International

Multipolarité dystopique : portrait d’un monde qui vient

Philosophe

Pour donner du sens aux conflits qui font rage dans l’Est de l’Europe et au Moyen Orient, il est fréquent d’invoquer la résurgence d’une opposition entre deux camps. Ainsi d’aucuns pointent-ils la menace que la formation d’un axe des autocraties totalitaires fait peser sur le monde libre des démocraties, tandis que d’autres guettent le rapprochement des réfractaires à l’impérialisme occidental issus du Sud global et des sociétés civiles du Nord. Familière et d’un usage commode, cette double clé de lecture risque pourtant de perdre toute valeur heuristique si, comme on peut le craindre, Donald Trump revient à la Maison Blanche en janvier 2025.

Le monde est-il redevenu bipolaire ? Tirée des propos de Joe Biden aux premiers jours de l’agression subie par l’Ukraine, l’hypothèse d’un retour à la case guerre froide a fait son chemin depuis lors, d’abord sous la forme, choisie par le président américain, d’une confrontation planétaire entre « démocraties et autocraties », puis dans la version privilégiée par Vladimir Poutine lui-même, qui oppose l’« Occident global » aux pays réfractaires à son hégémonie.

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Sans doute trouvera-t-on peu d’observateurs sérieux pour valider les prétentions colportées par ces représentations. Respecter les libertés fondamentales de ses concitoyens n’est pas une condition requise pour recevoir l’aval de Washington et le Kremlin peut difficilement être tenu pour le quartier général des partisans du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Reste que de telles objections n’affectent guère l’attrait du prisme qui rapporte les conflits en cours à un antagonisme entre deux blocs.

Ainsi en va-t-il des avocats respectifs du droit d’Israël à se défendre et de la lutte des Palestiniens pour leur libération : les premiers ne manquent jamais de présenter l’État hébreu comme un avant-poste exposé du monde libre, tandis que les seconds en sont réduits à gager le sort de leur cause sur la mobilisation des populations rétives à l’impérialisme occidental. Il se pourrait toutefois que, sous ses deux modalités, cette clé de lecture des conflits internationaux se révèle bientôt caduque.

Parallèles hasardeux

Non content de jeter un même opprobre sur l’incursion meurtrière des miliciens du Hamas et l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, Joe Biden a justifié son blanc-seing à la riposte israélienne en l’associant à la résistance ukrainienne, comme si l’une et l’autre relevaient de la légitime défense de démocraties menacées par les visées expansionnistes de leurs autocratiques voisins. Concurremment destiné à fixer les regards de ses électeurs sur les crimes du 7 octobre 2023 et à convaincre les élus Républicains de ne pas sacrifier Kyiv à Jérusalem, le rapprochement des deux situations ne plaçait pas moins le président Démocrate en porte-à-faux avec ses propres engagements.

Car pour lui accorder la moindre cohérence, il faudrait admettre qu’à l’instar du Donbass et de la Crimée, la Cisjordanie et Gaza sont des territoires appartenant à Israël mais provisoirement annexés et administrés par des autorités fantoches – le Fatah d’un côté, le Hamas de l’autre. Or, en vertu de son soutien de principe à la reprise d’un processus de paix conduisant à l’établissement de deux États, l’hôte de la Maison Blanche ne peut souscrire au projet, caressé par Benyamin Netanyahou et la coalition qu’il dirige, de mettre fin à l’occupation palestinienne de la « Judée » et de la « Samarie ».[1]

À défaut d’en assumer les implications logiques, l’administration Biden n’a pas renoncé à user de l’analogie entre la mobilisation des Ukrainiens contre l’envahisseur russe et la réaction israélienne à l’« opération déluge d’al-Aqsa », quitte à s’enferrer dans des contradictions embarrassantes. Ainsi s’obstine-t-elle à occulter les violations patentes du droit humanitaire commises par Tsahal — priver la population de ressources vitales, la chasser de chez elle pour détruire son habitat, dénier aux écoles et aux hôpitaux le statut de sanctuaires — alors qu’il y a quelques mois à peine, le secrétaire d’État Anthony Blinken n’hésitait pas à condamner les crimes de guerre dont l’armée russe se rendait coupable en visant les infrastructures civiles : « le chauffage, l’eau, l’électricité, expliquait-il, (…) telles sont les nouvelles cibles privilégiées par Vladimir Poutine. » Et d’ajouter que « la brutalisation du peuple d’Ukraine est barbare. »[2]

À l’appui de leur inégale sévérité envers Moscou et Jérusalem, la Maison Blanche et le Département d’État avancent que, contrairement aux Russes et au Hamas, les Israéliens ne s’en prennent pas délibérément à la population. Mais ce sont alors leurs protégés qui se chargent de les démentir : loin d’afficher leur souci d’épargner les civils, les préposés à la liquidation du mouvement islamiste soutiennent plutôt que cette appellation ne s’applique pas aux Gazaouis. Ainsi, dès le 10 octobre 2023, le général Ghassan Alian – qui exerce la fonction de Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires – n’a-t-il laissé aucun doute sur la nature de la campagne à venir : « (d)es animaux humains doivent être traités en tant que tels. Pas d’électricité et pas d’eau à Gaza, il n’y aura que la destruction. Vous avez voulu l’enfer, vous l’aurez. »[3]

Prolongations

Les accusations d’hypocrisie auxquelles s’exposent les autorités américaines suffisent-elles à discréditer leur version de la division du monde en deux camps ? Pour l’heure, et des deux côtés de l’Atlantique, il semblerait que non.

