Littérature

Une autre Pologne : à propos des Livres de Jakób d’Olga Tokarczuk

Enseignante-chercheuse en littérature

Enfin traduit en français, l’opus magnum d’Olga Tokarczuk, Les Livres de Jakòb, prend la forme d’un périple de plusieurs milliers de kilomètres au cœur de trois grandes religions. Nourrie par d’abondantes recherches historiques, l’histoire de Jakob – héros ambivalent en décalage avec son temps, fondateur d’une certaine conscience polonaise – apparaît fondamentalement comme l’histoire de l’altérité.

En 2014 paraît en Pologne le roman d’Olga Tokarczuk, Les Livres de Jakób ou le grand voyage à travers sept frontières, cinq langues, trois grandes religions…. [1]. Le titre, qui se déploie à la manière baroque sur toute la page de garde, annonce déjà cette entreprise de démesure : douze livres, plus d’un millier de pages, six années de travail de recherches et d’écriture, récompensées par le prestigieux prix Nike (Goncourt polonais) en 2015, déclenchant en Pologne un débat dépassant des enjeux littéraires, mais couronné aussi, en 2018, par le prix de Jan Michalski (fondation suisse), une nomination au prix Femina, une mise en scène dans un théâtre varsovien [2]

Bref, un livre qui n’est passé inaperçu, ni en Pologne, ni à l’étranger. Olga Tokarczuk (née en 1962) fait partie des auteurs polonais relativement bien connus en France. Cinq de ses romans ont déjà été traduits : Dieu, le temps, les hommes et les angesMaison de jour, maison de nuit, Récits ultimes, Les Pérégrins, (Prix Man Booker international 2018) et Sur les ossements, des morts, (un roman policier qui a inspiré le film d’Agnieszka Holland, Spoor, 2017). Les Livres de Jakób constituent son opus magnum, non seulement par leur ampleur mais aussi par le prolongement de certains thèmes présents dans ses livres précédents : temps, histoire, voyage, quêtes identitaires et transgressives, déplaçant cette fois le questionnement de l’individuel vers le collectif.

L’endroit du décor : le XVIIIesiècle polonais dans l’imaginaire collectif

Cet ambitieux roman, recouvre un demi-siècle de l’histoire polonaise dans la deuxième moitié du XVIIIe. Il s’agit d’une période particulière, associée à l’affaiblissement économique du pays, dévasté par les guerres du XVIIesiècle (avec la Suède, la Russie, la Turquie, les Cosaques), l’anarchie politique, et une « longue nuit » dans le domaine culturel qui précède les Lumières, venues de France, et qui rayonnent en Pologne dès les années 1740 autour des grands centres comme Varsovie, Cracovie ou Vilnius. Le renouveau culturel et les réformes introduites durant le règne du dernier roi polonais, Stanislas August Poniatowski, n’empêcheront cependant pas l’ingérence voisine qui conduira au partage du pays entre la Russie, la Prusse et l’Autriche (en 1772, 1793 et 1795). Mais dans les provinces reculées, on est encore à l’ère du baroque qui s’étiole, accompagné d’un sentiment de fin d’un monde. La Respublica des deux Nations – c’est ainsi qu’on appelle ce pays issu de l’union entre la Pologne et la Lituanie – n’est grande désormais que par sa taille géographique.

Tel est en tout cas l’image ancrée dans l’imaginaire collectif polonais, une image créée pour une part par des romans historiques de Henryk Sienkiewicz, narrant les exploits guerriers des Polonais au XVIIesiècle, ou ceux de Józef Ignacy Kraszewski, présentant le règne des rois de Saxe, August II et August III (1697-1763). Tous ces romans, écrits au XIXesiècle, dans le contexte d’une Pologne partagée, évoquent son passé de liberté afin de « réconforter les cœurs ». La culture polonaise qui s’en dégage est toujours nobiliaire, héroïque et masculine ; elle est aussi presque exclusivement polonophone, reproduisant ainsi la vision dix-neuvièmiste de l’État-nation.

