La fin du relativisme (1/2)
Pour s’interroger sur la fin d’un phénomène, il faut bien savoir de quoi il s’agit exactement. Et si le phénomène en question est controversé, comme l’est la notion de relativisme, l’exercice est encore plus nécessaire. En effet, cette notion, depuis qu’elle a cessé d’être une simple idée-force de la pensée anthropologique pour devenir une arme de débat politique dans le contexte des sociétés multiculturelles, est devenue un concept compliqué à manier.

Le processus consistant à adopter une vision simpliste du concept et à le rendre anathème dans le discours politique a considérablement brouillé son sens lorsque ce relativisme transfiguré est accusé d’être la cause d’une forme de faiblesse de nos sociétés, incapables de tracer une ligne claire entre le bien et le mal.
À ce soi-disant « relativisme moral » s’opposerait frontalement un universalisme qui n’est rien d’autre que l’affirmation de valeurs d’application générale qui, en réalité, expriment un point de vue idéologique, ne sont pas permanentes, ni identiques selon celui qui les formule. Pour dissiper la grande confusion qui entoure ce concept, peut-être devrions-nous essayer de faire une distinction claire entre, au moins, le relativisme moral, le relativisme culturel et ce que j’appellerai le relativisme anthropologique.
En bref, si le relativisme moral tel qu’il est utilisé dans le débat politique actuel se résume à ne pas juger le comportement d’autrui, renonçant ainsi à toute valeur universelle, le relativisme culturel serait celui selon lequel les valeurs établies par une culture ne peuvent être évaluées qu’en fonction de cette même culture. Le relativisme anthropologique, quant à lui, postule que les différences entre les cultures seraient relatives à une nature unique, et procède donc à une division de l’approche du phénomène de la diversité humaine en deux instances distinctes mais articulées : la nature et la culture.
Au sein du relativisme anthropologique, nous avons tout au long de l’histoi