Livres

Les voir, les entendre – sur quelques livres à propos des migrants

Critique

Face aux afflux d’informations sur « lesmigrants » qui trop souvent effacent leurs individualités, la littérature et les sciences sociales nous permettent parfois, à travers récits et portraits, d’apprendre à connaître et comprendre ces personnes et les situations dans lesquelles elles se trouvent. Quatre ouvrages récents – signés Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, Isabelle Coutant, Juliette Kahane et Mohamed Mbougar Sarr – nous prêtent ainsi leurs yeux et leurs oreilles.

Une des différences entre les migrations antérieures et la situation migratoire actuelle en Europe tient à l’effet-masse qui transforme les arrivants en une foule compacte, sans nom, sans visage. Les migrants, à prononcer lesmigrants, où résonne presque un singulier collectif. Auparavant, ils venaient au moins de quelque part, les Algériens, les Polonais, les Portugais, et au demeurant, on les appelait les immigrants ou les émigrants, marquant soit un point de départ (émigrant), soit un point d’arrivée (immigrant). Ceux d’aujourd’hui, les migrants, ne reçoivent une origine que pour des besoins statistiques ou journalistiques. Et aucune individualité.

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Les accueillir, ce serait déjà apprendre à les voir, à les entendre. Leur fournir cet accueil initial minimal. Exercice difficile, éprouvant car ils viennent de loin, non seulement d’un lointain géographique mais d’une lointain existentiel qui souvent déborde nos limites de connaissance et de sensibilité. Leur là-bas est un au-delà. Sur ce postulat exigeant, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky publie La Voix de ceux qui crient. Rencontre avec des demandeurs d’asile, un livre indispensable, douloureux, militant.

Dire l’indicible, raconter l’irracontable, le parcours qui mène d’avant à maintenant, d’une existence menacée à une identité amputée. Le trauma est une blessure psychique particulière en ce qu’il échappe aux codes culturels et symboliques qui pourraient l’exprimer. Au contraire, il en proclame l’inanité ou la vacance, ce qui redouble la souffrance du sujet traumatisé. De surcroît, pour un thérapeute face à un tel patient et provenant d’un terreau culturel non familier, la difficulté majeure tient à une impossibilité initiale de recourir à un code culturel commun, une impossibilité de trouver ou suggérer des modes de figuration de substitution qui permettraient au sujet de tenir à distance sa souffrance.

C’est le cas des hommes et des femmes demandeurs d’asile en France, venus d’une quinzaine de pays dont le Sri Lanka, le Kenya, l’Erythrée ou la Tchétchénie, que rencontre et soigne Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky à l’hôpital Avicenne de Bobigny, ses « patients trauma », à des stades divers de leur itinéraire de demandeur, tous déchirés au plus profond par le parcours exilique. Et pourtant, se tenant avec eux au bord du gouffre, elle convoque dans son livre l’une des expressions les plus élaborées de la culture, la littérature – Perse et Jabès en exergue, Char en introduction puis Perec ou Neruda au côté de psychologues et philosophes en tête de chaque chapitre. Comme si, pour l’entendre, à la « voix de ceux qui crient » (p. 52, p. 180), voix d’en-deçà ou d’en-delà de la langue, parole brute comme on le dit de l’« art brut », il fallait opposer la voix de la langue elle-même, la langue pour la langue, comme corporalité diffuse, obsédante. Peut-être ce qui se passe le temps de la consultation et que ce livre tenterait de rendre.

Livre parfois insoutenable tant la souffrance est rapportée exactement – mais toujours respectueusement. Certes, les exilés que l’ouvrage nous fait rencontrer peuvent être considérés comme constituant une frange de la population migrante arrivée en France dans les conditions dramatiques que l’on connaît actuellement, les demandeurs d’asile que l’auteure, par une fulgurante trouvaille, invite à nommer les « demandeurs de l’asile » « car cette expression permettrait de relier les dimensions – politique, socio-économique et psychique – qui caractérisent  la situation du sujet, autrement dit les dimensions de l’illégalité, de la précarité et de la souffrance » (p. 21-22). Toutefois, cette liaison du vécu intime et de l’existence sociale accompagne tous les migrants.