L’envers du décor : « Est-ce que quelqu’un parle polonais par ici ! »

Après la parution des Livres de Jakób, un critique polonais a qualifié Tokarczuk de « Sienkiewicz à rebours ». Elle a répondu en évoquant l’image d’un tapis, dont on connaît bien le dessin à l’endroit, mais dont l’envers est totalement ignoré. Pour s’opposer au cliché d’une philosophie des Lumières véhiculée d’ouest en est, elle place le début de son roman à l’extrême sud-est de la Pologne, à Korolówka (Korolivka), jouxtant les territoires sous domination turque, et même à Smyrne (Izmir), pour suivre, dans un sens opposé, une pensée qui progresse, rassemblant des plus en plus de disciples, passant par Czestochowa, Varsovie, Brno, jusqu’à Offenbach-sur-Main (lieu de refuge d’huguenots français) et, enfin, Paris, avec le martyr de Junius Frey. Tokarczuk, se glisse ainsi dans une brèche temporelle et spatiale, prenant comme point de départ un no man’s land de l’imaginaire collectif polonais, la Podolie, loin du centre, qui deviendra pourtant un centre tout autre, mystérieux, inconnu et fascinant, puis traverse à rebours des lieux bien connus, comme Częstochowa, fief du catholicisme polonais, qui deviendra pendant quatorze années, le centre d’une hérésie juive.

Les Polonais connaissent la Podolie comme lieu du soulèvement, en 1648, des Cosaques de Bohdan Khmelnytsky. Tokarczuk nous montre que le souvenir de massacres y est encore très prégnant plus d’un siècle plus tard. Mais ce qui est surtout nouveau dans son regard, marqué par la conscience du XXIesiècle, enrichi par des travaux d’historiens contemporains, notamment des études postcoloniales, est l’élargissement de sa perspective. Ses héros, personnages historiques et imaginaires, ne sont plus uniquement des Polonais, émissaires de la Vierge Noire de Częstochowa, s’opposant aux envahisseurs venus de l’Est, sa Pologne est plus complexe. Un de premiers chapitres du Livre 1 (Du brouillard) s’ouvre sur une scène où un carrosse, transportant une vieille dame souffrante, palatine de Kamieniec Podolski (de domo Potocka, famille possédant à l’époque les territoires équivalant à un tiers de l’Ukraine actuelle), s’embourbe et casse son ressort, en plein milieu d’une foire dans le village de Rohatyn. Sa dame de compagnie, Madame Drużbacka, poétesse baroque oubliée, va chercher de l’aide au milieu de la foule, où on lui répond en ruthène, yiddish, turc, arménien.

« Est-ce que quelqu’un parle polonais par ici ! » lance-t-elle, furieuse contre cette foule autour d’elle et furieuse de se trouver là.

A priori, c’est toujours la Pologne…

Telle est la Respublica polonaise au XVIIIesiècle chez Tokarczuk : il y a non seulement une multitude de confessions, de cultures et de langues. L’auteure réserve aussi une place importante aux oubliés du mainstream de l’historiographie polonaise : à la femme, entièrement tributaire à l’époque de l’homme, au paysan, rattaché à la terre de son maître et voué au servage, au Juif, tout en bas de l’échelle sociale, sans droits ni lois pour le défendre. Nous sommes pourtant dans ce Polin mythique, terre promise des Juifs errants, bien avant la Shoah et les pogroms des XIXeet XXesiècles. Et c’est bien la communauté juive qui prend le devant de la scène dans ce roman, avec une organisation complexe et des liens tout aussi compliqués avec d’autres habitants de la Podolie.