Les alliés européens des États-Unis ont en effet leurs propres raisons, sinon d’approuver les méthodes de l’armée israélienne, du moins de porter les objectifs qu’elle poursuit au compte du combat des démocraties contre un nouveau péril totalitaire, et par conséquent de traiter les effets de son intervention comme les dommages collatéraux de la nécessaire éradication du Hamas. Plus qu’à un alignement docile sur la position américaine, leur tropisme s’apparente à un plaidoyer pro domo.

Car une fois admis que les milliers d’enfants tués à Gaza n’affectent pas la légitimité de l’opération responsable de leur mort, que pourrait-on bien reprocher aux gouvernements de l’Union Européenne qui, pour protéger leurs administrés du terrorisme, se bornent à durcir sans cesse les textes régissant le droit du séjour, à revenir sur leurs engagements au titre de la Convention de Genève sur l’asile et, le cas échéant, à laisser les exilés se noyer en Méditerranée ou dans le détroit de la Manche ? Ainsi que l’énonce l’adage : qui peut le plus, peut le moins.

Dans l’immédiat, la représentation de la bipolarité proposée par Vladimir Poutine ne souffre pas davantage de l’exacerbation des hostilités au Moyen Orient. Au contraire, que les dirigeants du G7 s’accordent à couvrir les exactions commises à Gaza ne peut que disposer quiconque s’en indigne à entériner l’existence d’un « Occident global » et, partant, à encourager la coopération des acteurs déterminés à secouer son joug.

Parmi ces derniers, d’aucuns sont certes lestés d’un lourd passif en matière d’atteintes aux libertés publiques, aux droits des minorités ou même à la souveraineté de leurs voisins. Il est toutefois de tradition, chez les contempteurs de l’impérialisme occidental, de tenir celui-ci pour la cause première des violences ostensiblement imputables à ses adversaires.

Une telle étiologie ne se rapporte pas seulement à la lutte armée des Palestiniens – au titre de résistance à un occupant qui est le premier bénéficiaire de l’aide militaire américaine. Ses promoteurs l’appliquent aussi à des cas où son usage nécessite un considérable effort d’imagination, comme lorsqu’il s’est agi de voir la main de Washington dans le soulèvement du peuple syrien que Bachar el-Assad s’est ensuite trouvé contraint d’écraser ou, plus récemment, d’interpréter l’« opération spéciale » destinée à « dénazifier » l’Ukraine comme une malencontreuse surréaction du président russe aux incessantes provocations de l’OTAN.

Faute d’étendre leur solidarité aux dirigeants ukrainiens, il est à noter que, dans l’ensemble, les légataires de la tradition anti-impérialiste se sont jusqu’ici gardés de prendre le parti de Moscou contre Kyiv – trouvant plus judicieux de renvoyer les protagonistes dos à dos, d’appeler à l’arrêt des combats et de plaider pour une partition négociée de l’Ukraine. Pareillement, ils s’étaient naguère prononcés contre toute assistance occidentale à l’insurrection du peuple syrien mais non sans déplorer le traitement que lui réservaient le régime de Damas et son protecteur russe.

D’une manière générale, c’est volontiers sur le mode d’un désaveu partagé, plutôt que de l’allégeance à un chef de file, qu’il leur paraît pertinent de penser la convergence des griefs à l’encontre des puissances du Nord. Autrement dit, c’est en restaurant la notion de non-alignement que la division du monde en affidés et détracteurs de l’Occident global s’impose comme une grille d’analyse aussi prisée que l’affrontement planétaire entre démocraties et autocraties. Son crédit promet même d’augmenter encore dans les semaines à venir, si la détermination de Benyamin Netanyahou à poursuivre sa guerre n’entame ni la complaisance que lui témoignent ses parrains américains ni la sollicitude, pourtant peu réciproque, dont l’entoure Volodymyr Zelensky.

Pronostic engagé

Provisoirement affermie sur ses deux versants, la croyance en une bipolarisation des tensions géopolitiques ne risque pas moins de subir une démonétisation brutale dans un peu plus d’un an. C’est en effet le 20 janvier 2025 que le prochain président des États-Unis prendra ses fonctions. Or, à l’heure actuelle, la réélection de Joe Biden est tout sauf assurée, en dépit des déboires judiciaires de son principal concurrent.