L’ouvrage, portrait après portrait, récit après récit, parole après parole (ou silence), nous fait ressentir les expériences cruelles de dépendance, d’humiliation, de vulnérabilité qu’implique le statut de demandeur d’asile. Loin d’être une simple procédure juridique – ce qu’elle est au sens strict duquel les autorités gouvernementales et administratives ne veulent s’éloigner –, la demande d’asile est dans ses deux termes (demande et asile) révélatrice d’une situation de radicale asymétrie où le sujet demandant est entièrement soumis au pouvoir qui va décider de sa vie et de son futur. « L’habit du demandeur d’asile » (p. 70) est tissé de peur et de confusion, aux couleurs sombres d’une réalité qui ne lui offre pas de repères.

Ils ne sont pas malades, ils ne sont pas fous. « En revanche, ils vont très mal » (p. 113). Angoisse, terreur, panique, effroi, ces symptômes, sans être synonymes, capturent le mal-être qui les saisit au vif et ne les laisse jamais indemnes. Ils sont en proie à leur passé de souffrance mais tout autant en prise avec les mesures restrictives, répressives, punitives que leur prodigue l’accueil en France. Ce psychisme blessé dont la douleur est exacerbée chez eux jusqu’à l’effondrement intérieur, comment ne pas le deviner chez tous les migrants ? Et donc réfléchir sur notre responsabilité à cet égard. La non-assistance ne concerne pas que les corps.

Leurs corps, justement, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky les décrit aussi, l’anatomie, l’apparence, la gestuelle, prolongeant son écoute sur un mode visuel, interprétant ces signes clairs ou obscurs comme autant d’éléments bâtissant la rencontre ou la fragilisant. Son livre mêle des données factuelles et précises sur le parcours tourmenté des migrants à des réflexions sur ce que signifie un tel parcours pour une subjectivité, celle des patients comme la sienne. Avec une extrême honnêteté, elle ne cache pas les risques de glissement sa part, de « contamination » (p. 157), la nécessité de « ne pas rester dans le face-à-face psychique » (p. 171). Elle nous livre aussi des extraits de ce qu’elle dit lors d’un entretien : «  Le sergent X et le lieutenant Z continuent à venir vous voir et à vous torturer dans les rêves. Il faut les  arrêter. D’abord, parce qu’ils ont perdu et que vous avez gagné. Ensuite, parce que vous êtes innocent, alors qu’eux sont coupables. C’est eux qui sont en danger, pas vous » (p. 169). Plus que jamais, l’agonistique freudienne est de mise : « ne pas attribuer le rôle principal à la mort » (p. 205) en faisant « rentrer le sujet, progressivement, dans un ordre discursif » (p. 250). L’ici-maintenant d’une parole reconquise (voir notamment les chapitres 10 et 11) contre l’indistinct du trauma, la mort dans l’intime. Une parole parfois arrangée, pour se protéger de l’inacceptable ou pour coller à un récit destiné à convaincre le donneur d’asile. Raconter son histoire alors que celle-ci est mortifère et pourtant devoir en raconter une à l’OFPRA ou au CNDA, les deux instances du droit d’asile. « En consultation, il n’est pas question de preuve mais de leur parole et de leur souffrance. […] Ce n’est donc pas “l’événement traumatique” qui importe, mais bien ce que pourra en faire le patient » (p.100).

« La question des réfugiés ébranle nos subjectivités modernes » (p. 284). Nous tous, en tant que sujets politiques et sujets psychiques. C’est dire que la violence éprouvée par les individus rencontrés renvoie à la maltraitance étatique à leur endroit et que le soin psychique et émotionnel, le « care » dit l’auteure et non le « cure », qui peut leur être apporté participe de leur accueil ici. Un care psychologique mais aussi une attention citoyenne, une réponse que tous peuvent apporter à la demande des migrants.

