Migrations

Un facteur de progrès social sous menace – L’immigration sahélienne en France 2/2

Juriste

Dans ce second volet d’un article sur l’immigration sahélienne en France, l’ancien ministre du travail malien Ousmane Oumarou Sidibé montre combien le paradigme sécuritaire et restrictif au coeur de la politique migratoire française masque les opportunités – à la fois économiques, culturelles et sociales – qu’offre l’immigration régulière entre l’Afrique et l’Europe.

Les reportages des médias européens sur la migration africaine en Europe sont polarisés autour de la figure du « clandestin » et s’intéressent peu à sa contribution économique, sociale et culturelle dans les pays d’accueil et pour les communautés d’origine.

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De manière générale, elle est présentée davantage comme un problème à résoudre, plutôt qu’une opportunité à optimiser, tout en cherchant à en minimiser les désavantages, qui sont réels.

Ce regard des médias influence la perception du phénomène migratoire par les citoyens européens, et nourrit une vision unilatérale, en l’absence d’un contre-récit, qui aurait pu être construit par les médias africains, et la recherche. Mais les médias africains sont très faiblement dotés et il n’existe quasiment pas de recherche africaine autonome sur les migrations.

Dans les universités africaines, la migration n’existe pas comme discipline, les quelques chercheurs qui s’y intéressent s’engagent plutôt dans des équipes internationales, dont les hypothèses de recherche sont influencées par des présupposés venus d’ailleurs, ce qui n’aide guère les décideurs à développer une politique migratoire basée sur les réalités et les besoins africains. Sur le continent, seules quelques institutions développent des formations et des recherches spécialisées sur la question migratoire. Il s’agit des Centres d’études sur les migrations de l’Université américaine du Caire, de l’Université du Ghana, et de l’Université de Witwatersrand en Afrique du Sud.

En réalité, c’est toute la conception du travail dans les sociétés sahéliennes qui est orientée vers les solidarités familiales et communautaires. Qu’est ce qui donne du sens au travail ? En d’autres termes pourquoi travaille-t-on ? Pour soi-même, sa famille, sa communauté, l’entreprise ou la société ?

Même s’il y a des valeurs partagées par l’ensemble des communautés humaines, la réponse à ces questions dépend aussi des ressorts socioculturels de chaque société. En Afrique comme ailleurs


[1] Axelle Kabou, Et si l’Afrique refusait le développement ?, L’Harmattan, 1991.

[2] Thérèse Locoh, « Structures familiales et changements sociaux », in Dominique Tabutin (éd.), Population et sociétés en Afrique au Sud du Sahara, L’Harmattan, 1988, pp. 441-478.

[3] Thérèse Locoh, « Familles africaines face à la crise », Afrique contemporaine, n°166, avril juin, pp. 3-14, 1993 ; Thérèse Locoh, « La solidarité familiale est-elle un amortisseur de la crise ? », Pop Sahel, n° 19, août, pp. 20-25, 1993.

[4] Sally E. Findley, « Choosing between African and French destination. The role of family community factors in migration from Senegal river valley », CERPOD (Working Paper n°5), 1990.

[5] Christophe Daum (coord.), Quand les immigrés du Sahel construisent leur pays, L’Harmattan-Institut Panos, 1993.

[6] Ibid.

[7] Xavier Chojnicki et al., op.cit.

[8] Pierre Lambert et Christophe Pettiti, Les Mesures relatives aux étrangers à l’épreuve de la convention européenne des droits de l’homme, Bruylant, 2003.

[9] Xavier Chojnicki et al., op.cit

[10] Ibid.

[11] Christophe Daum, « Les migrants partenaires de la coopération internationale : le cas des maliens en France », Document technique n.107, Centre de Développement de l’OCDE, 1995.

[12] Marie Hélenne Libercier, Hartmut Schneider, Les Migrants : partenaires pour le développement, Centre de développement de l’OCDE, 1996.

[13] Christophe Daum, ibid.

[14] François Héran, « Le débat public sur l’immigration en France est en décalage complet par rapport aux réalités de base » », Le Monde,‎ 8 novembre 2022.

[15] Arnaud Philippe et Jérôme Valette, « Immigration et délinquance : réalités et perceptions », La lettre du CEPII, N°436, avril 2023.

[16] Ibid.

[17] Giovanni Mastrobuoni, Paolo Pinotti, « Legal Status and the Criminal Actvity on Immigrants », SSRN Electronic Journal 7(2), University of Essex, janvier 2014.

[18] Pierre Buhler, « Le recours à l’immigration de travail est inéluctable » », Le Monde,‎ 7 juin 2023.

[19] Nous emprun

Ousmane Oumarou Sidibé

Juriste, Professeur de droit émérite à l’Université de BamakoAncien ministre du travail du Mali

Notes

[1] Axelle Kabou, Et si l’Afrique refusait le développement ?, L’Harmattan, 1991.

[2] Thérèse Locoh, « Structures familiales et changements sociaux », in Dominique Tabutin (éd.), Population et sociétés en Afrique au Sud du Sahara, L’Harmattan, 1988, pp. 441-478.

[3] Thérèse Locoh, « Familles africaines face à la crise », Afrique contemporaine, n°166, avril juin, pp. 3-14, 1993 ; Thérèse Locoh, « La solidarité familiale est-elle un amortisseur de la crise ? », Pop Sahel, n° 19, août, pp. 20-25, 1993.

[4] Sally E. Findley, « Choosing between African and French destination. The role of family community factors in migration from Senegal river valley », CERPOD (Working Paper n°5), 1990.

[5] Christophe Daum (coord.), Quand les immigrés du Sahel construisent leur pays, L’Harmattan-Institut Panos, 1993.

[6] Ibid.

[7] Xavier Chojnicki et al., op.cit.

[8] Pierre Lambert et Christophe Pettiti, Les Mesures relatives aux étrangers à l’épreuve de la convention européenne des droits de l’homme, Bruylant, 2003.

[9] Xavier Chojnicki et al., op.cit

[10] Ibid.

[11] Christophe Daum, « Les migrants partenaires de la coopération internationale : le cas des maliens en France », Document technique n.107, Centre de Développement de l’OCDE, 1995.

[12] Marie Hélenne Libercier, Hartmut Schneider, Les Migrants : partenaires pour le développement, Centre de développement de l’OCDE, 1996.

[13] Christophe Daum, ibid.

[14] François Héran, « Le débat public sur l’immigration en France est en décalage complet par rapport aux réalités de base » », Le Monde,‎ 8 novembre 2022.

[15] Arnaud Philippe et Jérôme Valette, « Immigration et délinquance : réalités et perceptions », La lettre du CEPII, N°436, avril 2023.

[16] Ibid.

[17] Giovanni Mastrobuoni, Paolo Pinotti, « Legal Status and the Criminal Actvity on Immigrants », SSRN Electronic Journal 7(2), University of Essex, janvier 2014.

[18] Pierre Buhler, « Le recours à l’immigration de travail est inéluctable » », Le Monde,‎ 7 juin 2023.

[19] Nous emprun