Épopée, livre historique, roman mystique

Tokarczuk, avant de nous livrer son opus magnum, est passée par six années de recherches dans des bibliothèques et archives, rassemblant une multitude de documents : lettres, documents officiels, mémoires, travaux d’historiens, mais aussi en glanant un important volet iconographique. Elle a fait également des voyages dans les lieux où elle place l’action de son livre, de la Turquie et l’Ukraine jusqu’en Allemagne, à la recherche de microtraces matérielles du passé, n’y trouvant le plus souvent que déception, rien qui pourrait accrocher la mémoire, hormis la visite dans la mystérieuse grotte dite Optimiste ou Labyrinthe (la plus longue cavité en Europe, avec quelques 230 kms de long) près de Korolówka, où son personnage vit une révélation mystique. Ces travaux de terrain, menés par Tokarczuk – de formation psychologue et non historienne – donnent une ossature solide au livre, où plusieurs voix s’entremêlent : des documents authentiques, complétés selon la méthode des conjectures, comme le précise le titre du roman, par des éléments imaginés. Passionnée par l’école française de la « Nouvelle Histoire », Tokarczuk affectionne des micro-histoires, le quotidien du XVIIIesiècle qui produit sur le lecteur l’effet d’un réalisme magique, sensuel et concret.

Comment se retrouver alors dans cette multitude d’histoires ? Comment ne pas confondre les personnages, d’autant que nombre d’entre eux changent de nom ? Pour éviter les confusions dans ce qu’elle-même a imaginé lors de l’écriture, Tokarczuk, a pris des notes sur un rouleau de papier kraft long de 15 mètres, dessinant une véritable cartographie de son roman, créant ainsi une écriture que je qualifierais de panoramique. Pour dominer ce panorama, une narration auctorielle, omnisciente et omniprésente, lui a semblé insuffisante. Elle a donc rajouté un narrateur secondaire Nahman Samuel ben Levi, rabbin de Busk qui, sous forme de « reliquats », raconte certaines histoires ; puis le personnage de Ienta, la grand-mère du protagoniste qui, plongée dans un état léthargique, suspendue entre la vie et la mort, recouvre l’ensemble des récits, avec des analepses – sa propre enfance au milieu du XVIIesiècle – et des prolepses allant jusqu’aux XXesiècle. Elle incarne la figure que Tokarczuk appelle la « narration à la quatrième personne ».

Nous obtenons ainsi un livre-objet très particulier, numéroté à rebours, pour rendre hommage à l’écriture hébraïque, mais aussi pour remettre en question l’ordre établi, nous donnant ainsi des suppositions, des questions et des « conjectures », un monde imaginé au conditionnel, même si Tokarczuk choisit de raconter la trame principale au présent. Mais quelle est donc cette trame ? Et qui est son protagoniste ?

Jakób Frank : personnage fascinant et malcommode

Après ce jeu de retardement, caractérisant aussi le roman de Tokarczuk, il est temps de présenter Jacob Joseph Frank (en polonais Jakub JózefFrank, né Jakub Lejbowicz [3]), un personnage entouré d’une aura de mystère, méconnu et rejeté par toutes les religions. Les Juifs l’excommunient et voient en lui un traître, les catholiques s’aperçoivent assez vite que sa conversion est factice et l’emprisonnent dans le monastère de Częstochowa, puis effacent l’histoire ce personnage malcommode (Tokarczuk a en vain cherché une évocation quelconque dans l’histoire du sanctuaire de la Vierge Noire). Le musée Polin de Varsovie, ouvert en 2014, consacré à l’histoire millénaire des Juifs polonais, ne laisse à Jacob Frank qu’une place marginale dans la salle consacrée à la culture juive au XVIIIesiècle.

Et pourtant il s’agit de quelqu’un qui a marqué la deuxième moitié du XVIIIesiècle et bien au-delà.  Né à Korolówkaen 1726, il meurt en 1791 à Offenbach-sur-le-Main. Sa famille quitte en 1730 le territoire de la Pologne pour s’installer en Moldavie, où le jeune Jakób est séduit par les messianismes et le rejet du Talmud. Il parcourt l’Empire Ottoman comme marchand, et développe peu à peu sa doctrine. Dans le sillage de Sabbataï Tsevi, Jakób se proclame Messie et crée une secte, appelée frankistes (de son nom d’emprunt, signifiant étranger), dont les préceptes restent assez obscurs jusqu’à aujourd’hui. Dès son retour en Podolie en 1755, il gagne de nombreux adeptes qui le suivront dans son voyage. L’un des principes développés par Frank est son rapport utilitaire de la religion. Selon lui, la foi est comme une « chaussure » que l’on adapte au terrain sur lequel on évolue : changer de religion n’est donc pas seulement possible mais souhaitable pour approcher Dieu. Frank se convertit tout d’abord à l’islam, puis, entouré déjà par plusieurs milliers de disciples [4], il reçoit le baptême en 1759 à Lvov, est confirmé à Varsovie avec, comme parrain, rien de moins que le roi polonais, August III en personne. On suppose qu’à un moment de sa vie, Jakób quitte le catholicisme pour la foi orthodoxe.