Au moins pour le temps de la consultation à l’hôpital Avicenne, ces exilés goûtent un chez-soi, le « cadre » dont parle Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky et qui n’est pas que clinique. Habiter quelque part. Au début de l’année dernière, la romancière Juliette Kahane publiait Jours d’exil, sous-titré Une saison au lycée Jean-Carré. On se souvient que durant l’été 2015, ce lycée désaffecté du XIXe arrondissement parisien avait été occupé par plusieurs centaines de migrants sans refuge, créant un « mini-Calais à Paris » comme le dirent complaisamment des journalistes. Douteuse comme pouvait l’être cette formule qui entérinait lexicalement l’inacceptable, elle révélait le choc d’une confrontation directe pour un public français avec la réalité du problème migratoire, les acteurs d’un phénomène rapidement baptisé « crise » pour pouvoir tirer les sonnettes de l’urgence et esquiver les questions de fond. Le récit de Juliette Kahane (autofictif ?) mettait l’accent sur la nécessité d’une telle confrontation afin d’appréhender la véritable nature du drame migratoire, au-delà des grilles des sciences humaines et autres cribles intellectuels. « Aller vers un autre côté du monde » (p. 29), dit la narratrice, rien qu’en pénétrant dans ce bâtiment de béton juste à côté. Malaise, impatience, étonnement, amusement, espoir, déception, la gamme des sentiments est parcourue par les personnages qui découvrent le monde des migrants, ni meilleur ni pire que le leur. Se méfier de la charité, de la compassion et prendre les exilés comme ils sont.

Juliette Kahane choisissait de tramer le récit de sa narratrice à la découverte du « bateau ivre » (p. 180) d’autres histoires relatives à ses amis ou aux bénévoles. Dérangeant si le lecteur attend la « pureté » d’un témoignage, acceptable si le témoignage gagne son authenticité d’être ancré dans le romanesque. Sur le même terrain, le même épisode de l’été 2015, l’année-pivot dans le drame migratoire, la sociologue Isabelle Coutant livre un essai-enquête, Les migrants en bas de chez soi, qui jette ses lumières à la fois sur l’histoire du lycée Jean-Carré et sur les questions relatives à l’accueil des migrants dans les villes. Leur souffrance individuelle est pour l’auteure de nature sociologique, de même que Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky affirme qu’elle est « de nature “politique” – et non pas seulement causée par la violence politique » (p. 283). Dans les deux perspectives, la souffrance est l’absence d’un quelque part où résider.

L’auteure a travaillé sur le milieu urbain et sur les populations marginales mais son expertise se double ici d’une implication autre : elle habite dans le quartier et son fils entre en sixième dans le collège en face du lycée. Exemple même d’une recherche participante dans un sens différent du sens habituel car l’implication est celle d’une personnalité qui ne peut arborer une sainte neutralité – franchise similaire à celle de Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky. D’où l’inquiétude ou la perplexité qui sous-tendent les observations et qui leur accordent pleine valeur, l’hésitation en positionnement et non en obstacle, ce dont témoigne le titre de l’épilogue : « Faire face à l’Histoire ».  La réflexion menée par Isabelle Coutant est précieuse et inédite car elle éclaire une population méconnue dans la triangulation des acteurs du drame migratoire, la dernière : migrants, gouvernants, société civile. Parmi celle-ci, qui sont les individus qui décident d’agir ? Pourquoi le font-ils ? Quels sont leurs profils, leurs motivations ? Comment expliquer la prédominance des femmes dans le soutien aux migrants du lycée ?