Sans doute était-elle déjà compromise avant le 7 octobre, en raison de la loyauté dont l’électorat trumpiste gratifie son champion et des efforts déployés par les édiles Républicains pour redécouper les circonscriptions à leur avantage et entraver le vote des minorités racisées dans les États qu’ils dirigent. Mais c’est désormais l’impopularité du président au sein de groupes socio-démographiques où le parti Démocrate est traditionnellement majoritaire qui la rend chaque jour plus improbable.

La solidarité inconditionnelle offerte à Israël au lendemain de l’attaque terroriste du Hamas, et inlassablement réitérée par la suite, a non seulement discrédité l’administration Biden aux yeux des communautés les plus enclines à s’identifier aux Palestiniens mais également suscité une désaffection sans précédent chez les moins de trente-cinq ans.

Or, même si les citoyens originaires du monde arabe ou/et de confession musulmane ne forment qu’une faible portion du corps électoral, leur concentration dans certains États pivots – le Michigan et dans une moindre mesure la Pennsylvanie et la Géorgie – est de nature à faire basculer le résultat du scrutin. Chaque État accorde en effet la totalité des Grands Électeurs dont il dispose au candidat arrivé en tête sur son territoire et la victoire revient à qui peut se prévaloir d’une majorité de représentants au sein du collège électoral.

Quant aux jeunes, ils forment la fraction de la population américaine qui est à la fois la plus massivement hostile au programme et aux valeurs du parti Républicain et la plus susceptible de faire défection – en s’abstenant voire en optant pour une candidature marginale – lorsqu’elle ne s’estime pas représentée par le Démocrate en lice.

Dira-t-on qu’à un an de l’échéance, il est trop tôt pour s’alarmer du délitement de la majorité composite qui a porté Joe Biden au pouvoir en 2020 ? N’est-il pas raisonnable d’escompter que, même dans les milieux où l’assentiment de Washington à la destruction de Gaza soulève le plus de colère, le principe du moindre mal finira par s’imposer – sachant que, de son côté, Donald Trump s’abstiendra d’objecter à l’annexion des territoires occupés et renouera avec l’islamophobie d’État caractéristique du début de son premier mandat ? Si les conseillers du président en exercice ne manquent pas d’invoquer ces deux arguments, force est d’admettre que la publication d’enquêtes d’opinions toujours plus défavorables ne les aide pas à se rassurer.

Les spin doctors de la Maison Blanche seraient-ils alors bien inspirés d’appeler leur patron à changer de cap ? Là encore, le doute est permis : car il existe une autre composante de l’électorat Démocrate – plus blanche, plus âgée, plus cossue, plus intolérante à une relecture critique de l’histoire à la lumière du colonialisme et de l’impérialisme – qui adhère pleinement à l’alliance indéfectible entre les États-Unis et Israël. Aussi tout revirement destiné à reconquérir les « progressistes » pourrait-il causer une désertion équivalente d’électeurs dits modérés – surtout si le sénateur Joe Manchin, qui a récemment quitté un parti Démocrate qu’il jugeait trop à gauche, décide de se présenter à l’élection en tant qu’indépendant.

Bref, qu’il s’en tienne à sa ligne actuelle ou qu’il consente à l’infléchir, Joe Biden pourrait bien figurer parmi les présidents qui ont échoué à obtenir un second mandat.

Les fruits de la patience

Qu’adviendra-t-il sur la scène internationale si Donald Trump revient aux affaires ? Pour en avoir une idée, on peut commencer par remarquer que les deux dirigeants qui s’en réjouiront le plus – si tant est qu’ils occupent encore leurs postes dans un an – sont Benyamin Netanyahou et Vladimir Poutine. Car en matière de politique étrangère, le premier acte d’une administration Républicaine disposant d’une majorité au Congrès consistera à mettre fin au financement de l’effort de guerre ukrainien et à faire bénéficier Israël d’une partie des fonds dégagés.

Ainsi s’explique qu’en dépit de la réception d’une délégation du Hamas à Moscou, le 26 octobre dernier, le premier ministre israélien évite soigneusement de rendre la pareille : insensible aux déclarations de Joe Biden sur la cause commune qui lie Kyiv et Jérusalem, il ne cesse de repousser la visite que Volodymyr Zelensky veut lui rendre pour manifester la solidarité de deux défenseurs du monde libre agressés par les mêmes ennemis.

C’est qu’à l’instar de Vladimir Poutine, Benyamin Netanyahou fait le pari qu’après le 20 janvier 2025, la guerre froide 2.0 aura vécu. Autrement dit, il ne sera pas plus avantageux pour lui de se ranger dans le camp des démocraties en conflit avec les autocraties que pour l’hôte du Kremlin de prendre le parti des Sud contre l’hégémonie de l’Occident global. L’un et l’autre gagent en effet que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche favorisera l’avènement d’un ordre mondial d’autant plus conforme à leurs intérêts qu’il ne sera plus nécessaire d’invoquer la défense du monde libre ou la résistance à l’impérialisme occidental pour les poursuivre.

