Ne saurait mentir (littérature et migration) – sur trois romans de Melandri, Kumar et Schwartz
Bon sang ne saurait mentir. Malgré la patine de son usage, l’expression crée de l’embarras car elle suppose une qualité, et donc une hiérarchie, des sangs et suggère que par cette distinction biologique, c’est-à-dire involontaire, une qualité morale reposerait sur l’hérédité. Premier accroc. Second accroc : encore faut-il démontrer que le mensonge appartienne au catalogue des vices et péchés. Ne dépend-il pas des circonstances, en réalité, que le mensonge soit condamnable ou pardonnable ? N’en déplaise à Kant, mentir sous la torture pour ne pas dénoncer un camarade n’a rien d’infamant.
Lorsqu’un migrant, par exemple, ment pour échapper à son destin d’errance en produisant un récit qu’il devine acceptable pour le fonctionnaire de l’OFPRA qui l’interroge et cherche à contrôler la vérité du dossier déposé, va-t-on l’en blâmer ? Toute personne ayant traversé un état traumatique construit de même une narration de son passé évitant les épisodes obscurs. Ce n’est pas la littérature qui s’en offusque...
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