De la même manière que le livre de Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky s’attache à cerner une souffrance exacerbée, incandescente, mais qui, à des degrés moindres, se retrouve chez tous les migrants, l’ouvrage d’Isabelle Coutant met en lumière un instinct solidaire dont elle étudie les origines et les traits – réflexe militant, engagement humaniste ou volonté de manipulation -, les forces et les doutes, et qui anime, à des intensités variables, ceux qui s’engagent directement auprès des migrants ou dans la lutte pour un meilleur accueil.  Des portraits : de la fille d’immigrés au bobo installé, de l’artiste au chômeur, de l’anarchiste à l’instit, du militant au bénévole. Des réactions : du souci matériel à la « com’ » provocatrice, de l’enseignement du français au repas chaud, de l’aide administrative à l’utilisation partisane, de l’interprétariat au projet de recherche étudiant. Des regroupements : « La Chapelle en lutte », « Maison des réfugiés », « Commission voisins », « Solidarité Migrants », « Une Chorba pour tous », et les voisines, les mères, les locataires des « barres » jouxtantes, les parents d’élèves… L’enquête permet ainsi d’évaluer les tendances et les composantes d’une mobilisation type quant à la situation migratoire.

Un quartier est une entité urbaine et une réalité sociopolitique, historiquement façonnée, qui fonctionne comme un révélateur de configurations plus larges et, à cet égard, l’ouvrage décrit admirablement les dynamiques d’acceptation ou de rejet qui déchirent les habitants. À cet égard, quel sentiment est-il de mise, optimisme ou pessimisme ? L’humanitaire, pour se transmuer en cause politique, doit se détacher du vécu mais risque alors de le trahir ; il doit aussi abandonner l’investissement local au profit du global, risquant là aussi de négliger l’urgence de besoins élémentaires et d’être accusé d’instrumentalisation de la souffrance. L’histoire de Jean-Carré se termine mal, bagarres, dégradation des conditions sanitaires et  puis l’évacuation, le 23 octobre dès 6 heures du matin avec policiers et une trentaine de bus réquisitionnés.  Tout un chapitre, « Les traces de l’événement »,  est consacré à ce qui est resté de et après l’occupation du lycée, d’autant plus saisissant que nombre d’entretiens mettent en scène des habitants du quartier eux-mêmes exilés ou descendants d’exilés, de même qu’au chapitre suivant les collégiens que rencontrent quatre migrants. Si la situation ne s’est guère améliorée pour les migrants, la vie du quartier Place des Fêtes s’est orientée vers davantage de communication entre les habitants, une reconnaissance mutuelle, des projets à monter. Paradoxe du migrant qui viendrait aider le vécu de l’autochtone sans en profiter car Isabelle Coutant démontre le besoin de « penser l’articulation de deux causes, qui ne sont pas toujours (ou pas pour tous) congruentes : la cause des exilés et la cause d’un quartier » (p. 33).

Mini-Calais, Jean-Quarré n’a pas été un Lampedusa parisien qui aurait acquis la valeur symbolique suffisante pour devenir la référence des luttes auprès des migrants. Un des grands mérites du livre est justement d’aborder l’épisode de l’occupation comme un événement qui ne peut trouver signification que par les élaborations symboliques qu’il permet. Ainsi que le précise Isabelle Coutant : « Le rôle des sciences sociales face à l’événement est d’en constituer les archives, d’en recueillir les multiples récits afin d’établir l’espace des points de vue le concernant et par là-même de restituer à l’événement toute son épaisseur » (p. 210).

Une pluralité narrative destinée à révéler la densité factuelle des processus individuels et sociaux, la littérature peut aisément le revendiquer et Bakhtine n’a pas manqué d’en théoriser la fonction. Ce que vient illustrer Silence du chœur, le roman de Mohamed Mbougar Sarr qui a remporté le Prix de la Porte Dorée 2018, du Musée de l’histoire de l’immigration, et le Prix Littérature monde du Festival « Etonnants voyageurs » 2018.  Raconter le destin de quelques-uns tout en racontant le sort de tous, la littérature a inventé un genre pour cela qui s’appelle l’épopée. On attendait le texte qui viserait et adopterait cette dimension afin de témoigner du drame migratoire contemporain en Europe. Insupportable, « dégueulasse » comme a eu le courage de le nommer notre prix Nobel Le Clézio, on pouvait penser qu’il était trop tôt pour que la littérature en assume le récit au prétexte que les événements tragiques demandent du temps afin que la conscience, individuelle ou collective, en prenne la mesure. C’est oublier qu’un événement de ce type, la shoah, avait produit, autant dans les années de sa perpétuation qu’aussitôt après, des textes, testimoniaux mais aussi littéraires, et que seule la culpabilité européenne ne les a pas accueillis comme il se devait.

