Université, une réforme injuste et inefficace
Il n’est pas de politique sans volonté d’écrire l’avenir. Aussi, surtout lorsque l’on se gargarise, comme le fait le président de la République, de porter « l’esprit des Lumières », faut-il faire de l’enseignement supérieur une priorité de son action et avoir pour ce secteur une immense ambition. De multiples arguments convergent ici, rappelons les principaux. Ce secteur concerne en effet aujourd’hui plus d’un jeune sur deux, en réalité bien plus même puisque 80 % d’une classe d’âge est titulaire du baccalauréat, le « premier diplôme » de l’enseignement supérieur, et que pour tous se posent donc la question de la poursuite des études. S’il existe peu de consensus parmi les économistes, il en existe un pour dire que l’éducation en général, et l’enseignement supérieur en particulier, constituent des moteurs essentiels du dynamisme économique et de la création d’emplois. Autre point d’accord, la révolution des nouvelles technologies va entraîner une polarisation des emplois futurs entre les deux extrêmes des niveaux de qualification, même si les incertitudes persistent sur l’ampleur des suppressions d’emplois à venir. Quoi qu’il en soit, il y a nécessité pour un pays comme le nôtre de faire de l’accroissement de son niveau de qualification et de formation une priorité majeure de l’action politique.
Dans le marché du travail de demain où, plus encore qu’aujourd’hui, les carrières n’auront plus grand-chose à voir avec un chemin rectiligne, mais seront faites de mobilités, de ruptures et de transitions, il n’est pas de meilleure protection pour chacun qu’un niveau élevé de formation initiale afin de pouvoir rebondir et repartir. Parmi les multiples défis qui se dressent aujourd’hui face à nous, assurer la transition écologique et la transformation de notre modèle de consommation et de production est probablement le plus important, y faire face nécessitera des compétences et des qualifications nouvelles que l’enseignement supérieur se doit de fournir. Au-delà,