Grève à la Bourse – sur « Strike » de Lee Lozano
«I have no identity. I have an approximative mathematical identity. I had several names. […] I will make myself empty to receive cosmic info. I will renounce the artist’s ego, the supreme test without which battle a human could not become “of knowledge”. I will be a human first, artist second », écrivit Lee Lozano en 1971. Il n’y a pas deux artistes comme Lee Lozano, qui soit si exigeante avec l’art, avec l’idée qu’on peut s’en faire, si dure – par contre – avec le monde de l’art tel qu’il était, si prête à l’abandonner, si prête à disparaître.

Peintre majeure de la scène new-yorkaise des années 60, la Bourse de commerce lui offre sa première exposition en France cet automne en proposant une réadaptation de l’exposition « Strike » conçue par les deux commissaires italiennes Sarah Cosulich et Lucrezia Calabro Visconti, et présentée au printemps dernier à la Pinacoteca Agnelli à Turin. Bien que Lee Lozano soit désormais davantage célèbre pour ses œuvres conceptuelles – notamment “General Strike Piece” créée en 1969 où elle commença à prendre ses distances avec le monde de l’art jusqu’à son abandon total en 1972 – l’exposition présentée à la Bourse de Commerce revient surtout sur son œuvre protéiforme. L’exposition fait notamment la part belle aux dessins et peintures de Lozano, présentant tout d’abord sa production figurative avec les « Tools », puis ses dernières peintures transcendantales, les « Wave Paintings ». « Strike » ambitionne donc d’envisager l’œuvre de cette artiste unique depuis les points de ruptures formelles.
Lee Lozano : on « strike »
Rares sont les artistes qui furent comme Lee Lozano aussi incisive, aussi véhémente vis-à-vis du patriarcat, du capitalisme, de l’exploitation marchande des corps, de la vente d’armes, de l’Amérique et du système patriarcal – phallocentrique comme l’on disait à l’époque. Elle est parmi les pionnières, mais une pionnière vindicative, qui n’a pas cherché de solution ni d’écoute, du moins face aux problèmes systém