Politique culturelle

Eric Dumas, Marie-Aube Ruault & Benoît Virot : « La chaîne du livre ressemble à la corde du pendu »

Journaliste, Journaliste

C’est au moment où elles avaient baissé leur rideau qu’il aura été le plus question des librairies dans les médias. Cet arrêt forcé, dont les conséquences seront rudes, aura néanmoins permis à certains libraires de penser à l’avenir, en se rapprochant notamment de certains éditeurs pour dessiner un projet commun. Objectif : se redonner des marges de manœuvre dans un secteur de plus en plus alourdi par la concentration et la surproduction. Entretien avec deux libraires et un éditeur.

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Rarement les libraires auront suscité autant d’attention médiatique qu’au temps du confinement, c’est-à-dire au moment même où elles étaient fermées… Si elle a mis en péril la santé économique de bon nombre de leurs très petites entreprises d’un genre particulier, cette trève imposée fut aussi pour certains libraires l’occasion de prendre le temps de réfléchir aux problèmes récurrents qu’ils rencontrent et, mieux encore, au-delà du diagnostic posé depuis fort longtemps, d’esquisser des solutions. Non pas seuls mais en dialogue étroit, ce qui est très rare, avec d’autres acteurs de ce qu’on appelle « la chaîne du livre », à commencer par les éditeurs indépendants. Geste historique, cette semaine libraires et éditeurs ont joint leurs efforts en publiant un manifeste intitulé « Pas de date de péremption pour le livre » et deux tribunes qui se rejoignent sur le site du Monde. À l’initiative côté éditeurs, Benoît Virot, fondateur du Nouvel Attila, et côté libraires le réseau Librairies du Sud, notamment son président Eric Dumas (Lettres vives, à Tarascon) et l’une des ses collègues Marie-Aube Ruault (La Carline, à Forcalquier). Nous leur avons proposé de prolonger l’échange dans les colonnes d’AOC. SB & CM.

Des éditeurs et des libraires, dont vous faites partie, viennent de lancer une vaste initiative commune sous le titre « Pas de date de péremption pour le livre ». Cela ne s’était vraiment jamais vu depuis la pétition lancée dès 1977 par le directeur des éditions de Minuit, Jérôme Lindon, pour un prix unique ?
Benoît Virot : Nous avons vérifié auprès de pas mal d’historiens et de vieux routiers du livre, nous n’avons pas trouvé d’équivalent. Même au plus fort du démantèlement de Vivendi (VUP), ou de la loi sur le droit de prêt en bibliothèque, où l’on avait surtout entendu des éditeurs… ou plus récemment dans l’affaire Marco Koskas (un auteur auto-édité sélectionné pour le Prix Renaudot), pour laquelle seuls des libraires avaient réagi. ll faut dire qu&rsquo


Sylvain Bourmeau

Journaliste, directeur d'AOC

Cécile Moscovitz

Journaliste, Secrétaire générale de la rédaction d'AOC