Théâtre

HATE, Laetitia Dosch : Liberté, Égalité, Animalité

Critique

Avec cette « tentative de duo avec un cheval », Laetitia Dosch revient sur scène pour un troisième spectacle, intime et audacieux, qu’elle interprète et dont elle signe la mise en scène. Pour lutter contre le cynisme et le nihilisme qui nous guettent, elle prend le parti des animaux et du rire, avec force et fragilité. L’ensemble est un cri du cœur et une déclaration d’amour au théâtre et à ses possibles.

Dans un court texte aux accents désespérés, Stig Dagerman soutenait que « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier ». Si Laetitia Dosch partage ce cri du cœur, elle a pris le parti de la joie malgré tout, cette joie que son prénom annonce déjà comme un étendard. Lutter contre son désespoir dans les grandes lignes et les petits recoins, contre les coups de mou et l’amour qui fait la moue, trouver de la poésie malgré tout, voilà le programme. Dans un monde dépourvu de foi, où la vie est condamnée à une errance absurde vers une mort certaine, où l’on ne nous a légué ni « la fureur bien déguisée du sceptique », ni « les ruses de Sioux du rationaliste ou la candeur ardente de l’athée » (Dagerman), mais bien plutôt un monde desaxé qui nous laisse sans repères auxquels s’arrimer, cela relève d’une forme de courage, sinon naïf, du moins consolateur.

Laetitia Dosch incarnait dernièrement la « jeune femme » éponyme du film de Léonor Serraille : elle tend à représenter cette génération de trentenaires un brin paumées, un pied dans l’adulescence, qui se débattent dans leurs désirs contradictoires, et essayent de trouver un sens dans le tamis de leur existence. Elle regarde autour d’elle, avec l’envie de combattre nihilisme et cynisme, mais rien ne peut repousser le désarroi, qui ne la laisse pas pour autant désarmée : dans HATE, la comédienne brandit une épée, tout à la fois arme et jouet de l’enfant sauvage, pour pourfendre la morosité. Elle trouve surtout du réconfort auprès de Corazón, un cheval doux et tranquille qui l’accompage sur scène dans cette « tentative de duo », elle qui avait préféré les solos dans ces deux précédents spectacles, Laetitia fait péter… et Un album (déjà co-écrit avec Yuval Rozman).

Car avec ce spectacle tout à la fois touchant et casse-gueule, Laetitia Dosch cherche une nouvelle relation à l’autre, et trouve une équité avec l’équidé.

Une scène, un cheval, une femme. Une femme à fleur de peau, peau diaphane, qui devient membrane vibran


Ysé Sorel

Critique