Une exposition dont vous êtes le-la héro-ïne
Dans Stranger Things, la série nostalgique des années 80, conçue par les Frères Duffer, une mère, incarnée à l’écran par Winona Ryder, entre en contact avec son fils disparu par l’intermédiaire d’un flux électrique. Transformant son pavillon de banlieue en sapin de Noël, elle fait clignoter à plein régime guirlandes lumineuses, lustres et lampes de chevet pour communiquer avec le « monde à l’envers », l’upside down dans lequel est pris au piège son garçon de onze ans. Onze ans, c’est aussi l’âge et le surnom (Eleven) de l’héroïne au crâne rasé douée de pouvoirs télékinésiques de ce thriller teenage inspirée par E.T, Rencontre du Troisième Type ou les Goonies.
Si l’on vous parle aujourd’hui de cette série geek et parodiquement vintage, c’est qu’au-delà d’un certain cousinage esthétique pop punk, il est aussi question dans la dernière exposition de Pauline Boudry et Renate Lorenz, au Centre culturel Suisse à Paris, de déplacer des objets par la puissance de l’esprit.
D’abord, l’exposition toute entière semble régie par une logique extérieure. Prête à vous accueillir, vous, à l’heure dite – mieux, elle n’attendait que vous ! – autant qu’elle paraît réagir à des ordres venus d’ailleurs. Selon le moment auquel vous arriverez, vous tomberez ainsi nez à nez avec la retransmission à grande échelle d’une performance plus vraie que nature ; ou vous vous retrouverez quelques secondes dans le noir complet avant qu’une rangée de spotlights et un dancefloor lumineux installé au centre de la salle d’exposition ne commencent à s’émanciper et à produire leur propre chorégraphie.
D’emblée, le visiteur est prévenu par une pancarte à l’écriture inclusive située à l’entrée de cette exposition dont vous êtes le-s héros–ine–s : « cher-ère-s visiteur–euse–s, dès votre entrée dans l’exposition vous faites partie d’une partition (…) veuillez “envoyer” vos actions à l’un-e ou plusieurs des performeur-euse-s humain–e-s et non-humain-e-s autour de vous. » Ainsi averti, le doute ne vo