Leur incombe alors la tâche de bien mener leurs barques jusque-là, c’est-à-dire en se protégeant à la fois de la contestation de leur propre population et de la pression extérieure. Pour le président russe, il s’agira essentiellement de conserver la ligne de front en l’état, tant pour peser sur le moral des Ukrainiens que pour user la patience de leurs alliés, mais aussi de faire en sorte que la conversion de son pays à une économie de guerre ne trouble pas la paix civile. De son côté, le chef du gouvernement israélien devra poursuivre sa campagne contre le Hamas – car il sait qu’il lui faudra rendre des comptes à sa population sitôt les hostilités suspendues – mais également en moduler l’intensité de manière à éviter que le retournement en cours de l’opinion publique américaine n’incite l’administration Biden à conditionner son soutien.

En revanche, une fois Washington aux mains de l’homme qui veut rendre sa grandeur à l’Amérique (Make America Great Again ou MAGA en version originale), tout deviendra plus simple.

Privé de l’armement nécessaire à la reconquête de son territoire, Volodymyr Zelensky se trouvera rapidement prié d’apposer sa signature au bas de l’un de ces « deals du siècle » dont Donald Trump a le secret : outre l’annexion de la Crimée par la Russie, y figureront un armistice avec les « républiques populaires » de Donetsk et de Louhansk ainsi que la suspension provisoire de « l’opération spéciale » entamée en février 2022 en échange de la « neutralité » de l’Ukraine.

Dans le même temps, le président américain s’efforcera de prolonger la vie politique de Benyamin Netanyahou en accédant à sa volonté de placer Gaza sous contrôle militaire israélien et d’accélérer le développement des colonies en Cisjordanie, mais aussi en œuvrant au réchauffement des relations entre Israël et les autres pays signataires des Accords d’Abraham – le Maroc, les Émirats Arabes Unis, Bahreïn et le Soudan — et même à la reprise du processus de reconnaissance mutuelle entre Riyad et Jérusalem.

Tragiques pour les Ukrainiens et les Palestiniens, les protocoles validés par la future administration Républicaine soulèveront en revanche peu d’objections du côté des gouvernants les plus influents de la planète :

Soulagé d’avoir sauvé la face à sa frontière, Vladimir Poutine s’accommodera aisément de la nouvelle donne au Moyen Orient.

Narendra Modi fera certainement preuve d’une égale bienveillance, dans la double mesure où Israël lui apparaît depuis longtemps comme un modèle en matière de gestion des populations musulmanes et où le réchauffement des relations entre Washington et Moscou figure parmi ses plus chers désirs.

Recep Tayyip Erdogan vient certes d’appeler Benyamin Netanyahou le « boucher de Gaza » et abrite des dignitaires du Hamas sur son sol. Cependant, une fois l’enclave réoccupée et le Donbass abandonné aux supplétifs de Moscou, il saura profiter d’une atmosphère favorable aux expansionnismes pour consolider sa mainmise sur le Kurdistan syrien et encourager son acolyte Azerbaïdjanais Ilham Aliyev à prendre pied dans le sud de l’Arménie.

Quant à Xi Jinping, nul n’ignore qu’il tient les conflits régionaux pour une entrave au développement des « nouvelles routes de la soie » ; il se satisfera donc d’un apaisement sur deux fronts, même si les États-Unis se flattent d’en être les maîtres d’œuvre, et estimera surtout que le quitus accordé à la Russie en Crimée augure bien le retour de Taïwan dans le giron chinois.

Enfin, du côté des pays membres de l’UE qui, aujourd’hui encore, protestent de leur attachement indéfectible à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et à la création d’un État indépendant dans les territoires occupés, la conversion au « réalisme » se fera sans trop de difficultés dès lors que Washington aura cessé d’armer Kyiv et d’entretenir l’illusion d’une paix équitable entre Israël et la Palestine.

Terres promises

Un second mandat de Donald Trump n’affectera pas seulement le sort du Moyen Orient et des voisins de la Russie. Comme le suggère le paragraphe précédent, les dirigeants indien, turc mais aussi chinois s’empresseront d’interpréter l’abandon des peuples ukrainien et palestinien à la lumière de leurs propres desseins.

Narendra Modi y verra un feu vert pour parachever l’œuvre entreprise en 2019, lorsqu’il a supprimé l’article de la Constitution indienne qui garantissait l’autonomie de l’État du Jammu-et-Cachemire à majorité musulmane. Pour sa part, Recep Tayyip Erdogan s’appuiera sur les licences accordées à Vladimir Poutine et Benyamin Netanyahou afin de réclamer un même traitement de faveur dans son combat contre le terrorisme kurde et l’usurpation arménienne du sol turc. Enfin Xi Jinping tirera parti du climat de tolérance aux annexions pour faire valoir que la souveraineté de la Chine sur l’entièreté de ce qu’elle estime être son territoire n’est pas plus contestable par les Taïwanais que par les Tibétains, les Ouighours du Xinjiang ou les citoyens de Hong Kong.