Ce livre à la hauteur du drame qui, tout en étant au plus proche des souffrances, adopterait la distance morale indispensable à en restituer l’ampleur et la gravité, cette épopée, la voici, Silence du chœur. Une petite ville sicilienne, 72 hommes migrants, africains, y sont accueillis. « Le moment d’où toute la beauté – mais aussi tout le malheur – de l’histoire avait surgi se répétait : des hommes en rencontraient d’autres » (p. 55). Accueillis ? La matière du livre est précisément d’étudier, de scruter, de disséquer la nature de cet accueil qui va de l’acceptation pleine et généreuse au refus violent et vénéneux. Là où la psychologie et la psychologie sociale interrogent la migration, la littérature, en ce livre, y répond. Toute une série de personnages – du médecin au curé, de la travailleuse sociale au poète, du maire à l’interprète –, campés avec justesse et conviction, incarnent les attitudes possibles au long d’épisodes qui tiennent constante l’attention du lecteur. Pluralité des perspectives qui ôte à ce roman le pathos, déplaisant et stérile, que souvent attire le récit du drame migratoire.

Certaines scènes sont très violentes, d’autres d’une tendresse réconfortante, certains passages s’offrent en digressions méditatives ou philosophiques – le travail d’écriture est remarquable et révèle une maîtrise stupéfiante pour un jeune auteur. Descriptions, analyses, aphorismes, le lecteur suit avec délice la voix du romancier qui lui offre une incroyable diversité stylistique : récit romanesque, chronique, journal intime, dialogue théâtral, discours ou sermon, article de presse… On pense beaucoup à Camus, on pense parfois à des auteurs d’Europe centrale tels que Joseph Roth. La migration n’est pas expliquée, elle est montrée telle une expérience humaine, de celles dont la littérature est apte à pouvoir rendre compte, telle une évidence pour l’Europe, et telle une facette de la condition humaine.

Dans la rhétorique classique, l’épopée allait de pair avec l’allégorie. Chœur du silence n’y déroge pas. Sous peine de dévoiler la fin époustouflante du roman, on cachera de quelle figure allégorique il s’agit, mais elle prend une importance qui marque le lecteur profondément et qui possède la potentialité de s’inscrire durablement dans notre représentation et notre compréhension du phénomène migratoire contemporain. Avec le livre de Mohamed Mbougar Sarr, nous avons l’équivalent d’un Voyage au bout de la nuit du migrant.

Cédric Herrou vient de susciter l’ire de la droite par la photographie de son doigt d’honneur sur la tapis du Festival de Cannes, en nœud papillon (qui l’eût cru ?) et accompagné de migrants. À qui le geste (partagé par ceux qui l’entouraient) était-il adressé ? Aux photographes, aux bien-pensants, aux hypocrites, aux politiques, à l’industrie du spectacle ? Qu’importe. La provocation est nécessaire et n’a rien de gratuit en la circonstance. Les migrants sont là – comme Herrou à Cannes –, qu’on le veuille ou non, et ils resteront et ils seront rejoints par d’autres. Il faut apprendre à les connaître. À les voir, à les entendre.

 

Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, La voix de ceux qui crient. Rencontre avec des demandeurs d’asile, Albin Michel, 2018.

Juliette Kahane, Jours d’exil, Une saison au lycée Jean-Quarré, Éditions de l’Olivier, 2017.

Isabelle Coutant, Les migrants en bas de chez soi, Seuil, 2018.

Mohamed Mbougar Sarr, Silence du chœur, Présence Africaine, 2017.


Alexis Nouss

Critique, Professeur en littérature générale et comparée