Jean-Luc Godard : un essai revisite la période Mao – sur Godard. Inventions d’un cinéma politique de David Faroult

Comme pour Picasso, il est possible de distinguer des « périodes » dans le parcours de Jean-Luc Godard, bien que s’y inscrivent aussi des lignes de cohérence. L’une d’elles tourne autour des années dont Mai 68 est l’épicentre, qui ont vu le cinéaste opter pour le marxisme, se ranger politiquement du côté de l’extrême gauche, et mener une réflexion pour mettre en résonance révolution et cinéma.
C’est sur cette période, lors de laquelle le cinéaste se montre très productif, que David Faroult, maître de conférences en cinéma à l’Ecole nationale Louis-Lumière, a choisi de porter son travail de chercheur, dont le livre qu’il publie est le fruit longuement mûri : Godard. Inventions d’un cinéma politique. Même si les films de cette époque – qui s’ouvre avec La Chinoise en 1967, et compte notamment Le Gai savoir, British Sounds, Pravda, Vent d’est, Luttes en Italie, Vladimir et Rosa, ainsi que Week end, One + One et Tout va bien – sont facilement accessibles, ce moment de la production godardienne reste méconnu.
Comme le constate l’auteur : « entre basculements de la conjoncture politique et évolutions artistiques, un tournant est constaté a posteriori, mais cette étape communiste de l’évolution de Godard, à bien des égards décisive, demeure peu étudiée par comparaison aux autres, qui pourraient pourtant s’en trouver éclairées ».
C’est qu’elle est aussi considérée avec une certaine condescendance. Exemple : dans la biographie qu’il a consacrée à l’auteur d’À bout de souffle, Jean-Luc Godard, tout est cinéma (2010), Richard Brody écrit : « L’expérience de Godard dans ses années-là, et en particulier l’effort qu’il investit dans la réalisation de ces films, peut être comprise comme un ensemble d’antiscénarios, de scripts de rechange pour des films qui ne se feront pas — et cette expérience s’avère plus importante, du point de vue artistique, que les films eux-mêmes. » Or, loin d’une approche biographique – d’où le peu de lignes consacrées à l’affaire Henri Langlois, et encor