Il importe de souligner que les ambitions dont l’élection de Donald Trump favoriserait la réalisation – à Moscou, Jérusalem, Dehli, Ankara et même à Beijing – ne ressortissent pas de l’impérialisme colonial tel qu’il fut jadis pratiqué par les Métropoles européennes et dont la Conférence de Yalta a préservé l’esprit, en accordant aux États-Unis et à l’Union Soviétique un droit de tutelle sur leurs blocs respectifs.

Point ici de « fardeau de l’homme blanc » ou de « mission civilisatrice », et pas davantage de monde libre ou de socialisme dont il s’agirait d’assurer le rayonnement : l’objectif revendiqué ne consiste pas à projeter sa puissance sur le monde au prétexte de prodiguer à l’humanité les bienfaits d’une idéologie ou d’un mode de vie, mais plutôt à réparer une injustice historique en octroyant aux siens le privilège d’être les seuls citoyens à part entière sur la terre qui leur a été promise.

Étendre la souveraineté de la nation à toute région où elle est supposée avoir des racines, rapporter son identité aux caractères ethniques ou religieux du groupe dominant et, à cette fin, réduire la nuisance que lui cause la présence de populations allogènes – par les voies de l’assimilation forcée ou de la déchéance de nationalité, de l’assignation à résidence ou de la déportation : ces mots d’ordre évoquent la notion d’ « impérialisme continental » forgée par Hannah Arendt dans le deuxième volume des Origines du Totalitarisme – en référence au pangermanisme et au panslavisme de l’entame du 20ème siècle et par contraste avec l’impérialisme colonial britannique et français.[4]

Remis au goût du jour dans les années 1990, notamment par les partisans de la Grande Serbie, ils inspirent aujourd’hui des projets tels que l’absorption du « Monde Russe » (rousskiï mir) dans la Fédération de Russie, la restitution de la « Judée » et de la « Samarie » à la Terre d’Israël (Eretz Israël), la reconfiguration de l’Inde en Foyer national hindou (hindu rashtra), la conversion au pantouranisme de la Nouvelle Turquie (Yeni Türkyie) et l’application du principe « Une Seule Chine » (Yīgè zhōngguó) aux îles irrédentistes.

L’esprit du paléo-conservatisme

À défaut d’éprouver une égale sympathie pour tous les entrepreneurs de reconquête territoriale et culturelle, Donald Trump ne peut qu’adhérer aux ambitions qui les animent – même si la restauration qu’il promeut pour son compte est somme toute plus modeste. Selon lui, en effet, l’Amérique n’a pas besoin de s’étendre pour recouvrer son lustre. Faire en sorte qu’elle redevienne grande nécessite seulement de mieux la protéger contre les intrusions et de remédier aux maux qui la rongent de l’intérieur.

Pour rétablir la souveraineté des États-Unis, leur quarante-cinquième président mise à la fois sur la construction d’un mur infranchissable à la frontière du Mexique, sur le recours à des critères de tri propres à écarter les migrants indésirables, sur l’imposition de tarifs dissuasifs aux pays soupçonnés de concurrence déloyale et sur la dénonciation des alliances et traités jugés trop contraignants.

Quant au redressement moral qu’il appelle de ses vœux, sa mise en œuvre passe avant tout par la disqualification des responsables de la corrosion des valeurs familiales et du patriotisme. Déjà expérimentés dans les États où les Républicains sont aux commandes, la criminalisation de l’avortement, l’institutionnalisation de la transphobie et la censure des critiques du racisme structurel devront donc être relayées au niveau fédéral, une fois les Démocrates écartés du pouvoir.

Enfin, à l’instar des autres « hommes forts » de la planète, il incombera à Donald Trump de conjurer le retour des fauteurs de déclin en confortant l’emprise de son parti. Pour y parvenir, il pourra compter sur une Cour Suprême peuplée de Juges conservateurs, dont les décisions valideront la constitution d’un corps électoral à la fois purgé des citoyens d’origine douteuse et réparti de manière à garantir une majorité pérenne aux élus Républicains.

Lointain héritier du mouvement America First d’avant-guerre – Donald Trump a d’ailleurs repris l’appellation à son compte lors de sa campagne de 2016 – le trumpisme est surtout tributaire de la doctrine paléo-conservatrice du début des années 1990. Hâtivement qualifiés d’isolationnistes, les tenants de cette sensibilité politique ne sont pourtant pas indifférents à la place des États-Unis dans le monde et pas davantage opposés à l’usage de la force pour la maintenir : infliger des sanctions économiques à des gouvernements hostiles, préempter une attaque terroriste en recourant à des frappes ou des assassinats ciblés, voire empêcher l’installation de régimes inamicaux à proximité des frontières constituent autant de procédés qui leur paraissent parfaitement conformes à la préservation de l’intérêt national.