Tokarczuk avoue avoir une véritable fascination pour ce personnage qu’elle admire pour son charisme, son amour de liberté et l’audace de créer une hérésie dans une langue qui par essence serait orthodoxe [5]. Il est pour elle l’incarnation de l’altérité, celui qui a érigé une véritable philosophie de la Différence : être frankiste signifie être étranger, constamment en quête, même si la communauté s’établit à Offenbach finalement.

L’auteure des Livres de Jakób reconnaît cependant qu’il s’agit d’un personnage ambigu qui a suivi durant sa vie une évolution forte : entre mystique idéaliste, créateur d’utopie, et homme politique pragmatique, le point de rupture étant son passage dans la captivité au monastère de la Vierge Noir. En tant que romancière, Tokarczuk essaie toujours de rentrer dans le monde intérieur de ses personnages. Or, elle avoue que cela était impossible dans le cas de Jakób, tant sa personnalité reste inclassable. Le protagoniste ne sera jamais présenté directement par le narrateur omniscient, le récit le concernant est toujours délégué à d’autres voix narratives.

Outre le traitement pragmatique de différentes confessions, Jakób remet en question la véracité du décalogue (celui transmis par Dieu à Moïse aurait été brisé en mille morceaux, et à sa place serait proposé le décalogue conçu par Moïse) et préconise, pour atteindre le véritable message de Dieu, de transgresser les dix commandements. Cela se traduit surtout par les mœurs débridées des frankistes qui vivent dans des Havourah, qui rappellent étrangement des campements d’hippies du XXesiècle. Les pratiques sexuelles de celui que les adeptes appellent Saint Maître, surtout vers la fin de sa vie, constituent aussi un frein à la sympathie de l’écrivaine vis-à-vis de son personnage.

Comment comprendre par ailleurs la décision de Frank d’accuser ses confrères Juifs de meurtres rituels commis sur les enfants chrétiens ? Cette même accusation apparaît une autre fois dans le livre, mais elle vient de Kajetan Sołtyk, l’évêque de Kiev qui, épris des jeux de cartes, met en gage ses insignes épiscopaux auprès des Juifs de Żytomierz. Incapable de les rembourser, il trouve ce moyen pour se sortir d’une situation délicate. Dans le cas de Jakób, le recours à cette pratique est encore plus révoltant. La légende qui présente, partout en Europe, des meurtres rituels, prétendument commis par les Juifs, a fait par ailleurs débat en Pologne ces dernières années, suite notamment aux travaux de Joanna Tokarska-Bakir [6]. L’utilisation par Olga Tokarczuk d’études de cette anthropologue dans la construction de son roman n’était pas du goût de tous les lecteurs polonais.

Les frankistes et le paradigme identitaire polonais

Après avoir laissé la parole à la Gazette de Voss décrivant les funérailles de Jakób Frank comme celles d’un « autre Dalaï-Lama », Tokarczuk évoque les destins de ses disciples : sa fille, Ewa, qui reprend la tête du mouvement, mais aussi toute une classe de bourgeoisie et d’intelligentsia polonaise, établie à Paris et participant à la création de la Grande Émigration polonaise au XIXesiècle, ou en Pologne, où ils sont propriétaires de manufactures, médecins, avocats, ingénieurs, artistes mais aussi de grands patriotes, participant aux deux insurrections (de 1830 et 1863). Parmi les descendants des frankistes, on retrouve également Celina Szymanowska, la femme du grand poète romantique polonais, Adam Mickiewicz. Comme le démontrent les travaux de Maria Janion [7], Mickiewicz doit beaucoup aux frankistes dans sa propre conception messianique, fondamentale pour l’identité nationale polonaise dans la deuxième moitié du XIXesiècle et au-delà : un véritable paradigme structurant la culture polonaise jusqu’à nos jours.

