ?
La digitalisation des processus institutionnels, avec l’ambition du devenir agile, peut parfois aller à l’encontre des bénéficiaires et même entraîner des violations flagrantes des droits humains et de l’éthique[1].

Dans le discours officiel des bureaucraties ou des promoteurs des nouvelles technologies, la digitalisation est présentée comme une innovation technique destinée à transformer la vie professionnelle et quotidienne de milliers d’individus. La digitalisation, par l’automatisation et l’accélération des procédures, vise à accroître la capacité des institutions à résoudre des problèmes et à fournir des solutions efficaces, bien loin des pratiques de travail traditionnelles. Les expériences de digitalisation sont souvent présentées au public comme une avancée significative vers l’universalisation de l’accès aux droits et aux services sociaux. La digitalisation apparaît ainsi comme un moyen de fournir un meilleur service, de faciliter la formulation de demandes auprès de l’administration (inputs) et de mieux répondre aux demandes des citoyens (outputs).
Ainsi, la digitalisation devient une nouvelle forme de mécanisation du travail bureaucratique, visant à transformer le gouvernement en une véritable machine utilisant la technologie pour renforcer son pouvoir et l’efficacité de son action. La virtualisation et la digitalisation des processus autrefois matériels, ainsi que l’intégration de la transmission d’informations digitales dans des chaînes de traitement analogique, conduisent par conséquent à une accélération simultanée de la production, de la circulation et de la consommation. Mais la digitalisation favorise-t-elle systématiquement le bonheur et un meilleur traitement des besoins des usagers des services publics ?
Pour répondre à cette question, cette réflexion met en perspective une image de ce que la digitalisation des services publics fait aux usagers, en s’appuyant sur le film I, Daniel Blake récemment analysé sous le prisme de la sociologie