En revanche, rien ne leur semble plus contraire à la vocation de l’Amérique que des expéditions menées au nom de la sauvegarde du monde libre ou déguisées en interventions humanitaires. Coûteuses et rarement couronnées de succès, ces aventures néocoloniales sont surtout accusées d’attenter aux ressorts ethnoculturels de l’exceptionnalisme américain. Car pour justifier leur ingérence dans les affaires intérieures des autres États, les administrations inspirées par des mondialistes, libéraux ou néoconservateurs, sont non seulement amenées à travestir le génie singulier de leur nation en valeurs appropriables par n’importe quel peuple mais également contraintes d’autoriser les ressortissants des pays qu’elles prétendent secourir à venir tenter leur chance aux États-Unis.

Loin de considérer que le « destin manifeste » de l’Amérique lui impose de remodeler le monde à son image, Donald Trump rejoint ses prédécesseurs paléoconservateurs dans la conviction que la dérive impériale d’une République nuit à sa grandeur en accentuant sa perméabilité – aux marchandises qui détruisent son industrie, aux idées qui dévoient sa jeunesse et aux exilés qui corrompent ses mœurs.[5] À l’inverse, la régénérescence visée par la formule MAGA doit procéder d’une réduction du déficit commercial, d’une réhabilitation des récits et des rôles traditionnels et d’un durcissement de la politique migratoire.

Étranger à tout esprit de concurrence idéologique entre blocs, le favori des primaires Républicaines est d’autant moins enclin à se poser en prosélyte de la démocratie libérale qu’il compte hâter son dépérissement aux États-Unis mêmes. S’il entend bien empêcher la Chine de devenir la première superpuissance mondiale, c’est exclusivement en termes mercantilistes qu’il envisage sa joute avec Xi Jinping. Alors que Joe Biden pourrait se sentir obligé d’aller à la confrontation si l’intégrité territoriale de Taïwan était violée, son prédécesseur et potentiel successeur sera plutôt tenté d’accorder son consentement à la réunification souhaitée par Beijing, en échange d’une plus grande ouverture du marché chinois.

Plus que d’un aveu de faiblesse ou d’un tropisme pacifiste, cette préférence pour le marchandage atteste d’une reconnaissance de la multipolarité du monde : aux yeux de Donald Trump, le bon usage de la puissance militaire des États-Unis ne consiste pas tant à empêcher les autocraties de s’en prendre à des minorités ou à leur environnement proche qu’à leur réclamer des contreparties pour toute modification unilatérale de l’équilibre international.

Bienvenue au club

Fondé sur le droit des potentats à disposer des peuples résidant dans leur orbite, l’ordre planétaire qui s’annonce ne sera certes pas exempt de tensions relatives aux limites des zones d’influence imparties à chacun. Il n’effacera pas davantage certaines inimitiés héritées des périodes précédentes, notamment entre Israël et la république islamique d’Iran, les deux Corées ou encore l’Inde et le Pakistan. Pour autant, aucune puissance, si grande soit-elle, ne se risquera à fomenter un « changement de régime » (regime change dans le lexique néoconservateur) hors de son pré carré.

Au sein de leur domaine réservé et à condition de rendre la faveur, Washington, Beijing, Moscou, Ankara et Dehli seront libres d’agir à leur guise ainsi que d’avaliser les actes de leurs sous-traitants respectifs – à Jérusalem, Naypyidaw, Damas, Bakou ou Colombo. En revanche, il leur faudra s’interdire de substituer des hommes à eux aux clients des autres puissances dominantes : car si sanctionner cruellement des gouvernements inamicaux demeurera admissible, leur parrainage par un membre du club des hégémons régionaux devra dissuader ses homologues de les renverser en arguant du danger qu’ils représentent – pour leur propre population ou pour leur voisinage.

Fatale aux aspirations des peuples privés d’appuis et de moyens suffisants pour faire reconnaître la légitimité de leur existence, la nouvelle donne géopolitique n’offrira pas moins quelques garanties de stabilité aux nations dont la souveraineté n’est pas contestée.

Quels que soient leurs différends, les Donald Trump, Xi Jinping, Vladimir Poutine, Narendra Modi et autres Recep Tayyip Erdogan s’entendent en effet sur les normes qui doivent présider à la compétition internationale. D’accord pour amender le mondialisme néolibéral distinctif des premières décennies d’après-guerre froide, ils partagent la conviction que les hommes, les biens et les capitaux ne doivent pas être soumis aux mêmes règles de circulation : si ne pas brider les marchés financiers demeure une obligation qui s’impose à tous, recourir aux tarifs est un droit qu’ils revendiquent pour eux-mêmes et gérer les flux migratoires une responsabilité qui incombe à n’importe quel État souverain.

