Éducation

 Université, une réforme injuste et inefficace

économiste

Dans les universités, les blocus se multiplient pour s’opposer à la mise en œuvre d’une loi « Orientation et Réussite des Étudiants » (ORE) en totale inadéquation avec les réalités de l’enseignement supérieur. Alors même qu’il prétend porter « l’esprit des Lumières », le président Macron n’entend pas augmenter les trop faibles moyens alloués à l’enseignement supérieur, perpétuant ainsi durablement les inégalités et la reproduction sociale.

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Il n’est pas de politique sans volonté d’écrire l’avenir. Aussi, surtout lorsque l’on se gargarise, comme le fait le président de la République, de porter « l’esprit des Lumières », faut-il faire de l’enseignement supérieur une priorité de son action et avoir pour ce secteur une immense ambition. De multiples arguments convergent ici, rappelons les principaux. Ce secteur concerne en effet aujourd’hui plus d’un jeune sur deux, en réalité bien plus même puisque 80 % d’une classe d’âge est titulaire du baccalauréat, le « premier diplôme » de l’enseignement supérieur, et que pour tous se posent donc la question de la poursuite des études. S’il existe peu de consensus parmi les économistes, il en existe un pour dire que l’éducation en général, et l’enseignement supérieur en particulier, constituent des moteurs essentiels du dynamisme économique et de la création d’emplois. Autre point d’accord, la révolution des nouvelles technologies va entraîner une polarisation des emplois futurs entre les deux extrêmes des niveaux de qualification, même si les incertitudes persistent sur l’ampleur des suppressions d’emplois à venir. Quoi qu’il en soit, il y a nécessité pour un pays comme le nôtre de faire de l’accroissement de son niveau de qualification et de formation une priorité majeure de l’action politique.

Dans le marché du travail de demain où, plus encore qu’aujourd’hui, les carrières n’auront plus grand-chose à voir avec un chemin rectiligne, mais seront faites de mobilités, de ruptures et de transitions, il n’est pas de meilleure protection pour chacun qu’un niveau élevé de formation initiale afin de pouvoir rebondir et repartir. Parmi les multiples défis qui se dressent aujourd’hui face à nous, assurer la transition écologique et la transformation de notre modèle de consommation et de production est probablement le plus important, y faire face nécessitera des compétences et des qualifications nouvelles que l’enseignement supérieur se doit de fournir. Au-delà,


[1] Pour tordre le cou à cette idée, il suffit par exemple de regarder les taux d’insertion des diplômés ici.

[2] Voir également le blog de Thomas Piketty.

[3] Notons en outre que la ministre n’hésite pas à utiliser la caricature, voire les fake news : c’est notamment le cas lorsqu’elle déclare dans un tweet que « seuls 30 % des étudiants réussissent à l’université », quand ce chiffre correspond aux étudiants inscrits initialement et qui réussissent une licence en 3 ans ! Sur les taux de réussite à l’université, voir aussi Thomas Piketty.

 

Isabelle This Saint-Jean

économiste, Professeure à l'université Sorbonne Paris-Nord

Notes

[1] Pour tordre le cou à cette idée, il suffit par exemple de regarder les taux d’insertion des diplômés ici.

[2] Voir également le blog de Thomas Piketty.

[3] Notons en outre que la ministre n’hésite pas à utiliser la caricature, voire les fake news : c’est notamment le cas lorsqu’elle déclare dans un tweet que « seuls 30 % des étudiants réussissent à l’université », quand ce chiffre correspond aux étudiants inscrits initialement et qui réussissent une licence en 3 ans ! Sur les taux de réussite à l’université, voir aussi Thomas Piketty.