Apprécier l’apport des frankistes au sein-même de la polonité, n’est pas du goût de tous. Après l’attribution du prix Nike, Tokarczuk a été prise pour cible d’attaques, allant jusqu’aux menaces de mort et demandes de la privation de la citoyenneté d’honneur de son village Nowa Ruda, en Silésie. La réception de ce livre a été révélatrice d’un clivage profond dans la société polonaise et a montré à quel point ces zones d’ombre de l’histoire, vieille de 250 ans, sont toujours capables d’éveiller des passions. Le lecteur français, loin de ces débats identitaires houleux, appréciera surtout un excellent roman, capable de saisir et de tenir en haleine un millier de pages durant. Il reste à saluer l’excellente traduction de Maryla Laurent, chercheuse en littérature polonaise à l’université de Lille, qui a su s’entourer d’une équipe de spécialistes des différents domaines que le roman aborde. Un chantier de traduction à la (dé)mesure de celui de l’écriture, pour le plaisir de la lecture.

 

Olga Tokarczuk, Les Livres de Jakób, Noir sur Blanc, octobre 2018.


[1] Traduction française de Maryla Laurent, éditions Noir sur Blanc, octobre 2018.

[2] Teatr Powszechny à Varsovie, depuis le 13 mai 2016, mise en scène d’Ewelina Marciniak.

[3] La traductrice choisit l’orthographe polonaise ancienne pour garder la couleur locale polonaise, mais aussi pour souligner son caractère unique, car – il est précisé dans le livre – « il a immédiatement pensé à lui-même en tant que ‘‘Jakób’’, il s’est toujours appelé ‘‘Jakób’’ dans ses pensées. Pas un Jacob quelconque, mais le Jakób, l’unique. »

[4] Ils sont près de 6 000 à Varsovie vers 1780, et une dizaine d’années plus tard 24 000 sur tout le territoire polonais.

[5] Tel est le point de vue d’Olga Tokarczuk qui rappelle par ailleurs que la question de langue dans laquelle Frank a conçu sa doctrine fait débat parmi les historiens. La thèse du polonais prévaut cependant.

[6] Joanna Tokarska-Bakir, Légendes du sang, traduit du polonais par Malgorzata Maliszewska, Albin Michel, 2015.

[7] Les travaux de Maria Janion, pourtant passionnants, n’ont pas (encore) été traduits en français.

Kinga Siatkowska-Callebat

Enseignante-chercheuse en littérature, Maître de conférence à Sorbonne Université

Rayonnages

LivresLittérature

Notes

[1] Traduction française de Maryla Laurent, éditions Noir sur Blanc, octobre 2018.

[2] Teatr Powszechny à Varsovie, depuis le 13 mai 2016, mise en scène d’Ewelina Marciniak.

[3] La traductrice choisit l’orthographe polonaise ancienne pour garder la couleur locale polonaise, mais aussi pour souligner son caractère unique, car – il est précisé dans le livre – « il a immédiatement pensé à lui-même en tant que ‘‘Jakób’’, il s’est toujours appelé ‘‘Jakób’’ dans ses pensées. Pas un Jacob quelconque, mais le Jakób, l’unique. »

[4] Ils sont près de 6 000 à Varsovie vers 1780, et une dizaine d’années plus tard 24 000 sur tout le territoire polonais.

[5] Tel est le point de vue d’Olga Tokarczuk qui rappelle par ailleurs que la question de langue dans laquelle Frank a conçu sa doctrine fait débat parmi les historiens. La thèse du polonais prévaut cependant.

[6] Joanna Tokarska-Bakir, Légendes du sang, traduit du polonais par Malgorzata Maliszewska, Albin Michel, 2015.

[7] Les travaux de Maria Janion, pourtant passionnants, n’ont pas (encore) été traduits en français.