Pour autant qu’ils s’abstiennent d’interférer avec ses lois, les dirigeants nationaux soumis à la gravitation de ce monde multipolaire disposeront donc de marges d’autonomie appréciables : il leur sera loisible de candidater au poste de satellite privilégié d’une puissance dominante – en important ses produits, en facilitant ses investissements directs, en accueillant ses bases militaires, voire en adoptant sa monnaie – mais également d’opter pour une forme de pluri-alignement – soit de s’approvisionner chez l’un, de confier le développement de leurs infrastructures à un autre et de gager leur sécurité sur les armes ou les milices d’un troisième.[6] Par ailleurs, les gouvernants respectueux des préséances internationales jouiront d’une grande liberté de manœuvre dans la gestion de leurs affaires domestiques, dans la mesure où nul ne leur demandera d’exercer leur pouvoir derrière une vitrine démocratique ou de se draper dans les oripeaux de la résistance à l’impérialisme.

Qu’adviendra-t-il de l’Union européenne à l’éclosion de ce nouvel ordre mondial ? L’évolution récente du champ politique dans l’ensemble des pays membres invite à penser qu’elle y sera à sa place. Longtemps marqué par la montée en puissance des partis d’extrême droite, le vieux continent semble en effet être entré dans une nouvelle phase – celle de la constitution d’alliances entre ces formations et la droite traditionnelle.

Cette dernière a cessé de croire qu’il lui suffisait de reprendre à son compte les phobies agitées par les tribuns nativistes pour convaincre leurs électeurs de la rejoindre. Résignée à conclure des accords de gouvernement avec des rivaux naguère taxés de danger pour la démocratie – qu’il s’agisse de contrats à l’italienne, avec les héritiers du fascisme aux commandes, ou à la suédoise, avec les anciens néo-nazis en soutien parlementaire de l’exécutif – les attelages ainsi formés seront bientôt au pouvoir dans toute l’Europe.

À l’image du paléo-conservatisme ravivé par Donald Trump – dont la réélection servira de puissant adjuvant – le programme commun qui scellera l’union des droites européennes sera à la fois saturé de dispositions visant à réduire la porosité de la société européenne et exempt de tout engagement relavant du prosélytisme démocratique.

Lassés de soutenir un effort de guerre dirigé contre un autocrate qui a certes des défauts mais n’en demeure pas moins un homme blanc, chrétien, farouchement hostile au wokisme et à la tête d’un pays dont les sous-sols regorgent d’hydrocarbures, les signataires du pacte de réconciliation entre néolibéraux et illibéraux s’empresseront de seconder les efforts déployés par le président américain pour ramener les Ukrainiens à la raison.

De même, ils entérineront la préférence de Washington pour une solution à un État au Moyen-Orient – à savoir Israël, conçu comme l’État-nation du peuple juif et destiné à étendre sa souveraineté du Jourdain à la mer. Bien que contraire aux engagements actuels des formations libérales et conservatrices, un pareil ralliement présentera le double avantage de laver leurs partenaires d’extrême droite des soupçons d’antisémitisme qui pèsent encore sur eux – puisqu’il suffit désormais de porter les massacres de civils palestiniens au compte de la légitime défense pour en être dédouané par les institutions compétentes – et d’achever de les réconcilier avec le projet européen : car une Europe qui justifie les moyens mis en œuvre par les autorités israéliennes pour que leur pays demeure « une villa dans la jungle »[7] saura également prendre les mesures qui s’imposent pour éviter le remplacement de sa propre population par des hordes barbares.

En l’absence de relais dans les chancelleries, au Sud comme au Nord, les résistances à la multipolarité dystopique qui se profile ne pourront venir que des sociétés civiles. Mais encore faudra-t-il ne pas se tromper d’ère.

Pour rendre compte des désordres du monde, les prismes aujourd’hui en usage datent en effet de l’époque des dissidents soviétiques et des mouvements tiersmondistes : l’antitotalitarisme sert toujours à explorer le cerveau de Vladimir Poutine, à deviner les plans de Xi Jinping et à appréhender la menace dont l’islamisme politique est porteur, tandis que l’anti-impérialisme demeure affecté à la révélation des motifs de la guerre contre le terrorisme que les États-Unis mènent pour leur compte ou par l’entremise de leurs alliés.

Concurremment conçues pour éclairer leurs usagers sur ce qui les révolte déjà et pour les dispenser de s’appesantir sur ce qui pourrait les perturber, ces vénérables clés de lecture doivent leur longévité aux lumières qu’elles apportent mais aussi au confort intellectuel dont elles sont prodigues. En témoigne, aujourd’hui encore, le traitement différencié que l’une et l’autre réservent aux occupations militaires en fonction de leur conformité aux maux qu’elles appellent à privilégier : ainsi, tout en postulant que la sujétion d’un peuple à une puissance étrangère mérite condamnation en toutes circonstances, la perspective antitotalitaire et sa rivale anti-impérialiste invitent respectivement à concéder que certains occupants — Israéliens en l’occurrence — sont habilités à se prémunir contre le danger existentiel auquel la résistance des occupés les expose, et à admettre que certains occupés — tels les Ukrainiens — sont en réalité l’instrument d’une guerre par procuration menée contre les occupants.

Pas toujours propice à la convergence des causes, l’indignation à géométrie variable qu’autorisent les deux grilles d’interprétation ne contribue pas moins à la persistance de leur popularité, dans la mesure où les angles morts ainsi ménagés protègent les certitudes dont elles gratifient leurs adeptes. Il est cependant à craindre qu’à compter du 20 janvier 2025, la partialité dont elles font preuve ne sera plus compensée par la lucidité qu’elles procurent.

Une fois le spectre familier de la guerre froide dissipé par la défaite électorale de son dernier vestige, dépeindre le monde en théâtre d’un combat entre démocraties et autocraties deviendra rapidement aussi incongru que l’imaginer à la veille d’un soulèvement contre la domination post-coloniale de l’Occident. S’il est peut-être déjà trop tard pour conjurer l’avènement de l’ordre planétaire dont le retour de Donald Trump sera l’acte inaugural, au moins devrait-on s’efforcer de l’anticiper, en commençant par remiser les lunettes qui empêchent à la fois de voir ce qu’il a d’inédit et de nouer les solidarités susceptibles de lui résister.


[1] La présentation des « Principes directeurs » dont se réclame le gouvernement de coalition formé par Benyamin Netanyahou en décembre 2022 s’ouvre sur le paragraphe suivant : « Le peuple Juif a un droit exclusif et inaliénable sur toutes les composantes de la Terre d’Israël (Eretz Israël). Le gouvernement va promouvoir et développer les implantations partout sur la Terre d’Israël – en Galilée, dans le Néguev, sur le Golan, en Judée et en Samarie. » Texte traduit – en anglais – et cité par Carrie Keller-Lyn et Michael Bachner in The Times of Israel, 28 décembre 2022.

[2] Extrait d’une conférence de presse tenue à Bucarest, le 30 novembre 2022 et citée par l’Agence Reuters.

[3] Propos cités et traduits – en anglais – par Gianluca Pacchiani, in The Times of Israel, 10 octobre 2023.

[4] Hannah Arendt, Les Origines du Totalitarisme. L’impérialisme. (Traduit par Martine Leiris). Fayard, 1982, pp 171-238.

[5] Candidat malheureux à l’investiture Républicaine, en 1992 et 1996, avant de recevoir la nomination du Reform Party en 2000, le journaliste et politicien paléoconservateur Patrick Buchanan a fait précéder son ultime campagne par la publication d’un livre intitulé A Republic, Not an Empire. Reclaiming America’s Destiny.

[6] Sur la perspective du pluri-alignement, voir Le Monde ne sera plus comme avant, livre collectif dirigé par Bertrand Badie et Dominique Vidal, Les Liens qui Libèrent, 2022.

[7] Expression souvent attribuée à l’ancien premier ministre israélien Ehud Barak pour décrire la situation de son pays.

Michel Feher

Philosophe, Fondateur de Zone Books

L’objectif inavoué d’Israël

Par

En 1982, au Liban, des journalistes – parmi lesquels Selim Nassib – documentent l’intervention militaire israélienne visant à attaquer l’OLP. Aujourd’hui, aucun d’entre eux n’est admis à Gaza, théâtre... lire plus

Notes

[1] La présentation des « Principes directeurs » dont se réclame le gouvernement de coalition formé par Benyamin Netanyahou en décembre 2022 s’ouvre sur le paragraphe suivant : « Le peuple Juif a un droit exclusif et inaliénable sur toutes les composantes de la Terre d’Israël (Eretz Israël). Le gouvernement va promouvoir et développer les implantations partout sur la Terre d’Israël – en Galilée, dans le Néguev, sur le Golan, en Judée et en Samarie. » Texte traduit – en anglais – et cité par Carrie Keller-Lyn et Michael Bachner in The Times of Israel, 28 décembre 2022.

[2] Extrait d’une conférence de presse tenue à Bucarest, le 30 novembre 2022 et citée par l’Agence Reuters.

[3] Propos cités et traduits – en anglais – par Gianluca Pacchiani, in The Times of Israel, 10 octobre 2023.

[4] Hannah Arendt, Les Origines du Totalitarisme. L’impérialisme. (Traduit par Martine Leiris). Fayard, 1982, pp 171-238.

[5] Candidat malheureux à l’investiture Républicaine, en 1992 et 1996, avant de recevoir la nomination du Reform Party en 2000, le journaliste et politicien paléoconservateur Patrick Buchanan a fait précéder son ultime campagne par la publication d’un livre intitulé A Republic, Not an Empire. Reclaiming America’s Destiny.

[6] Sur la perspective du pluri-alignement, voir Le Monde ne sera plus comme avant, livre collectif dirigé par Bertrand Badie et Dominique Vidal, Les Liens qui Libèrent, 2022.

[7] Expression souvent attribuée à l’ancien premier ministre israélien Ehud Barak pour décrire la situation de son pays.